Après avoir prévu mi-avril que les oraux des concours internes auraient lieu à l’automne 2020, le Ministère a annoncé mercredi 27 mai qu’il réfléchissait maintenant à déclarer les résultats d’admission sur la seule foi des épreuves d’admissibilité, mais en limitant le nombre d’admis au nombre de postes prévus. La FSU avait fait adopter en CTM, la semaine précédente, un vœu en faveur de l’admission de tous les admissibles. Pour le SNES-FSU, c’est la seule solution pour ne léser aucun candidat, et c’est une proposition tout à fait réaliste. Pourquoi ?

Concernant les concours internes qui entrent dans le champ de syndicalisation du SNES-FSU (CAPES, CAPET, CPE, Agrégation, Psy-EN EDO), à l’exception de quatre agrégations, dont les résultats d’admissibilité n’ont toujours pas été publiés au désespoir des candidats, tous les autres l’ont été en février ou en mars. Conformément aux usages, les jurys ont déclaré admissibles à peu près deux fois plus de candidats qu’il n’y avait de postes mis aux concours. En somme, en ajoutant les admissibles des quatre concours non publiés, il faudrait recruter, en plus de ce qui était prévu, 2620 enseignants, CPE et Psy-En. On imagine très bien, de fait, les gardiens de l’orthodoxie budgétaire lever les yeux au ciel et s’écrier “2620 de plus, vous n’y pensez pas !“.

Et pourtant si ! On y pense, et plus on réfléchit, moins l’idée semble aberrante. Au regard des besoins des collèges et des lycées, qui seront probablement plus importants encore à la rentrée, recruter davantage cette année est tout à fait raisonnable. Et s’il faut parler chiffres, là encore, ce chiffre de 2620 ne paraît guère excessif. Chaque année, des centaines de postes ouverts aux concours externes ne sont pas pourvus : en 2019, d’après un décompte fait par le SNES-FSU, 750 postes n’avaient pas été pourvus au CAPES Externe. A ce chiffre, il faudrait ajouter le nombre de stagiaires qui démissionnent lors de leur année de stage. D’après une réponse du Ministère à une question écrite d’une sénatrice, Marie-Noëlle Lienemann, en décembre 2019, un peu plus de 350 stagiaires avaient démissionné en 2017-2018. En extrapolant, on peut donc imaginer que sur les 10657 postes aux concours externes du CAPET, de l’Agrégation, du CAPET, du CPE et Psy-EN, plus de mille seront probablement perdus pour les élèves au bout du compte. Cela relativise nettement l’effort à faire, dès maintenant, pour financer le recrutement de tous les admissibles de la session 2020 des concours internes.

D’autant plus qu’entre 2013 et 2018, certains des enseignants non-titulaires ont pu, en application de la loi Sauvadet, prétendre aux concours “réservés”. Ces concours sont fermés depuis, sans pour autant que la précarité ait disparu à l’Éducation nationale, et sans la perspective d’un plan de titularisation que revendique le SNES-FSU . Les contractuels n’ont plus d’autres choix que de passer les concours internes. Refuser malgré les circonstances de recruter tous les admissibles, c’est de ce point de vue particulièrement cruel pour des candidats qui exercent en fait depuis plus de trois ans. Mais il faut aussi invoquer un dernier chiffre, qui devrait faire réfléchir « Bercy » : entre 2013 et 2018, plus de 3300 postes ouverts au CAPES et au CAPET réservés n’ont pas été pourvus. Tout cela laisse finalement pas mal de marge !


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