Mesdames, Messieurs, cher-es collègues,
Cette rentrée 2021, la dernière de ce quinquennat, n’a apporté aucune amélioration des conditions d’encadrement des élèves dans les collèges et les lycées. Ces 18 derniers mois auraient pourtant justifié que tout soit anticipé et entrepris pour rattraper les retards d’apprentissage et lutter sans plus attendre contre les inégalités qui se sont creusées entre les élèves. Le SNES-FSU a fait des propositions pour aménager les programmes au lycée comme en collège afin de réorganiser les objectifs et donner du temps aux professeurs pour accompagner les élèves dans la classe. Rien n’a été consenti par le ministère à l’exception de nouveaux repères pour les spécialités en Terminale. Le SNES-FSU revendique la mise à plat du DNB et à tout le moins des sujets qui tiennent compte des difficultés auxquelles les élèves et les personnels ont eut à faire face depuis deux ans. Il faut laisser aux enseignants des marges de manœuvre pour faire progresser tous les élèves en même temps et non développer des dispositifs satellites comme « devoir fait » en Sixième, qui reste bien peu convaincant.
Des moyens complémentaires étaient aussi impératifs pour multiplier les demi-groupes et alléger les effectifs. Mais le ministre a fait le choix résolu et déterminé de supprimer 1883 emplois, soit l’équivalent de 166 collèges rayés de la carte, quand les effectifs progressent fortement avec 10 000 élèves de plus dans les collèges et 20 000 de plus dans les lycées. Pour retrouver les taux d’encadrement de 2017, il manque 15 000 emplois dans tout le second degré public. Le ministre aura beau réécrire son action des derniers mois dans son livre, ce sont les suppressions de postes et l’empilement de réformes inégalitaires toutes contestées que retiendront nos collègues en plus de sa gestion improvisée et irresponsable de la crise sanitaire.
Au lycée, les collègues découvrent l’ensemble des modifications qui ont encore été apportées cet été à la réforme du bac. Un mouvement perpétuel qui épuise les personnels, déboussole les élèves et leur famille et aggrave un peu plus à chaque fois les inégalités. Le passage en contrôle continu des enseignements du tronc commun, des options et de la spécialité abandonnée en fin de Première renforce la dimension locale de l’examen qui le rend toujours plus insignifiant pour l’accès aux études supérieures, le renom du lycée prenant l’ascendant dans les procédures scandaleusement non anonymisées de Parcoursup.
Prétextant la recherche d’égalité entre élèves, le ministère encourage avec le soutien de certaines organisations syndicales le cadrage des pratiques d’évaluation du contrôle continu dans un projet local d’évaluation. Le SNES-FSU rappelle son opposition déterminée à sa mise en place, il l’a exprimée et justifiée lors de notre dernier CSE le 8 juillet. Les réunions banalisées qui s’annoncent dans les lycées seront l’occasion pour les collègues de découvrir la note de service et le guide de l’inspection générale, l’un et l’autre prescriptifs, exigeants et normatifs qui gomment toute prise en compte des réalités d’enseignement. Au prétexte de veiller à l’harmonisation des pratiques d’évaluation, le ministère s’apprête à soumettre les enseignants à un contrôle continu qui ne peut qu’entamer leur liberté pédagogique. Elle est pourtant déterminante pour adapter les apprentissages et leur évaluation à la progression des élèves et s’oppose à toute démarche standardisée. Exploitant l’opportunité de deux sessions de bac perturbées par la crise sanitaire, le ministre accélère la transformation de nos métiers pour n’en garder que la dimension d’exécution à l’aide de directives et prescriptions.
C’est d’ailleurs l’esprit dans lequel la formation initiale est aujourd’hui repensée. En assommant de travail les étudiants contractuels alternants engagés dans leur M2 et la préparation du concours en plus de classes en responsabilité, on les prive d’une démarche réflexive sur leur pratique en lien avec l’observation du réel et l’éclairage de la recherche. Cette approche normalisante de la formation entravera durablement la diversité des réponses professionnelles pour lutter contre les inégalités scolaires, pour mieux prendre en compte l’hétérogénéïté dans la classe et les besoins de différenciation ou les dispositifs d’inclusion. Nos métiers exigent de la liberté et un esprit ouvert pour agir dans l’intérêt des élèves, c’est bien le chemin inverse que veut nous faire prendre le ministre.
Salaires, sur-populations dans les classes, conditions de travail et réformes contestées, la grève du jeudi 23 septembre sera l’occasion pour les personnels d’exprimer avec force leur colère et leurs attentes pour une école plus juste et égalitaire.