Pas de « baisse des postes » aux concours ?
M. Bayrou annonce qu’il n’y aura « pas de baisse des postes mis au concours pour le recrutement » des enseignant·es. Toutefois, les chiffres de postes ouverts en 2025 sont en baisse par rapport à la session 2024 et en chute de plus 33 % par rapport à la session 2017. Nous invitons donc le Premier Ministre à corriger dès à présent à la hausse le nombre de postes ouverts pour qu’il soit en accord avec ses annonces.
Après des années de paupérisation des enseignant·es, de dégradation des conditions de travail avec notamment l’augmentation du nombre d’élèves par classe, d’attaques contre l’entrée dans le métier qui se fait désormais à temps plein pour la majorité des lauréat·es, M. Bayrou s’étonne : « Nous n’arrivons pas à recruter, les postes que nous affichons sont des postes théoriques qui ne sont pas remplis par les candidat·es aux concours. »
Il déclare également aux députés être prêt à discuter « à la définition d’une politique d’attractivité du métier d’enseignant » pour répondre à la pénurie aux concours. Le SNES-FSU est prêt à répondre positivement à cette invitation.
Pour le SNES-FSU, il faut une revalorisation salariale massive pour créer un choc d’attractivité doublée d’une baisse du nombre d’élèves par classe pour que la France ne soit plus championne de l’UE des classes les plus chargées comme le rappelait l’étude de la DEPP en 2022. C’est bien « le niveau de salaire insuffisant », « les conditions de travail/difficultés au quotidien » et le « manque de reconnaissance du métier d’enseignant » qui constituent, chez les étudiant·es, les trois principaux facteurs de rejet du métier d’enseignant·e (Ipsos – Facteurs d’attractivité ou de rejet du métier enseignant chez les étudiants – Cour des comptes – Mai 2022).
Réforme de la formation initiale
Après Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castéra, Nicole Belloubet et Anne Genetet, dans une forme de jour sans fin, Elisabeth Borne est la cinquième Ministre de l’Éducation nationale en un an à vouloir s’attaquer à la formation initiale avec la même méthode et les mêmes idées. DDans une interview au Parisien (15 janvier 2025), elle déclare vouloir « engager une concertation » sur une réforme de la formation initiale avec « une mise en place à la rentrée 2026 ». Elle indique que « l’une des hypothèses » est « d’ouvrir le concours à bac+3 et de former les professeurs pendant deux années jusqu’à l’obtention de leur master 2 ». Est-ce vraiment une consultation lorsque l’on avance déjà le scénario favori ? De plus, n’est-ce pas un peu ambitieux de remettre sur la table un projet sans cesse repoussé et décrié alors que Mme Borne n’a pas la garantie d’être encore en poste en 2026 ? Ne faudrait-il pas plutôt travailler sur une entrée dans le métier plus progressive, de meilleures conditions de travail, de revalorisation ?
Pour le SNES-FSU, il n’est toujours pas acceptable de déqualifier nos métiers avec un concours pendant l’année de licence 3 (donc avec un niveau universitaire de licence 2 et demi) et de tordre le statut pour affaiblir encore l’entrée dans le métier.
À rebours, pour redonner de l’attractivité au métier et mettre fin à la crise de recrutement, le SNES-FSU propose un tout autre scénario (schématisé ci-après), fondé sur un plan pluriannuel de recrutement, avec le principe de pré-recrutements dès la licence, la diversification des voies d’accès, l’entrée progressive dans le métier qui ne passe ni par le contrat ni par l’emploi des étudiant·es comme moyens d’enseignement, avec une formation après le concours à l’issue du M2, professionnalisante et à l’université :
Ce projet ambitieux (et à la hauteur de la crise de recrutement) répond, par la possibilité de pré-recrutements, à la précarisation des étudiant·es et à la nécessaire démocratisation des recrutements compte tenu de l’état des viviers de candidat·es. Il permet d’entrer plus tôt dans la carrière tout en cotisant et de sécuriser un parcours universitaire jusqu’au bac+5. Il évite le risque d’une formation professionnelle réduite à du mimétisme, du technicisme, des prétendues « bonnes pratiques » et l’écueil d’un parcours de formation qui limiterait la maîtrise disciplinaire au niveau d’une actuelle L3. Il garantit une haute qualification de nos métiers qui renforce l’unité du second degré avec des professeur·es en mesure d’exercer de la sixième au post-bac du lycée.
Pour revaloriser pleinement le métier, le SNES-FSU continue de demander une véritable revalorisation salariale : un début de carrière à hauteur de 2 fois le SMIC, la reconstruction des grilles et la révision de l’indemnité de résidence pour qu’elle prenne en compte la réalité du marché locatif. À terme, le SNES-FSU souhaite la mise en extinction du corps des certifié·es et CPE et leur intégration dans le corps des agrégé·es, l’agrégation revalorisée devenant l’unique niveau de recrutement. Des mesures sociales d’accompagnement des candidat·es durant leurs études jusqu’aux concours doivent également être déployées.