Au-delà même des modalités définies et des conditions dans lesquelles se déroule l’inspection, le principe de l’évaluation du « mérite », de la notation et donc d’une carrière au « mérite » pose problème.
À CHACUN SELON SON «MÉRITE» ?
Chacun est attaché à ce que soit reconnu son travail mais cela n’exige pas que les personnels soient classés, triés et récompensés par des inégalités d’avancement.
Les inégalités sont grandes entre collègues, mais n’ont que peu de rapport avec le « mérite » !
– Inégalités dans le rythme d’inspection, inégalité entre les hommes et les femmes, moins inspectées pour diverses raisons bien identifiées, inégalités entre les disciplines, inégalités entre ville et zone rurale, centre ville et périphérie…
Où est le « mérite » que nous vantent certains dans tout cela ? Est-on bien sûr qu’entre une note de 42 ou 43, qui déclenchera un passage au choix ou à l’ancienneté, la différence soit si sensible ? Les effets sur la carrière seront pourtant très importants : 10 ans sur la durée totale actuelle de la classe normale, sachant que seuls 2 % d’une cohorte bénéficient de la durée la plus courte.
Lors d’un changement d’échelon, les proportions des plus « méritants », de ceux qui « méritent » moyennement et de ceux qui ne « méritent » que l’ancienneté sont fixées a priori. Le principe même d’un contingentement, qui définit par avance la répartition des meilleurs sur la ligne d’arrivée est déjà en soi problématique.
L’INSPECTION : UNE LOTERIE OU UN FORMATAGE ?
La définition d’un « mérite » qui dépend essentiellement du regard d’un IPR, à un moment très ponctuel, est bien peu objective. De plus, il est « mesuré » à l’aune de l’activité visible (une heure de cours ou bien l’investissement dans des projets) et ignore le long et patient travail de fond qui est lié à la relation pédagogique tissée avec les élèves, en dehors de tout regard extérieur. C’est pourtant cette activité-là qui permet de faire entrer les élèves dans les apprentissages.
Enfin, l’évaluation pédagogique actuelle peut relever de l’arbitraire puisqu’aucune contestation de la note pédagogique n’est possible. Tenter une discussion, sinon une controverse, sur la bonne manière de faire avec son évaluateur est alors réservé aux plus téméraires ou aux « fins de carrière ».
– D’autre part, le contexte actuel des réformes à faire appliquer aux forceps se traduit par une pression accrue sur les personnels au moment de leur évaluation.
Face aux résistances rencontrées, la tentation est forte pour certain chef d’établissement ou inspecteur de punir les récalcitrants, dans le cadre d’une évaluation « sanction » compromettant le passage à la hors-classe par exemple. Les zélateurs des « innovations pédagogiques » peuvent trouver, par le biais de l’évaluation pédagogique, un levier pour contraindre, au moins ponctuellement, les professionnels à appliquer sans barguigner des méthodes qui ne sont plus à débattre et qui pourtant auraient grand mérite à l’être.
Lier l’évaluation-inspection comme aujourd’hui à la progression de carrière revient donc à condamner par avance la possibilité d’une évaluation juste, constructive pour les personnels et efficace pour le système éducatif.
Se syndiquer au SNES-FSU, syndiquer de nouveaux collègues, c’est se donner les forces collectives dont nos professions ont besoin pour revaloriser tous les aspects de nos métiers, nos carrières, nos salaires.