Les décrets n°2021-93 paru au JO du 31 janvier 2021 (relatif à l’ouverture de concours de recrutement de professeurs certifiés à affectation locale en Guyane), n°2021-110 (fixant des modalités temporaires de recrutement des professeurs certifiés affectés à Mayotte) et n°2021-111 (fixant l’échelonnement indiciaire applicable aux lauréats de ces concours à Mayotte), parus au JO du 4 février 2021, instaurent des recrutements locaux pour le second degré. Ils relèvent de deux modalités distinctes sur ces deux territoires DROM.
Si le décret instaurant un CAPES local sur Mayotte est provisoire et cadré dans ses modalités, celui pour la Guyane est pérenne et s’inscrit dans le décret statutaire des certifiés. Il peut être ouvert en fonction des difficultés de recrutement constatées dans cette académie (art.6).
Toutefois, la création de ces deux concours posent de nombreux problèmes tant sur leur mise en place que sur les conséquences à moyen et long terme.
Mise en œuvre des concours
A Mayotte, le CAPES externe local n’est ouvert que pour les sessions 2021, 2022 et 2023. Il est accessible aux personnes détentrices d’une licence ou de 120 ECTS. Pour le CAPES interne, un diplôme sanctionnant deux ans d’études après le BAC est suffisant pour candidater. Une fois lauréates du concours, elles effectuent un stage de deux ans dans l’académie.
A la session 2021, au CAPES externe, seule la section Mathématiques sera ouverte. Les candidats devront subir deux épreuves d’admissibilité dont les sujet dépendront du président de jury de chaque section. A l’oral, deux épreuves dont l’une consiste en un entretien professionnel. Il est en fait la nouvelle épreuve prévue pour les CAPES 2022.
La section Lettres Modernes et mathématiques seront ouvertes au CAPES interne. Les candidats subiront une épreuve écrite d’admissibilité et une épreuve orale d’admission qui est fondée sur un entretien avec le jury, à partir d’ un dossier de RAEP rédigé préalablement par le candidat.
Les inscriptions au concours ont lieu du 16 février au 16 mars 17 heures, heures de Paris.
Les épreuves d’admissibilité auront lieu les 26 et 27 mai en trois lieux : Mayotte, Saint-Denis de la Réunion et Arcueil au SIEC. Les épreuves d’admission auront lieu au SIEC à Arcueil et à Mayotte. Le dossier de RAEP pour le CAPES interne devra être envoyé avant le 14 mai 2021.
Au 1er septembre 2021, les lauréats seront nommés à Mayotte. Il ne sera pas possible d’être nommé dans une autre académie. Le lauréat effectuera un stage de deux ans et devra valider un master s’il n’en possède pas ou sinon il suivra une formation adaptée.
Aux sessions futures, de nouvelles sections du CAPES seront ouvertes en Histoire-Géographie et en SVT. En Lettres pour le CAPES externe.
Pour la Guyane, le concours n’est ouvert qu’en fonction des difficultés de recrutement constatées dans une discipline. Le niveau de recrutement est le même que pour le CAPES en général.
A la session 2021, il n’y a pas de session de concours au CAPES externe à affectation locale organisée. Seules, au CAPES interne, les sections en LV Anglais, Lettres Modernes et Mathématiques seront ouvertes.
Les candidats ne peuvent s’inscrire à la fois au CAPES à affectation locale et au CAPES.
Les épreuves sont les mêmes qu’au CAPES interne. Le dossier de RAEP doit être envoyé avant le 30 mars 2021 minuit, heure de Paris.
Affectation et mobilité
Par ailleurs, si les deux académies concernées par ces CAPES locaux connaissent une situation déficitaire lourde, elles sont toutes deux accessibles lors du mouvement national par l’ensemble des professeurs qui en font la demande, dans le respect des règles.
La création de ces concours pose donc d’une part la question de l’accessibilité de ces académies pour les collègues qui souhaitent muter sur ces territoires et d’autre part le droit à mobilité des lauréats de ces concours locaux.
En effet, si des postes sont préemptés par les lauréats locaux, dans quelle mesure ces académies continueront-elles à être accessibles pour les enseignants d’autres académies qui le souhaitent ? La création de ces concours vise-t-elle à pallier le déficit actuel ou à instaurer un nouveau statut de professeur, recruté localement et sortant de fait ces académies du mouvement national faute de postes ouverts ? En l’absence de visibilité sur le nombre de postes ouverts sur les prochaines années, il est difficile de voir dans quelle mesure ces créations vont altérer le mouvement à moyen terme, au fur et à mesure que des postes seront offerts et pourvus dans le cadre de ces concours.
D’un autre côté, les lauréats de ces concours seront-ils contraints de faire l’intégralité de leur carrière dans l’académie dont dépend leur concours ou seront-ils bien considérés comme des certifiés à part entière avec droit à mobilité ? S’ils n’ont pas le droit à mobilité, cela crée un statut de professeur différent et il est nécessaire que ce soit explicite pour l’ensemble des candidats et cadré au plus tôt. S’ils ont droit à mobilité, il faut de même que cela soit clarifié dès maintenant, surtout si ce droit est restreint ou soumis à conditions. Cette mobilité fait partie des droits des fonctionnaires. Il semble inconcevable de le retirer à ces lauréats. A ce moment-là, le risque est que ces lauréats demandent à muter à terme et donc que la situation de déficit de ces académies perdure malgré cette initiative.
Ces deux académies sont déficitaires et la situation y est délicate. Il existe cependant d’autres moyens d’assurer leur attractivité. Certaines pistes ont pu être envisagées ou sont mises en place : majoration de traitement, ISG, mise en place de bonification pour une mobilité future, etc..
Plutôt que des concours locaux entrant en concurrence avec les concours nationaux et soulevant plus de questions et de problèmes qu’ils n’en résolvent, explorer et accentuer les pistes pour une attractivité renforcée du métier d’enseignant d’une part et de ces territoires déficitaires d’autre part est nécessaire et urgent ! C’est pour cela que les élus FSU s’étaient exprimés contre les projets de décret lors du Comité Technique Ministériel.
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