Pas de message fort envoyé aux candidats et futurs candidats

La session des concours 2022 s’était soldée par le constat alarmant d’une sérieuse crise de recrutement dans les métiers des enseignements du second degré. Plusieurs milliers de postes non pourvus venaient conclure un quinquennat marqué par une baisse importante du nombre de postes aux concours et par effet domino du nombre d’inscrits aux concours, dont les chiffres avaient été maintenus secrets jusqu’à l’été.

Cette baisse n’aurait pu être qu’un événement conjoncturel lié à la réforme des CAPES et CAPET placés en fin de M2, qui subissaient une « session creuse », avec un vivier partiellement commun aux sessions 2021 et 2022. Mais pour cette session 2023, le report de deux semaines de la fermeture des inscriptions aux concours et les premières communications du nombre d’inscrits montre que le problème est au contraire devenu structurel. Cette année il y aurait 94 250 candidats inscrits aux concours du second degré, soit +3% par rapport à 2022, mais -18,5% par rapport à 2021, session beaucoup plus représentative. Il faudrait également que le nombre de postes soit annoncé avant la fermeture des inscriptions aux concours afin que les candidats aient une vision globale de leur session. Cela permettrait, avec une augmentation conséquente du nombre de postes, de rendre les professions de l’Éducation Nationale plus attractives.

Le SNES-FSU le répète chaque année, il faut un plan pluriannuel de recrutement pour donner un signal clair aux étudiants qui pourraient s’orienter vers les métier d’enseignement et d’éducation. Un plan pluriannuel ambitieux en nombre de postes proposés aux concours, à l’opposé de ce qu’a été la politique de Jean-Michel Blanquer lors du précédent quinquennat que semble imiter Pap Ndiaye avec de nouvelles baisses de postes aux concours pour la session 2023.

Moins de postes aux concours pour la session 2023 !

Le ministre ne semble pas avoir regardé sa télévision ou lu la presse cet été quand les recrutements de contractuels et leur manque de formation faisaient les gros titres. Sinon comment expliquer que les postes cumulés à l’agrégation, aux CAPES et CAPET, ainsi qu’aux concours CPE et Psy-EN ouverts à la session 2023 soient en recul par rapport à ceux de 2022, eux même en recul par rapport à la session 2017 d’avant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

Un seul signal positif si l’on regarde dans le détail, ce sont les 120 postes supplémentaires proposés à l’agrégation externe, qui se répartissent sur la plupart des disciplines (+21 en Mathématiques, +21 en Anglais, +13 en Lettres Modernes, +12 en Physique, +9 en Histoire, etc.). Malheureusement, il n’y a pas d’augmentation globale du nombre de postes à l’agrégation interne ni à l’agrégation externe spéciale, et seulement des variations entre des disciplines qui perdent un ou deux postes et d’autres qui en gagnent, pour une somme nulle.

Pour les CAPES et les CAPET, le signal envoyé aux candidats est bien décevant. Comment expliquer la perte de 17 postes aux CAPES externes et les illisibles recalibrages entre des disciplines toutes déficitaires (+12 en Histoire-Géographie, +5 en Mathématiques, -10 en Arts Plastiques, -10 en Allemand, -8 en Philosophie, -6 en Physique-Chimie, -6 en SES, etc.) ? Même chose pour les CAPES internes avec une baisse globale de 10 postes (+7 en Anglais, +5 en Mathématiques, -8 en Philosophie, -8 en SVT, -4 en Histoire-Géographie, etc.). Le troisième concours du CAPES subit lui aussi une baisse globale de 35 postes, et cette fois aucune discipline n’est en augmentation…
Les chiffres des CAPET sont aussi en baisse par rapport à 2022, c’est à dire à un niveau toujours très insuffisant : -10 postes aux CAPET externes répartis sur la plupart des disciplines, et un maintien aux CAPET internes et troisième concours.

La session 2022 avait été marquée par l’augmentation importante du nombre de postes proposés au concours CPE (+300), mais cette augmentation ne venait que combler les baisses du quinquennat comme nous l’expliquions l’an dernier. Il fallait donc attendre les postes offerts aux concours à la session 2023 pour savoir quelle allait être la politique du nouveau ministre. Seuls 480 postes sont ouverts cette année, soit 140 de plus si on compare à 2021 mais 160 de moins que pour la session 2022. Ce n’est donc pas un très bon signal à destination de la profession !

Pour les PsyEN EDO, le nombre de postes ouverts aux concours reste stable. Pourtant ces 105 postes seront loin de répondre aux besoins sur le terrain. En effet, il y a près de 70 postes de DCIO et plus de 700 postes de PsyEN EDO vacants au niveau national selon notre enquête au moment de l’ouverture des mouvement intra 2022 et mouvement inter 2023 (postes SPEN DCIO)

Concours / AnnéesSession 2022Session 2023Évolution
Agrégation externe15501670+ 120
Agrégation interne101510150
Agrégation externe spéciale55550
CAPES externe52655248– 17
CAPES interne10251015-10
3ème CAPES460425– 35
CAPET externe580570– 10
CAPET interne1251250
3ème CAPET75750
CPE640480-160
Psy-EN EDO1051050
Total10 78710 671– 112

Pap Ndiaye poursuit donc la politique de son prédécesseur en disqualifiant les concours de recrutement des personnels de l’Éducation Nationale, en ignorant les demandes des professionnels et des (futurs) candidats aux concours. Cette session 2023 est à l’image des précédentes et l’attractivité de nos métiers en pâti fortement. Les conséquences se feront sentir à long terme et ce n’est pas l’argument d’une baisse démographique qui valide cette politique de sous-recrutement. Une récente étude INSEE montre qu’il y a eu une reprise de la natalité à compter de 2021.

Par ailleurs d’ici 2030 il y aura de nombreux départs en retraite d’enseignants (328 000), donc on ne peut pas calibrer les recrutements par concours uniquement en fonction de la démographie des élèves. Le ministère devrait également tenir compte de la démographie des enseignants et des projections de DARES – France Stratégie, mais notre ministère font la sourde oreille. Alors même que le ministre évoquait un projet de concours exceptionnel pour nos collègues contractuels (qui finalement ne concerne qu’une infime partie du 1er degré), le faible nombre de postes aux concours internes envoie un message très négatif à nos collègues.


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