Monsieur le Directeur, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Ce CSE, le premier depuis la nomination du nouveau gouvernement, ne sera donc pas l’occasion d’un premier échange avec le ministre de l’Éducation. Personne n’est dupe de la stratégie du président Macron qui interdit toute possibilité d’intervention publique aux ministres avant les législatives. Il se réserve toutefois les annonces comme à Marseille sur « l’école du futur » ou le retour des maths en Première générale à la rentrée sous la forme bien dérisoire d’une option. Pour entendre un ministre de l’éducation sur la situation d’urgence que connaît le service public d’éducation, nous patienterons donc jusqu’au prochain CSE avec la volonté de défendre le bon fonctionnement de cette instance qui réunit toute la communauté éducative. La création prochaine d’un Conseil National de la Refondation qui usurpe au Conseil National de la Résistance son acronyme hautement symbolique mais renonce à sa portée démocratique, ne saurait d’ailleurs en aucun cas assujettir les élus et les corps constitués qui instruisent les sujets avec patience, rigueur et respect du débat contradictoire comme nous le faisons dans notre instance pour les textes réglementaires qui régissent les enseignements et leur organisation. La suppression du projet d’option « mobilité européenne » actée aujourd’hui pour ce CSE, une demande que nous avons maintes fois formulée depuis le début des concertations, est une preuve qu’un dialogue social dynamique permet de construire du consensus.
Le SNES-FSU se réjouit par ailleurs de la toute récente décision du Conseil d’État qui conforte notre farouche opposition aux certifications privées de langue vivantes étrangères : un diplôme national ne peut pas dépendre d’une certification privée. En conséquence, nous vous demandons instamment quelles mesures seront prises pour neutraliser les textes de référence, tout particulièrement ceux en vigueur en BTS.
Cette remise en cause de l’externalisation de la délivrance des diplômes est une bonne nouvelle qui en appelle d’autres pour bloquer les privatisations à l’œuvre dans l’éducation, depuis Parcoursup qui ne cesse de s’ouvrir à l’appétit des écoles privées à la contractualisation systématique qui structure notamment les cités éducatives. Autant de confusions avec les valeurs du service public, autant de contradictions qui pèsent au quotidien sur le sens de l’activité des personnels dont la mission s’exerce dans l’établissement au profit de tous les élèves sans exception.
Cette perte de sens s’est aggravée depuis 5 ans sous le coup des réformes incessantes au lycée qui ont fait progressivement perdre pied sur l’évaluation des élèves et la prise en compte du contrôle continu au bac dont les modalités échappent désormais au plus grand nombre. Le collège n’est pas en reste avec des dispositifs périphériques (Devoirs faits, Pix, validation du socle…) qui mobilisent inutilement les équipes sans que jamais ne soient posées par exemple les conditions d’une inclusion réussie des élèves en situation de handicap. Le SNES-FSU réaffirme que le collège unique peut être le collège de la réussite de tous les élèves si une réflexion s’engage sur les moyens, la formation, les programmes et les modalités d’enseignement. Il s’opposera le cas échéant à toute orientation politique qui réintroduirait au collège, 40 ans plus tard, une logique de filières et de tri social.
Les demi-journées banalisées pour la correction des épreuves de spécialité en Terminale dont le principe était revendiqué par le SNES-FSU depuis le 13 janvier, étaient indispensables. Mais l’actuelle désorganisation des examens fait peser sur les enseignants, particulièrement sur ceux de Lettres, une charge de travail inacceptable quand en plus se cumulent les corrections de BTS. Il n’est plus possible d’ignorer l’exposition aux risques psycho-sociaux des personnels face au stress et à l’épuisement induits par la charge de travail en cette fin d’année scolaire. Parallèlement au CHSCTM aujourd’hui où le SNES-FSU attend des suites aux préconisations décidées lors de la séance de décembre sur l’EAF, il y a urgence à reprendre le chantier des rémunérations des examens abandonné sous prétexte de Covid et de passage au contrôle au continu. Dans l’immédiat, le SNES-FSU demande que soient revalorisées et appliquées les grilles d’indemnisation et que tout dépassement de l’horaire de service hebdomadaire soit compensé par des HSE.
L’effondrement attendu du nombre d’admis aux concours de l’enseignement pour cette session, dans la droite ligne des précédentes, témoigne du désintérêt des étudiants pour nos métiers dont le rôle social reste crucial pour former, émanciper et qualifier la jeunesse. Les conséquences sont déjà bien visibles sur le terrain, des remplacements ne sont plus assurés faute de personnels titulaires ou non, des examens sont remis en cause comme pour la technologie au DNB avec des enseignements non assurés pendant des mois. Pour le SNES-FSU, aucun stagiaire ne doit être à temps plein devant les élèves, des listes complémentaires aux concours sont à établir, une nouvelle session exceptionnelle à la rentrée est impérative comme les prérecrutements dès la licence dans le cadre d’un plan pluriannuel de recrutement. Il s’agit surtout de remédier sans attendre au déclassement salarial qui touche nos métiers. Le SNES-FSU ne se contentera pas d’une seule augmentation du point d’indice qui plus est inférieure à l’inflation réelle. Des mesures de rattrapages pour compenser les pertes accumulées depuis 10 ans et une revalorisation salariale sans contreparties doivent être inscrites dans la loi de finance rectificative que la future majorité gouvernementale, quelle qu’elle soit au soir du 19 juin, devra préparer pour l’été.