Le ministre prétend tout faire pour augmenter le vivier des candidats aux concours. Or, il baisse depuis deux ans le nombre de postes offerts. Il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le nombre de postes aux concours de recrutement des enseignants du second degré a baissé de 1560 à la session 2018 puis de 400 en 2019. L’effet est immédiat : depuis deux ans le nombre d’inscrits régresse (– 3,29 % entre les sessions 2017 et 2018, et encore – 7,2 % pour les inscrits bruts entre les sessions 2018 et 2019).
De moins en moins attractifs
Plus de la moitié des inscrits abandonnent avant les écrits, et ce gâchis a des raisons : jobs alimentaires qui empêchent d’étudier, baisse des postes offerts, fermetures de préparations universitaires, le ministre voudrait saboter le recrutement par concours qu’il ne s’y prendrait pas autrement !
Après 677 postes non pourvus aux concours externes du second degré à la session 2018, 747 postes ne l’ont pas été à la session 2019 (228 postes au CAPES externe de mathématiques, 100 à celui d’allemand, 82 à celui de lettres classiques, 122 à celui de sciences physiques). De plus, malgré les demandes incessantes du SNES-FSU de constitution de listes complémentaires dans toutes les disciplines afin de pallier systématiquement les désistements des admis à plusieurs concours et les démissions de l’été, rien n’a été fait. Certes, davantage de listes complémentaires ont été ouvertes, mais on est très loin de ce que les textes prescrivent. Année après année, ce sous-recrutement creuse le déficit de professeurs sur le terrain. À la rentrée 2019, 34 000 élèves supplémentaires entreront dans les établissements du second degré et ils auront moins de professeurs formés pour enseigner. De moins en moins d’étudiants se tournent vers les métiers de l’enseignement sans que le ministre prenne les mesures nécessaires. Le soi-disant prérecrutement (AED prépro) a en fait pour objectif d’utiliser des étudiants comme moyens d’enseignement. De plus, la rémunération de début de carrière est nettement insuffisante pour reconnaître la détention d’un master et les conditions de travail se dégradent chaque année un peu plus. Enfin, la faible considération du ministre pour ses agents décourage des étudiants de passer des concours exigeants.
Si le ministre pense que le recours accru au contrat pourrait être une solution, il se trompe lourdement.
Pour de vrais prérecrutements
Pour le SNES-FSU, il est grand temps, au contraire, de sécuriser la continuité et la qualité du service public d’Éducation dû aux élèves en créant de véritables prérecrutements pour étudier sans
contrepartie de service, en publiant un plan pluriannuel de recrutement, en créant des aides financières pour les étudiants. La rémunération des enseignants, tout particulièrement des débuts de carrière, doit être fortement revalorisée. Il y a urgence !
Alain Billate, article paru dans l’US n°789 du 29 août 2019