Ce décret aurait pu conduire au versement d’une prime à tous les agents de la Fonction publique, titulaires et non titulaires (contractuels en CDI ou en CDD employés de manière continue par le même employeur public) entre le 31 décembre 2018 et le 31 décembre 2022, dont le pouvoir d’achat lié au traitement indiciaire a régressé sur cette même période dans la mesure où l’indice des prix à la consommation (hors tabac) a lui progressé de 8,19 %.
Dans les faits s’il parait clair que tous les collègues en fin de carrière au dernier échelon de leur grille de rémunération y sont éligibles dans la mesure où leur traitement indiciaire n’évolue plus, force est bien de constater encore une fois la remise en cause de la fonction publique de carrière pour les plus jeunes.
En effet, l’avancement dans la grille indiciaire n’assure même plus une augmentation des rémunérations puisque la perte du pouvoir d’achat du point d’indice n’est même pas compensée par un changement d’échelon. En classe normale, les certifié.e.s, CPE et Psy-EN actuellement aux échelons 4, 5 et 6 la toucheront de même que même que les agrégé.e.s précédemment au 10ème échelon et actuellement à l’indice 830 pour un montant de 633 € brut.
Échelon et indice fin 2022 | Échelon et indice fin 2018 | Montant brut de la GIPA |
4 – 461 | 2 – 436 | 148,49 € |
5 – 476 | 4 – 453 | 324,48 € |
6 – 492 | 5 – 466 | 199,91 € |
En hors classe ou classe exceptionnelle, ce sont ceux actuellement au dernier échelon de la hors-classe des certifiés, CPE et Psy-EN (indices 793 fin 2018 et 821 fin 2022), au quatrième échelon de la classe exceptionnelle des certifiés, CPE et Psy-EN (indices 825 fin 2018 et 830 fin 2022) ou au dernier chevron A3 de la hors-classe des agrégés ou sixième échelon des professeurs de chaires supérieures (indices 967 fin 2018 et 972 fin 2022) qui pourront y prétendre pour un montant brut respectivement de 1219 €, 2701 € ou 3215 € versé au plus tard sur la paye de décembre 2023.
Un calculateur permet de vérifier l’éligibilité ou non à la GIPA en indiquant dans le tableur l’indice détenu sur la feuille de paye de décembre 2018 et de décembre 2022. Attention à d’éventuelles régularisations indiciaires tardives consécutives aux délais de traitement des changements d’échelon ou promotions.
Pour assurer le maintien du pouvoir d’achat, il n’y a pas d’autre voie que le retour de l’indexation de l’évolution de traitement sur celle des prix. Or lors des treize dernières années, le point d’indice n’a évolué que 4 fois (+ 0,5 % en juillet 2010, + 0,6 % en juillet 2016, + 0,6 % en février 2017, + 3,5 % en juillet 2022 et + 1,5 % en juillet 2023) alors que l’inflation sur la même période s’élève à 22,5 %.
Alor qu’en juin 2023, une augmentation sur un an de 4,5 % des prix à la consommation est attestée par les chiffres de l’INSEE, le gouvernement publie le 29 juin, le décret augmentant la valeur du point d’indice de la fonction publique de 1,5 % à compter du 1er juillet 2023.
Laisser le point d’indice perdre de sa valeur ne serait pas si grave s’il était compensé par une prime annuelle ad-hoc ? C’est la position du gouvernement avec l’utilisation de l’instrument GIPA. C’est un point de vue centré sur la situation isolée d’un seul individu qui oublie tout simplement l’équité entre toutes les générations et la construction du statut de la Fonction publique de carrière.
L’attachement du SNES et de la FSU à la valeur du point d’indice s’explique par la transparence qu’elle assure, par l’évidence de communauté d’intérêt qu’elle montre. Son montant est commun à tous les agents publics, fonctionnaires ou non titulaires. Sa valeur et son évolution sont de ce fait des préoccupations qui se posent en termes identiques pour tous.
Le SNES et la FSU considèrent les 1,5% d’augmentation comme une étape largement insuffisante qui en appelle une autre sans délai, tant cette valeur est en décalage avec la réalité de l’évolution de coût de la vie. Ils exigent que soit rapidement concerté un mécanisme pérenne d’indexation des salaires sur l’augmentation des prix.