Il semblerait que le rapport de l’OCDE publié il y a 10 jours contredise celui publié l’année dernière et permette de conclure que les professeurs français ne sont pas si mal payés que cela en rapport à leurs voisins de l’OCDE. Corollaire tiré un peu hâtivement par certains « journalistes », il n’y aurait pas vraiment besoin de revaloriser les salaires des professeurs mais éventuellement d’inventer des primes individuelles qui permettraient de revaloriser certains mais pas d’autres, entretenant en cela une opposition entre premier et second degré. Tout ceci avec comme seul objectif que les professeurs ne subissent pas trop de perte avec la réforme des retraites.
Un travail journalistique de base aurait permis de faire la lumière sur la réalité du salaire des professeurs et éviter quelques contresens.
Tout d’abord, la grille salariale et la carrière (progression d’échelon) est identique entre les professeurs des écoles et les professeurs certifiés, PLP et PEPS. Comparer ces grilles salariales avec celle des professeurs agrégés (plus élevée), c’est oublier que les exigences de ces concours sont différentes. Comparons donc ce qui est comparable.
En sus de leur salaire, les professeurs bénéficient d’indemnités. Depuis 3 ans, les professeurs des premier et second degrés bénéficient d’une indemnité d’un montant égal (ISAE dans le 1er degré, ISOE dans le 2ᵈ).
D’où viennent donc ces différences entre les rémunérations des professeurs du 1er et du 2ᵈ degré : du travail supplémentaire qui est imposé aux seuls professeurs du 2ᵈ degré. Le ministre a décidé de rendre obligatoire une 2e heure supplémentaire afin de palier aux suppressions d’emplois qu’il a lui-même imposé au 2ᵈ degré ; la charge de professeur principal, qui ne cesse de s’alourdir à force de transfert de mission, est reconnue (fort peu au vu de la charge de travail) (voir le bilan social du ministère – Fichier des rémunérations – Onglet Tab_5.4. Ces tâches supplémentaires ont pour conséquence d’augmenter le salaire des professeurs concernés. Mais seuls les professeurs du second degré peuvent être assujettis à ces tâches supplémentaires. Pourtant, ce que demandent les professeurs des 1ers et 2ᵈ degré, ce sont des conditions de travail qui leur permettent de faire correctement leur travail et non des tâches supplémentaires fussent-elles rémunérées.
Enfin, une petite étude aurait permis de mesurer le déclassement salarial des professeurs. D’abord historique : en 1980, un professeur certifié débutait avec un salaire égal à 2 SMIC, il ne débute qu’à 1,25 SMIC aujourd’hui. Puis rétrospective : en 20 ans, les professeurs ont perdu 2 mois de salaires par an. Enfin des concours : depuis plus de 10 ans dans le second degré, depuis 3 ans dans le 1er degré, les concours ne font pas le plein. Le métier de professeur n’attire plus et la question salariale en est un facteur central.
Pour le SNES-FSU, le processus PPCR de revalorisation des carrières doit être amplifié :
• accélération des débuts de carrières (commencer la carrière à l’actuel 4e échelon) ;
• aménagement des fins de carrières avec allégement du temps de service ;
• accès à la classe exceptionnelle pour tous avant le départ en retraite.
Dans l’immédiat, le SNES-FSU revendique le doublement de l’ISOE et l’alignement des indemnités forfaitaires des CPE, Psy-EN EDO, professeurs documentalistes sur ce montant.
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