L’ensemble des résultats d’admissibilités aux concours de l’enseignement et de l’éducation sont désormais disponibles. Si l’agrégation externe reste toujours attractive avec des ratio admissibles/postes qui restent corrects dans la plupart des disciplines et aucun poste perdus après l’admissibilité, il est loin d’en aller de même pour les CAPES et CAPET externes où la situation reste catastrophique.
Malgré une prolongation de quatre semaines pour s’inscrire aux concours, signe de désintérêt croissant des étudiant·es pour nos métiers en raison des faibles salaires et de la dégradation des conditions de travail, il est déjà certain que la session 2024 ne permettra pas de combler tous les postes offerts aux concours.
CAPES externe, interne, 3eme concours
La prolongation des inscriptions aux concours pendant 4 semaines n’aura permis que de maintenir le nombre d’inscrit·es par rapport à la sessions 2023. Celui-ci reste toutefois en chute libre depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017.
On peut constater une très légère amélioration générale du ratio admissibles/postes au CAPES externe qui passe de 1,34 en 2023 à 1,4 en 2024. Loin d’enrayer la grave crise de recrutement ! Seul un nombre suffisant d’inscrit·es aux concours et un taux d’au moins 2 admissibles par poste permettrait de renouer avec une sélectivité satisfaisante et de combler tous les postes ouverts.
Dès l’admissibilité, 96 postes sont perdus au CAPES externe (68 en allemand, 27 en lettres classiques et 1 en langue kanak).
Le ratio admissibles/postes est également très inquiétant dans beaucoup de disciplines (1,07 en lettres modernes, 1,02 en physique-chimie, 1,05 en éducation musicale, 1,21 en mathématiques, 1,36 en anglais, …) et présage de nombreux postes non pourvus après les épreuves d’admission.
Si le ratio « historique » d’un·e admis·e pour deux admissibles était appliqué par le jury, ce sont 1577 postes qui ne seraient pas pourvus à la session 2024 du CAPES. Sans doute les jurys n’iront-ils pas jusque là dans la plupart des disciplines mais il faut s’attendre à une perte de postes similaire à la session 2023 (866 postes perdus au CAPES externe).
Au 3eme concours du CAPES, 81 postes sont non pourvus dès l’admissibilité et seul·es 546 candidat·es sont admissibles pour 499 postes ouverts : de nombreux postes resteront donc vacants après les résultats d’admission !
Au CAPES interne, l’ensemble des résultats d’admission sont tombés : 36 postes sont perdus (18 en allemand, 9 en anglais, 4 en H-G, 3 en lettres classiques, 2 en russe).
CAPET externe, interne
La situation des CAPET externes n’est pas plus favorable puisque 18 postes sont perdus dès l’admissibilité (dans 3 options du CAPET SII). Le ratio admissibles/postes n’est que de 1,55 ce qui présage de nombreuses pertes de postes dans des disciplines déjà fortement déficitaires comme les différentes options du CAPET en économie-gestion.
17 postes (en SII) sont vacants après les résultats d’admission au CAPET interne, soit 12 % de l’ensemble des postes ouverts !
Quelles perspectives ?
Si Mme Belloubet reconnaît des difficultés de recrutement, l’analyse qui est faite de cette crise de vocations n’est pas la bonne et les solutions que le gouvernement compte mettre en place (concours pendant l’année de L3, engagement à servir l’État contre une rémunération indigente de 900 euros/mois en M1, reprise en main de la formation par l’État-employeur, …) vont produire les effets contraires à ceux désirés.
Le SNES-FSU s’oppose à cette réforme et demande une véritable concertation avec les organisations syndicales sur l’attractivité du métier et la formation initiale.
Ce n’est pas le niveau d’étude requis pour passer le concours qui rebute les étudiant-es mais bien « le niveau de salaire insuffisant », « les conditions de travail/difficultés au quotidien » et le « manque de reconnaissance du métier d’enseignant » qui constituent, chez les étudiant·es, les trois principaux facteurs – et de loin – de rejet du métier d’enseignant-e (Ipsos – Facteurs d’attractivité ou de rejet du métier enseignant chez les étudiants – Cour des comptes – Mai 2022).
Pour revaloriser pleinement le métier, le SNES-FSU continue de demander un début de carrière à 2 fois le SMIC, la reconstruction des grilles et la révision de l’indemnité de résidence pour qu’elle prenne en compte la réalité du marché locatif. À terme, le SNES-FSU souhaite la mise en extinction du corps des certifié·es et CPE et leur intégration dans le corps des agrégé·es, l’agrégation revalorisée devenant l’unique niveau de recrutement.