Banderole concours

Après la Cour des comptes au mois de février dernier, c’est au tour du Conseil National des Programmes (CSP) de se pencher sur la formation et les concours de recrutement des enseignant·es. Il vient de publier un Avis sur la formation initiale et le recrutement des professeurs des premier et second degrés (laissant de côté le cas des CPE). Soulignant, malgré eux, l’accélération des réformes ces dix dernières années, les rédacteurs et rédactrices de l’avis finissent par s’emmêler un peu les pinceaux et se trompent. Non, après 2010, en M2 il ne fallait pas à la fois préparer le concours, réussir le master et valider l’année de stage à temps plein : c’est après le master que les lauréat·es des concours étaient placé·es en stage, effectivement à temps plein, quelle que soit leur formation antérieure, et l’on sait combien cette situation fut catastrophique.

A la différence de la Cour des comptes, le CSP ne produit pas de recommandations, mais 7 scénarios d’évolution pour le second degré (et 8 pour les concours du premier degré). Les scénarios sont autonomes, certains vont dans des sens opposés, d’autres se complètent. Le dernier scénario pourrait n’être qu’un chiffon rouge, s’il ne faisait écho à l’une des propositions du rapport de la Cour de comptes : il suggère un recrutement sur liste d’aptitude sur laquelle seraient inscrit·es les titulaires d’un master MEEF.

Malgré leurs divergences, les scénarios du CSP présentent certaines constantes, en particulier le développement d’une professionnalisation plus précoce. 5 des 7 scénarios proposent des stages en établissement dès la L1, et 4 d’entre eux proposent plus d’alternance (sous contrat) en M1, et M2 le cas échéant. Cela conduirait à la création d’une filière spécifique dès la L1, dans des licences disciplinaires avec la mention « professeurs du second degré ». On peut penser que cela s’inspire des PPPE (Parcours Préparatoires au Professorat des Écoles) lancés sous J.-M. Blanquer et élargis à la rentrée 2022, mais ce n’est pas explicite. Les PPPE sont des licences pluri-disciplinaires dont les enseignements se déroulent en partie à l’université, en partie en lycée. D’après les rédacteurs et rédactrices du CSP, l’intérêt serait de favoriser les vocations précoces, puisque ces formations (comme les PPPE) seraient affichées dans Parcoursup.

L’un des scénarios propose que cette filière ait le monopole de la formation et de la préparation au concours : les titulaires de ces licences poursuivraient leur préparation en master MEEF (en contrat d’alternance) et eux seuls pourraient se présenter au concours, réduit à deux épreuves orales (mise en situation professionnelle, et entretien professionnel, sur le modèle de l’épreuve inauguré en 2022). On saura gré aux rédacteurs et rédactrices du CSP de relever les inconvénients de ce genre de formule : la réduction du vivier potentiel de candidatures !

Au bout du compte, que penser de ces propositions qui semblent aller un peu dans tous les sens, et qui pourraient, selon les rédacteurs et rédactrices de l’avis, être utilisées comme des « briques » pour « composer de nouveaux » scénarios ?

Si on écarte les propositions les plus contraires à nos positions (la bivalence au CAPES, le recrutement sur titre…), l’avis du CSP à quelques mérites. Il souligne, face à l’ampleur des besoins de recrutement d’ici 2030, la nécessité de ménager les deux viviers traditionnels des concours du second degré (les titulaires du MEEF, les titulaires d’un master recherche), sans rien dire cependant des secondes carrières. Il critique en creux la réforme de 2022, qui fait supporter « par les étudiants et leur famille pour financer cinq années d’études avant le recrutement » le coût de la formation. Mieux, il propose, dans l’un des scénarios pour la formation et le recrutement des professeurs des écoles, un prérecrutement dès la L1, « au statut rémunéré d’élève professeur des écoles avec un engagement de servir l’État pendant dix ans », sans étendre malheureusement cette proposition au second degré.

Mais le CSP ne dit rien du fond de la formation et la préparation au métier. La professionnalisation qu’il préconise en amont du concours, se fonde sur le modèle d’alternance telle qu’il se pratique aujourd’hui en M2 MEEF (pour les étudiants contractuels alternants) ou après le concours. Cette alternance n’est pas formatrice, ou est trop peu formatrice, puisque les périodes sur le terrain sont des périodes en pleine responsabilité de classe, comme si l’on pouvait être en formation une partie de la semaine, et se trouver pleinement opérationnel devant les élèves l’autre partie. Enfin, l’avis du CSP fait bien peu de place aux contenus de formation, et l’accroissement des volumes de stages en licence et master risque d’empiéter sur les temps de formation disciplinaires qui sont pourtant indispensables, pour le SNES-FSU, à une entrée dans le métier sereine et une bonne maîtrise de son métier.


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