Mise à jour du 9 juin 2023 avec des exemples de sujets.

Le SNES-FSU a mené une enquête auprès des candidat·es aux concours CAPES, CAPET, CPE externes et troisièmes concours 2022, afin de connaître les conditions de préparation et de passage de la nouvelle épreuve orale dite « d’entretien », après la première année de sa mise en place.

Une épreuve qui semble avantager les candidats ayant une expérience professionnelle

Les rapports de jury que nous avons étudiés sont nombreux à présenter l’épreuve comme permettant plus facilement aux candidat·es ayant une expérience dans un établissement d’enseignement de répondre aux attendus du jury. Le rapport du jury 2022 du CAPES d’Arts-Plastiques précise par exemple que « les candidats ayant eu des expériences dans un EPLE grâce aux Stages d’Observation de Pratique Accompagnée (SOPA) en parcours MEEF, ou bien en tant que contractuel, sont à priori outillés pour comprendre le fonctionnement d’un établissement. Ils ont, en puissance, la capacité de penser une ou des actions sensées et réalistes. Potentiellement, leur posture est engagée, leur motivation est sous-tendue par une volonté et une connaissance éclairée d’un système et de situations complexes. »

Les résultats de notre enquête semblent confirmer cet avantage pour les candidat·es ayant une expérience professionnelle dans l’éducation.

A la question : « Avez-vous eu l’impression que votre expérience vous a permis de vous valoriser auprès du jury ? », 46 % des ex-ECA ont répondu « oui beaucoup » et 46 % « plutôt oui ». Les ex- SOPA répondent « oui beaucoup » qu’à 10 % mais encore « plutôt oui » à 45 %. Les ex-non-titulaires et AED répondent également « oui beaucoup » à 48 % et « plutôt oui » à 24 %. Enfin l’absence d’expérience professionnelle dans l’éducation nationale, pour plus d’un tiers des candidat·es concerné·es, les a desservi lors de cet épreuve (« beaucoup » à 13 %, « plutôt » à 23%).

Plusieurs témoignages que nous avons recueillis avec cette enquête vont également dans ce sens, celui d’une exploitation de leur expérience par les candidat·es lors de cet oral : « De part mon expérience : Master MEEF et une année de contractuelle ainsi que ma préparation, l’épreuve n’a pas représenté de difficultés particulières. Je dirais même qu’elle m’a plutôt favorisée. » ; « J’ai bien réussi cette épreuve car j’avais de l’expérience et que j’ai réussi à orienter les questions sur des sujets que je maîtrisais : inclusion, éducation explicite, réalité du métier. »

Des possibilités de réussir pour tous les candidats ?

Les rapports des jury du CAPES estiment que sans expérience professionnelle dans l’éducation nationale, notamment pour les étudiant·es de master non MEEF, il était possible de valoriser d’autres expériences personnelles, comme le travail de recherche : « Par exemple, le jury a pu interroger les candidats qui avaient évoqué leur travail de recherche au sujet de ces travaux. Les échanges qui en ont découlé ont valorisé les candidats qui ont su établir des liens entre les résultats de leurs travaux de recherche et la pratique pédagogique qu’ils seront amenés à mettre en œuvre dans le cadre de l’enseignement des SVT. ». Selon le rapport de jury d’Histoire-Géographie, il semble aussi possible de bien réussir cette épreuve, notamment en s’appuyant sur ses autres expériences professionnelles et/ou associatives : « en valorisant notamment ses travaux de recherche, les enseignements suivis, les stages, l’engagement associatif ou les périodes de formation à l’étranger. ».

Les rapports insistent également sur la nécessité d’avoir une bonne connaissance des textes réglementaires, quel que soit leur parcours antérieur. Celui des SVT précise notamment que « ces candidats disposaient d’une connaissance précise des compétences des métiers du professorat et de l’éducation qu’ils avaient acquise par une maîtrise des textes institutionnels en la matière et notamment celle du référentiel de compétences des métiers du professorat et de l’éducation fixé par l’arrêté du 1er juillet 2013 publié au JORF du 18 juillet 2013. ».

