C’est au détour d’un paragraphe du « Plan RH » publié par le Café Pédagogique que l’on apprend la suppression d’une des mesures de Jean-Michel Blanquer : le recrutement d’AED « en préprofessionnalisation ». L’ancien ministre y voyait un levier pour remédier à la crise de recrutement, et regrettait ne plus avoir lui-même l’âge d’y candidater.
L’histoire du dispositif
Las, depuis son lancement à la rentrée 2019, le succès de ce dispositif est resté très modeste, au point qu’il n’a jamais été possible de savoir combien d’AED en prépro étaient réellement en fonction. Le Ministère non plus, d’ailleurs, puisque le DGRH en demande aujourd’hui le compte aux académies.
Les ministres passent et leurs solutions miracles au problème du recrutement aussi. Elles s’empilent depuis 2012 : M1 en alternance, emploi d’avenir professeur (EAP1), étudiant apprenti professeur (EAP2), et maintenant AED prépro, sans compter les étudiants contractuels alternants (ECA), mis en place à la rentrée 2021 avec la dernière réforme des concours.
Les réformes passent, mais les mauvaises habitudes ont la vie dure. Ainsi, il n’est jamais fait le bilan de ces mesures. On ne sait pas combien d’étudiant·es ont été ainsi recruté·es, ni si ces dispositifs ont eu le moindre impact sur le volume du recrutement, ou le succès des bénéficiaires.
Si le SNES-FSU s’est opposé à la mise en responsabilité des AED prépro en M1 et M2, et à celle des ECA, il a pu recueillir cependant les témoignages d’étudiant·es qui y voyaient un intérêt. Pourquoi ne pas travailler sur les cohortes recrutées depuis 2019, et se priver de ces retours d’expériences ?
Lancés en fanfare, ces dispositifs disparaissent par ailleurs en toute discrétion, presque honteusement, et tant pis pour les étudiant·es en L1 cette année qui projetaient de candidater à un poste d’AED prépro, ou ceux et celles de M1 MEEF qui espéraient un contrat d’alternant·e en M2. Les AED prépro déjà en poste ne seront qu’à moitié rassurés : certes, les contrats déjà signés continuent en L3 et M1, mais il n’est pas question de l’année de M2, alors que depuis la rentrée 2021, les AED prépro engagé·es depuis la L2 pouvaient renouveler leur contrat pour une quatrième année.
Un traitement inacceptable
Une telle désinvolture n’est pas acceptable, et le SNES-FSU demande que cette quatrième année puisse être accomplie, puisqu’en 2025, il devrait toujours y avoir un concours en fin de M2.
La brève existence des dispositifs AED prépro et ECA a valeur de parabole, et Emmanuel Macron, Gabriel Attal et Nicole Belloubet devraient en tirer quelques enseignements : plutôt que d’affichage, c’est d’une politique réfléchie et de long terme que les étudiant·es qui se destinent à nos métiers ont besoin. Les informations qui filtrent autour de la nouvelle réforme de la formation et des concours, dont on dit qu’elle est à l’arbitrage du président de la République, laissent craindre que la leçon ne soit pas encore comprise.
Le plan RH
https://www.cafepedagogique.net/wp-content/uploads/2024/03/Plan-RH.pdf