Le projet de programme du CSP du mois de mai prend à contre-pied celui du groupe d’experts sur lequel nous avions été consultés le 20 mars.

Difficile dans ces conditions de travailler sérieusement sur des propositions aussi changeantes que contradictoires. Si l’on est rassuré par le maintien de certaines notions « historiques » comme le travail, l’inconscient, le bonheur (comme le SNES-FSU en avait fait la demande au CSP), la disparition pure et simple des champs du programme – héritage du difficile compromis de 2003 – témoigne d’un parti pris radical du CSP qui ne répond pas à une attente exprimée par la profession dans l’enquête du SNES-FSU sur les programmes de 2018.

Une démocratisation en panne…

Les programmes de philosophie sont construits autour de notions (depuis 1973), laissant à chaque professeur la liberté de les combiner à loisir dans la construction de son cours. D’où une certaine « loterie » le jour de l’examen qui déroute les élèves les plus fragiles, voire les plus scolaires… Faut-il alors renforcer cette approche strictement notionnelle, quitte à en réduire le nombre, ou faut-il limiter cette part de contingence, à l’aide d’un programme associant plus explicitement les notions à des champs de réflexion, y compris dans l’élaboration des sujets d’examen ?

Il pourrait être pertinent que la version définitive des programmes cherche à concilier la nécessaire liberté philosophique du professeur, avec une clarification du lien entre les sujets d’examen et les programmes.

… dans un contexte hostile

L’effet systémique des réformes (Parcoursup-baccalauréat-lycée) n’épargnera pas l’enseignement de la philosophie : montée des effectifs et faibles coefficients (8 % des coefficients du baccalauréat dans la voie générale, 4 % dans la voie technologique), coup de grâce porté aux dédoublements en séries technologiques, rapport instrumental à la discipline dans un contexte sélectif d’évaluation permanente… la spécialité « humanités, littérature et philosophie » risque de ne pas suffire à faire passer la pilule.

Les propositions du SNES-FSU

  • Dans la voie technologique, généraliser la formule de la dissertation guidée en tant que 3e exercice, selon une formule inspirée (et remaniée) du baccalauréat STHR;
  • Garantir la liberté philosophique de l’enseignant.
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