Les résultats d’admissibilité aux concours externes de recrutement commencent à paraître et les premiers chiffres montrent qu’il y aura cette année encore moins de candidats aux concours du Second degré (CAPES, CAPET, agrégation, concours CPE et Psy-EN). En dépit des alertes répétées de la FSU sur le risque d’assèchement du vivier de candidat-es, le ministère a persisté dans sa logique délétère jusqu’à décourager les étudiant-es de s’engager dans la préparation des concours.
Les résultats d’admissibilité de la session 2022 : un constat d’échec
Au CAPES externe de mathématiques, la liste des admissibles publiée mardi 10 mai ne comporte que 816 noms pour 1035 postes, c’est-à-dire deux fois moins qu’en 2021, alors que cette année-là, 100 postes n’avaient pas été pourvus. Des centaines de postes de profs de maths ne seront pas pourvus en 2022. On peut craindre qu’ils soient définitivement perdus. Si en effet, au CAPES interne de mathématiques, il y a eu cette année 528 admissibles, et les 202 postes ont tous été pourvus, il n’y a pas eu de liste complémentaire. Le SNES-FSU demande la systématisation de ces listes complémentaires, dans lesquelles le Ministère pourrait puiser les candidat-es qu’il n’a pu recruter par ailleurs. Le Ministère n’a jamais invité les jurys à le faire.
Au CAPES externe d’allemand, il y a seulement 83 admissibles pour 215 postes et au concours interne, il y a eu 34 admissibles et seulement 29 admis pour 35 postes. Cette année plus d’une centaine de postes seront perdus en allemand, discipline déjà habituée aux pertes de postes les années précédentes.
La publication dans les prochains jours des résultats d’admissibilité en lettres modernes ou classiques, langues vivantes ou physique-chimie notamment, ne peut qu’inquiéter si la dynamique se confirme.
Cette année la crise du recrutement est plus forte que jamais : des centaines de classes se retrouveront-elles sans enseignant-e en septembre prochain ?
Les conséquences d’une réforme de la formation des enseignant-es et des pratiques d’un ministre
Les annonces du Ministre orientées vers « l’attractivité » des métiers de l’éducation et de l’enseignement ont donc produit l’effet inverse. La réforme de la formation des enseignant-es qui entre en vigueur cette année a restreint le vivier d’étudiant-es de la session de concours 2022, du fait du déplacement du concours du M1 (jusqu’en 2021) au M2, sans aucune mesure transitoire.
Les nouveaux dispositifs de M2 MEEF, que ce soient le stage d’observation et de pratique accompagnée (SOPA) ou, davantage encore, le contrat d’alternance (ECA), ont induit une charge de travail importante pour les candidat-es et une réduction drastique des cours et des temps de préparation des épreuves écrites.
Malgré des demandes répétées du SNES et des syndicats de la FSU, le ministère a, pour la première fois cette année, refusé de communiquer le nombre d’inscrit-es aux concours, alors que les inscriptions sont closes depuis le mois de novembre. Ce black-out inédit n’a sans doute pas encouragé les étudiant-es à se présenter aux écrits des concours externes… La DGRH nous avait pourtant annoncé dès janvier que cette information serait publiée.
La situation matérielle des candidat-es aux concours n’a pas non plus permis de résorber la crise ancienne des recrutements. Les 125 euros de gratification mensuelle pour les M2 SOPA ont été versés plusieurs mois après la rentrée de septembre, et aucune aide n’est mise en place pour les autres candidat-es déjà titulaires d’un Master, décourageant de nombreux candidat-es inscrits en octobre qui ont abandonné avant les épreuves.
Il aurait fallu penser des mesures transitoires pour éviter une crise du vivier pour la session 2022, et instaurer des listes complémentaires pour les concours internes. Le SNES-FSU n’a cessé de le demander.
Les mesures d’urgence proposées par le SNES-FSU, et les solutions à court ou moyen terme
Il y avait pourtant de nombreuses possibilités pour travailler à l’attractivité de nos métiers : mettre en place des bourses pour les candidat-es aux concours, financer les déplacements et le logement dans les lieux d’examen, établir des listes complémentaires…
Sous le quinquennat de Blanquer, aucune mesure de soutien aux étudiant-es n’a été mise en place. Certes, il ne faut pas oublier que la crise actuelle se produit après vingt ans de fonte des viviers (l’essentiel de la saignée remonte au quinquennat de Chirac). La situation a été aggravée par les politiques successives de désengagement de l’État dans le financement des études en général, et des études pour devenir enseignant, CPE et Psy-EN en particulier (suppression des aides spécifiques, du droit à bourse sociale supplémentaire, pour financer par redéploiement des dispositifs inefficaces et propres à développer la précarité de type EAP1 et EAP, obligeant les étudiant-es à travailler pendant les études…).
Face à cette situation catastrophique et aux besoins urgents de personnels, la FSU a réaffirmé son exigence d’un plan pluriannuel de recrutements et de réels prérecrutements, accompagné de mesures de revalorisation et d’amélioration des conditions de travail (rémunération durant la période de formation sans mise en responsabilité, entrée progressive dans le métier, sous statut d’élèves fonctionnaires).
Ainsi que le montre un récent rapport de la DARES et de France Stratégie, il faut recruter 320 000 nouveaux enseignant-es du premier et du second degrés d’ici 2030 pour ne remplacer que les départs en retraite. La revalorisation des salaires ne peut plus attendre. Des mesures d’urgence à court et long terme sont envisageables : la mise en place d’un concours exceptionnel à la fin de la session 2022, la nécessité du maintien des postes perdus à la session suivante, la mise en place de listes complémentaires pour tous les concours, des aides spécifiques pour les candidat-es dès septembre 2022… Le SNES-FSU continuera ce combat.