Dans les réponses à notre enquête, à la question « Avez-vous eu l’impression que l’absence d’expérience dans l’enseignement ou l’éducation vous a desservi auprès du jury ? » 40 % des répondant·es pensent que ça ne les a « pas du tout » desservi.

Certains témoignages apportent aussi cet avis d’un jury bienveillant qui s’adapte à l’expérience de chaque candidat·e pour en valoriser l’analyse réflexive : « Cette épreuve m’a fait gagner énormément de points (15/20) alors que je n’avais aucune expérience professionnelle dans l’enseignement (aucun stage effectué même durant l’année de prépa CAPES). J’ai mis en valeur d’autres expériences professionnelles qui m’ont fait acquérir des compétences utiles même dans le domaine de l’enseignement (hôtesse de caisse dans un magasin de bricolage, travail en usine…). » ; « Je pense que l’épreuve d’entretien permet à des candidats n’ayant pas d’expérience dans l’enseignement de valoriser davantage ses expériences professionnelles et d’augmenter ses chances de réussir le concours. »

Est-ce une épreuve de concours ?

Plusieurs témoignages rappellent que cette nouvelle épreuve « d’entretien avec le jury » prend la place d’une des épreuves orales qui existaient précédemment. A côté de l’épreuve de leçon existait en effet jusqu’à la session 2021 une seconde épreuve de didactique disciplinaire. Elle permettait notamment d’interroger les candidats sur un ensemble disciplinaire plus large et particulièrement nécessaire dans certaines disciplines : Physique-Chimie, Histoire-Géographie, SVT, etc.

L’attribution des notes ainsi que les écarts-types posent question pour cette nouvelle épreuve. S’il est compréhensible qu’un candidat tenant un propos opposé au principe de laïcité ou aux valeurs de la République puisse entraîner l’attribution d’une note rédhibitoire, il ne s’agit pas non plus d’en faire une épreuve de récitation de questions-réponses prévisibles. Des témoignages semblent malheureusement aller dans ce sens : « J’ai eu 20/20 à cette épreuve. Pour la deuxième partie, j’ai eu l’impression que restituer par cœur le vademecum sur la laïcité suffisait. » ; « J’ai eu 15/20, ce qui est une bonne note mais je n’ai aucune idée du barème (sentiment de subjectivité dans la notation). Ces entretiens sont totalement inutiles. La motivation des candidats qui ont souffert depuis plusieurs mois pour préparer ce concours, la faible reconnaissance etc. suffisent à estimer le degré de motivation. » ; « Le jury était très sévère en apparence mais n’a mis 20… » ; « Sentiment d’être plus en interrogation que d’être en entretien, car un entretien est un échange, une discussion. Je n’ai pas eu ce sentiment là. Là ça ressemblait plus à une interrogation sur mes connaissances sur les dispositifs de l’EN et les circulaires. »

Le SNES-FSU avait déjà souligné plusieurs de ses problématiques lors des discussions avec le ministère de l’Éducation Nationale précédant la mise en œuvre de la réforme des concours, notamment les questions de rupture d’égalité entre les candidats pour la première partie de l’épreuve, le risque de bachotage de réponses attendues par le jury pour la deuxième partie de l’épreuve, ou encore le poids plus important de cet oral, aux notations encore floues, par rapport aux épreuves d’oral.

Quelques exemples des sujets proposés à la session 2022

En répondant à l’enquête du SNES-FSU, certain·es lauréat·es au CAPES, au CAPET ou au concours CPE de la session 2022 nous ont communiqué leur sujet d’oral d’entretien. Le tableau téléchargeable ici n’est donc pas un document officiel. Il recense les sujets recueillis par le SNES-FSU. La rédaction ci-dessous ne reprend pas toujours précisément l’énoncé proposé au concours.


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