Interview de Muriel Coret, membre du BN du Syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup-FSU), responsable du collectif FDE.
L’US : Quels sont pour vous les points les plus contestables de cette réforme ?
Muriel Coret : Loin de résoudre les problèmes actuels, les éléments connus de la « réforme » et des « nouveaux » concours dégradent encore la formation : mise en responsabilité d’étudiants en classe avant le concours, maquettes de formation encore réduites, « repensées » dans le seul souci de faire des« économies » et dans le catéchisme du resserrement sur les « fondamentaux » au détriment des savoirs universitaires (disciplinaires, didactiques, d’analyse des situations professionnelles) ; des masters « repensés » parla commande de l’employeur qui dicte ses attentes et réduit la formation à du formatage…
L’US : Quel est l’état de la mobilisation contre cette réforme à l’Université et dans les INSPÉ ?
M. C. : Nous avons recensé de nombreuses motions et déclarations demandant a minimale report de la réforme et la rejetant sur le fond. Elles émanent d’enseignants impliqués dans la formation, d’INSPÉ ou d’autres composantes universitaires, conseils d’universités – représentant une grande majorité des académies – mais aussi d’organisations professionnelles, associations de spécialistes, jurys de concours, etc. Ces textes convergent pour dénoncer le manque de concertations sur les choix des contenus de formation et l’impossibilité d’élaborer,dans l’immédiat, de nouvelles maquettes articulant les dimensions universitaire et professionnelle. Ils refusent la conception de la formation selon laquelle le« terrain » en soi serait formateur.
L’US : Quels sont vos objectifs pour la période qui s’ouvre ?
M. C. : Obtenir à court terme le report de la mise en place des nouvelles maquettes et du nouveau concours –pour lesquels on n’a qu’un cadre très imprécis, sans déclinaison spécifique selon les disciplines – sans parler de l’épreuve supposée évaluer la façon dont les candidats « incarnent les valeurs » ! Puis s’appuyer sur la dynamique de mobilisation des acteurs de la formation, dans et hors INSPÉ, pour que les deux ministères ouvrent de réelles négociations sur la formation dans son ensemble, ce qui nécessite la mobilisation de tous !
Propos recueillis par Alain Billate, interview publié dans L’US n°794 du 18 janvier 2020