Madame la Ministre,
Ce CSE constitue la dernière séance d’une année bien chargée et trop souvent insatisfaisante du point du dialogue social et des réformes poursuivies ou engagées.
Nous ne reviendrons pas sur la réforme du collège que nous continuons à combattre (voir déclaration de l’intersyndicale : communiqué de presse du 18 juin 2015).
La rentrée s’annonce riche en difficultés de toutes sortes.
Une fois encore, les concours de recrutement ne font pas le plein et certaines disciplines sont particulièrement sinistrées (maths, anglais, allemand, lettres classique et moderne, éducation musicale). De nombreux postes restent non pourvus à l’issue des affectations dans les académies : 94 postes de mathématiques vacants sur Versailles ! Qui prendra les élèves en charge à la rentrée ?
Les mesures prises jusqu’à ce jour pour pallier la crise du recrutement ont fait la preuve de leur manque d’efficacité. L’extinction du dispositif EAP en est un élément. Nous ne pensons pas que le Master 1 en alternance soit une meilleure solution. Pourquoi cet entêtement à refuser d’envisager de véritables pré-recrutements ? Il est urgent d’autre part de revaloriser les métiers (salaires et conditions d’exercice) afin de les rendre attractif.
Pas assez de profs, mais toujours plus d’élèves dans le second degré. Les derniers éléments de préparation de la rentrée font état d’une explosion des effectifs en classe de Seconde, souvent sous-estimés. Les classes manquent, et pourtant, cette montée démographique était prévisible.
Après les grand messes médiatiques sur le Grand plan de défense des valeurs de la république et les promesses de ces derniers mois, l’enseignement de l’EMC se mettra en place dans le plus grand désordre : programmes publiés deux semaines avant les congés d’été, absence de formation, absence de financement dans les séries technologiques, aucune visibilité sur la prise en compte au Brevet des collèges 2016. Lequel ferait bien de ne pas s’inspirer du sujet d’éducation civique 2015, très problématique quant au contenu du texte proposé et aux questions posées. Pour le SNES, il est toujours temps, et nous vous le demandons à nouveau, de reporter la mise en œuvre de l’EMC à la rentrée 2016.
Concernant les personnels, si des progrès ont été faits dans l’accueil des élèves en situation de handicap par la création d’un statut pour les accompagnants, ces derniers rencontrent encore des difficultés : salaires faibles, temps partiels subis se développant dans plusieurs académies. De plus, les postes ne sont pas en nombre suffisant pour permettre un accueil de qualité.
Dans les REP+, des instructions très claires doivent être données pour que les chefs d’établissements n’imposent de réunions supplémentaires aux personnels.
Les correcteurs de l’épreuve des Sciences physiques et chimiques au baccalauréat ont pour la deuxième année consécutive été victimes d’un changement de barème en cours de correction. Cette situation est inacceptable. Il est de la responsabilité de l’inspection générale de faire en sorte que cette situation ne se renouvelle pas. Nous rappelons la nécessité d’un bilan de la réforme du lycée et des programmes, qui demandent à être revus. Ce bilan devra notamment s’attacher aux conditions d’enseignement en philosophie : nous remettrons demain à Madame la Ministre l’appel de soutien des universitaires.
Par un communiqué de presse madame la ministre a annoncé hier l’engagement du MEN dans la création d’un corps unique de psychologues de l’éducation Nationale. Cette annonce correspond aux revendications de la FSU depuis sa création et nous nous félicitons de l’aboutissement de 18 mois de travail dans le cadre du GT 14 Nous attendons que cette évolution se traduise rapidement sur le plan réglementaire, par une meilleure reconnaissance des missions et de l’apport des psychologues du premier comme du second degré à la réussite des élèves et qu’elle permette une revalorisation à la hauteur de l’élévation du niveau de recrutement pour tous les personnels concernés.
Au vu du dossier, les juges du tribunal administratif de Montpellier avait accordé à 5 collègues femmes AED non renouvelées sans motif, des dommages et intérêts allant de 1500 € à 15 000€, vu le comportement du principal de l’établissement. L’une d’elle élevait seule trois enfants, la seconde souffrait d’une pathologie grave, la troisième était enceinte, la quatrième en congé de maternité et la cinquième avait un mandat syndical. Le ministère fait appel et choisit d’envoyer un message fort couvrant les chefs d’établissement maltraitant les personnels précaires et féminins. Cela nous semble en inadéquation avec les propos de madame la ministre sur les précaires et sur les droits des femmes. Pourquoi ce hiatus entre sa volonté affichée et les pratiques du ministère ?
Le SNES-FSU continue de soutenir les collègues du collège de Bellefontaine et de demander leur maintien sur leur poste à la rentrée 2015.
Les textes qui passent ce jour en CSE sont dans la continuité des séances précédentes.
Nous rappelons notre opposition à la mise en place de la réforme du collège, mais aussi des programmes des quatre niveaux lors de la même année scolaire en une seule fois. Cette injonction est vécue comme un mépris de nos professions et des élèves : comment dans ces conditions espérer assurer une continuité ?
Nous rappelons enfin notre demande d’un groupe de travail sur les langues vivantes, permettant de mettre en place une politique nationale claire dans les collèges et les lycées.
Le même besoin de cohérence se fait sentir pour l’introduction de l’enseignement de l’informatique et du numérique sans le second degré, qui entre par diverses portes sans que se dessine un ensemble qui fasse sens.