A ce stade des discussions du CSE, le SNES-FSU est surpris par certaines interventions et propos paradoxaux ; ceux- là même qui valorisent l’autonomie affichent beaucoup de défiance envers les équipes éducatives et, de ce fait, insistent pour intensifier les prescriptions.
La recherche pourtant montre que c’est par la formation, certaines formes de différenciation pédagogique, la variété des pratiques et méthodes que l’on peut combattre efficacement les inégalités et faire entrer tous les jeunes dans les apprentissages. Car c’est de cela qu’il s’agit, lever les blocages cognitifs, donner sens aux savoirs pour tous les élèves, c’est cela la véritable égalité et la situation actuelle en est loin.
Cela suppose de donner au collège les possibilités de varier les situations d’apprentissage car c’est dans la classe que se jouent essentiellement les choses alors que trop souvent l’AP tel que prévu par la réforme se fait dans des conditions peu efficaces. De même, l’interdisciplinarité peut être un levier intéressant et nous y sommes attachés mais là aussi, les travaux des chercheurs montrent qu’elle peut être plus difficile à appréhender par les élèves les plus éloignés de la culture scolaire si certaines conditions ne sont pas réunies. Or, les actuels EPI répondent-ils à ces conditions ? L’imposition de leur nombre, l’obligation d’en faire à chaque niveau du cycle 4 quelle que soit l’appréciation des équipes, leurs thématiques imposées sans lien avec les programmes leur donnent l’apparence de l’interdisciplinarité mais seulement celle-ci. Ne nous payons pas de mots : les nombreux témoignages émanant des établissements ont montré la diversité des modalités d’application de la réforme. Nous sommes donc loin du collège unique. Là où des équipes avaient une pratique de l’interdisciplinarité , des projets intéressants ont été mis en place, certains malheureusement compromis par les contraintes imposées par la réforme. C’est pourquoi nous approuvons la suppression des thématiques obligatoires, souhaitons voir encourager une interdisciplinarité progressive et donner les moyens aux équipes d’aider efficacement les élèves. Ce serait là une autonomie constructive, celle des équipes. Nous proposerons un amendement demandant l’octroi d’une dotation spécifique pour les options et dispositifs s’ajoutant aux horaires obligatoires et l’ élaboration de cartes académiques des formations afin de répondre à la fois à l’appétence des élèves pour les enseignements optionnels et au souci d’attractivité et d’égalité de tous les établissements.
Globalement, nous apprécions certains assouplissements proposés par l’arrêté même si des amendements tendent à réimposer des contraintes aux équipes. Cependant, le maintien d’une autonomie contrainte en l’absence de grilles nationales intégrant les dédoublements nous conduira à un vote en abstention.
Nous continuons en outre à demander la reprise du travail sur le collège pour déboucher sur une autre réforme et des mesures d’urgence sur l’évaluation des élèves.