CSE

CSE du 27 mars 25 – Déclaration préalable du SNES-FSU

Madame la Directrice, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Cinq ans après le Covid, de nouvelles orientations politiques font encore l’impasse sur les enjeux pour la jeunesse. Le SNES-FSU s’oppose à toute diminution des budgets de l’Éducation, de la santé et des services publics au prétexte de financement de l’effort de défense. Les tensions internationales et les menaces sur la sécurité de l’Europe justifient en effet pour le président Macron le doublement du budget militaire qui passerait de 50 à 100 milliards au détriment d’autres priorités.

La Nation a une responsabilité particulière envers la jeunesse et la séquence qui s’ouvre ne doit pas être celle d’une génération sacrifiée. Le SNES-FSU rappelle plus particulièrement son attachement à l’éducation pour la paix : refus de toute militarisation de la jeunesse, notamment à travers l’uniforme, les classes défenses, les classes engagées et le SNU qu’Emmanuel Macron cherche à réactiver sous une énième forme, opposition à toute instrumentalisation de l’EMC et du parcours citoyen.

Le 6 mars, une proposition de loi sénatoriale a été adoptée permettant la fouille inopinée des élèves «en cas de menace pour l’ordre et la sécurité au sein de l’établissement » par le chef d’établissement, son adjoint ou le ou la CPE. La sécurité des élèves et des personnels doit être au centre des préoccupations mais cette mesure risque d’accroître les tensions entre jeunes et adultes. C’est avec des vies scolaires renforcées que l’on pourra affronter la problématique des violences dans les établissements.

Les CPE, dont le cœur du métier est le suivi éducatif des élèves, ne sont pas des agent·es des forces de l’ordre. Miser sur le volet répressif et non éducatif n’a jamais permis de lutter contre la violence. Le décret à l’ordre du jour du CSE sur «le renforcement de la procédure disciplinaire » est là aussi une réponse répressive, un pas de plus vers la judiciarisation en milieu scolaire. Le « droit pour les élèves de conserver le silence » va en outre bloquer toute démarche éducative des équipes avec une impossibilité d’échanger avec les élèves.

Alors que se multiplient les études sur la nette dégradation de la santé mentale des jeunes, le SNES-FSU défend une politique éducative qui redonne du temps aux équipes pluriprofessionnelles pour accompagner les élèves, prévenir les difficultés par la prévention. Il faut surtout en finir avec toutes les mesures et réformes (Parcoursup, contrôle continu comptant pour le baccalauréat, groupes de niveaux, évaluations standardisées etc.). Elles créent de l’anxiété et de la tension tout en contribuant d’empêcher la concertation avec les personnels.

Mi-mai, les assises de la santé et du bien-être des élèves ne sauraient aboutir à mettre sous la coupe des médecins, l’action des PsyEN, infirmier·es et assistantes sociales alors que leur présence manque tant sur le terrain, faute de recrutement.

Ces assises pourraient également annoncer la création d’« un livret éducatif de santé par élève » : le SNES-FSU conteste toute volonté de promouvoir et évaluer avec ce support des compétences psychosociales déconnectées des apprentissages. Il alerte tout particulièrement sur l’utilisation à contre-sens d’un tel livret dans le cadre de la mise en œuvre de l’Evars, un programme d’enseignement où l’évaluation individuelle est inappropriée et déconseillée.

Lors de sa séance du 30 janvier, le Conseil supérieur de l’Éducation, sur l’initiative de la FSU, de l’UNSA, de la CFDT, du SNALC, et de SUD a adopté un vœu pour le report de l’application des nouveaux programmes de français et mathématiques de cycle 3, et de langues vivantes étrangères et régionales.

Nous renouvelons donc cette demande : il faut d’une part laisser du temps aux collègues pour découvrir et se former aux nouveaux programmes. D’autre part, de nombreuses écritures sont à revoir, comme dans la partie grammaire du programme de français du cycle 3, pour corriger les erreurs et approximations. Par ailleurs, toute remarque désobligeante et condescendante à l’encontre des professeur·es n’a pas lieu d’être dans un programme.

En Sixième et Cinquième, la ministre a expliqué vouloir maintenir les groupes de niveau à la rentrée pour que la DEPP et l’IG puissent mener à terme l’évaluation de ce dispositif sur une cohorte complète. Les premiers éléments de cette étude, comme la ministre a pu en faire état indirectement devant le Sénat, confirmeraient toutes les analyses et constats du SNES-FSU.

Il exige donc du ministère qu’il communique au plus vite les premiers enseignements de cette enquête pour en finir sans attendre avec les groupes de niveau dès la rentrée 2025. Cinq mois après l’annulation par le Conseil d’État de l’arrêté et de la note de service organisant les groupes de niveau sur les quatre années du collège, les nouveaux textes (décret et arrêté) rejetés à la quasi unanimité examinés lors du CSE le 20 janvier 2025, ne sont toujours pas parus.

Ce peu d’empressement préfigure-t-il un recul et une réponse aux mobilisations qui progressivement ont permis de neutraliser une grande partie des mesures du « Choc des savoirs » ? Le SNES-FSU continue de s’opposer aux groupes de niveau et appelle les équipes de collège à maintenir la pression pour obtenir leur dissolution et la suppression de toutes les mesures qui pèsent sur la charge de travail des collègues (alignements, brassages, progressions et évaluations communes imposées).

En classe de Seconde, les parcours renforcés destinés aux élèves sans DNB, resteront sans effet si aucun moyen fléché n’y est associé. Leur seul mérite est de venir parachever l’abandon du DNB examen d’entrée au lycée et l’extinction des classes Prépa-Seconde dont la récente note de la DEPP confirme leur échec.

L’épreuve anticipée de mathématiques comme l’épreuve pratique au bac STI2D se mettent en place de manière précipitée ce qui empêche de répondre aux problématiques posées aux élèves comme aux personnels par ces deux initiatives. Un report à juin 2027 serait plus raisonnable, permettrait de préparer les élèves dans d’autres conditions et de mieux évaluer les impacts de ces nouvelles épreuves sur l’organisation du lycée et les moyens à déployer pour équiper les établissements.

Enfin, des annonces sur la formation initiale semblent prévues en fin de semaine. Le SNES-FSU n’accepterait pas qu’avant même l’ouverture de concertations avec les organisations syndicales le 2 avril, des arbitrages soient communiqués à la presse. Par ailleurs, sans mesures salariales pour revaloriser les carrières des personnels, la crise de recrutement ne pourra pas être jugulée. Les personnels mobilisés le 3 avril à l’appel de la FSU, de l’UNSA, de la CGT et de Solidaires rappelleront la priorité à donner aux salaires, aux retraites et aux services publics.