Faire du neuf avec du vieux

Les programmes du tronc commun de la voie générale sont particulièrement denses et corsetés. En histoire, les « points de passage et d’ouverture » sont en réalité des exemples obligatoires autour desquels les professeurs devront construire leur cours. Ils renforcent le caractère encyclopédique des programmes, davantage conçus comme une somme de connaissances plutôt que comme un cadre permettant la construction de méthodes et de capacités propres à l’histoire et à la géographie.

Manque de temps et d’espace

Il est bien illusoire de penser que ces capacités pourront être travaillées en classe à raison de trois heures hebdomadaires dans la voie générale, sans dédoublement, dans des classes chargées, et en respectant une progression commune pour les épreuves de contrôle continu (E3C). Le pire est à craindre pour les séries technologiques : avec une heure trente hebdomadaire, le programme garde les mêmes thématiques que dans la voie générale. On peut voir dans cette posture un mépris pour les spécificités de la voie technologique ainsi que pour les réalités du terrain.

Des problèmes épistémologiques

La notion de transition qui sert de fil conducteur en géographie en Seconde ne semble pas consolidée dans la communauté scientifique, elle relève avant tout du champ politique. Le concept de développement (au singulier) n’est pas interrogé alors qu’il fait l’objet de nombreux débats chez les géographes, notamment quant à l’étude des inégalités.

En histoire on assiste à un retour en arrière, par exemple dans l’approche du xixe siècle auquel le programme de Première est presque entièrement consacré, ou pour le chapitre sur la Méditerranée médiévale en Seconde. Il n’est pas tenu compte des renouvellements historiographiques et des réflexions épistémologiques récentes. L’entrée se fait souvent par l’histoire politique, aride pour les élèves, sans équilibre avec les entrées culturelles, économiques, sociales…

Des épreuves sous contrainte de temps

Les exercices prévus pour les E3C ont été choisis non pas tant en fonction des objectifs disciplinaires que de la durée de l’épreuve (deux heures pour ne pas trop désorganiser la vie des établissements…). Dans la voie technologique, ils sont identiques à l’épreuve écrite terminale actuelle. Dans la voie générale, ils constituent un entre-deux entre l’épreuve du DNB (« réponse organisée » rédigée en une heure, notée sur 10) et l’épreuve terminale actuelle (analyse de document, croquis de géographie réalisé à partir d’un texte).

Les propositions du SNES-FSU

  • Limiter le nombre de questions étudiées pour se centrer sur ce qui permet de construire un mode de pensée historien et géographe sur les sociétés. Pour cela, envisager des questions au choix en faisant confiance aux équipes enseignantes, et en laissant le temps aux élèves de s’approprier des notions complexes ;
  • Mieux articuler les contenus du collège avec ceux du lycée afin d’éviter la répétition des thèmes enseignés ;
  • Réintroduire en géographie les territoires en marge, les « exclus », en prenant en compte les approches de la géographie critique, et faire une place plus importante en histoire à l’étude de l’histoire globale, aux dimensions extraeuropéennes ainsi qu’aux groupes sociaux;
  • Alléger les programmes, par exemple en fusionnant le thème 3 et 4 en seconde, ou le thème 1 et 2 en première générale;
  • Rendre les « points de passage et d’ouverture » explicitement facultatifs.
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