Inégalité salariale, différence de traitement, violences faites aux femmes… Les femmes du service public ne sont pas épargnées, et notamment dans l’Éducation nationale. Pourtant, leur sort ne semble pas inquiéter le Ministère outre mesure, qui préfère déléguer aux académies une problématique décrite comme “grande cause du quinquennat”.
Mettre fin aux violences sexistes et sexuelles : un combat syndical
Depuis de nombreuses années, le SNES et la FSU agissent sur ce dossier par des mobilisations, des interventions à tous les niveaux (local, académique, national) pour faire accompagner les collègues victimes, faire valoir leurs droits et développer les plans de prévention.
Ludivine Debacq, CPE et responsable du groupe égalité femmes-hommes au SNES-FSU
Car non, les violences sexistes et sexuelles ne sont pas réservées au secteur privé : les fonctionnaires sont sur-représentées parmi les victimes.
Dans la Fonction publique, malgré les intentions affichées, les actions en faveur des droits des femmes, les moyens réels mis en place sont très insuffisants. Ils ne permettent pas de faire reculer les violences sexistes et sexuelles dans la sphère professionnelle.
L’État doit prendre ses responsabilités en identifiant, en accompagnant et en protégeant les victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS) sur leur lieu de travail, se contenter parfois de déplacer les victimes, ce qui est vécu comme une double peine par ces dernières est inacceptable.
Les employeurs publics ont l’obligation d’informer, d’orienter, de protéger et d’accompagner les victimes de VSS. Il est urgent d’informer les agent-es sur leurs droits et de mettre en œuvre de façon systématique la protection fonctionnelle qui prévoit protection, assistance et réparation.
Les services publics doivent être dotés de moyens humains et les personnels doivent bénéficier de formations sur les VSS pour jouer pleinement leur rôle dans la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes à tous les niveaux (éducation, travail social, santé, médico-social, justice, intérieur…).
Pour les violences faites aux femmes, les employeurs publics ont un devoir d’exemplarité.
Le SNES-FSU réclame :
– L’extension effective des dispositifs RH d’écoute et de traitement des faits de violence aux violences domestiques
– La mise en place d’une plaquette sur les droits des victimes
– Autorisations d’absence pour effectuer les démarches administratives
– L’accès garanti à la médecine de prévention
– Des aménagements du travail liés à d’éventuels dommages physiques et/ou psychologiques
– Des aménagements liés aux modifications de l’exercice de la parentalité
– L’affectation provisoire voire définitive sur préconisation médicale ou sociale
– L’accès à des solutions temporaire ou pérenne de relogement (SRIAS, 1 % logement…)
– Et concernant l’auteur reconnu par la justice : une mutation d’office s’il exerce sur le même lieu de travail que la victime
Lors de la 4ème édition de L’émission du SNES-FSU, Ludivine Debacq, CPE et responsable du groupe égalité femmes-hommes au SNES-FSU évoquait les violences sexistes et sexuelles dans le service public.
Au-delà des violences, rappelle Ludivine Debacq, le SNES-FSU se mobilise plus largement autour des questions d’égalité femmes-hommes. Les retraites ou les rémunérations sont aussi des enjeux forts sur les questions d’égalité.
Des inégalités salariales indignes d’un service public
Pendant longtemps, la thématique des discriminations femmes-hommes dans cette institution a été enfouie comme si elle ne pouvait être que l’apanage du secteur privé. Et pourtant, dans la Fonction publique aussi, les femmes sont moins bien payées que les hommes, leurs carrières avancent moins vite et les lieux de travail peuvent être des lieux de violences sexistes et sexuelles.
En France, à temps de travail équivalent, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est de 15,8 %. Selon Eurostat, cet écart s’est même renforcé de 1,3 % en dix ans et place notre pays en 23ème position, soit presque 3 points en dessous de la moyenne européenne. Symboliquement, les femmes travaillent gratuitement du 4 novembre au 31 décembre.
Par son inaction, le gouvernement porte donc une lourde responsabilité sur ce constat inacceptable et doit agir rapidement et concrètement pour éradiquer cette injustice sociale !
Les interventions syndicales ont aussi permis d’avancer sur la question de l’égalité professionnelle : dans l’Éducation nationale, le ministère et les rectorats ont dû s’asseoir à la table des discussions et, sous la pression du SNES et de la FSU, des avancées ont été gagnées à travers les plans d’action pour l’égalité professionnelle. Mais le compte n’y est pas encore.
Sophie Vénétitay et Ludivine Debacq
Dans la Fonction publique, l’axe 3 des accords « égalité professionnelle », qui concerne justement l’égalité salariale n’a bénéficié d’aucune mesure ambitieuse. Pire : les mesures générales envisagées pour de prétendues revalorisations s’appuient sur des primes et/ou de l’indemnitaire quand toutes les études s’accordent à démontrer que ce travailler plus pour gagner plus est défavorable aux femmes.
Pour sortir les femmes professeures, CPE, Psy-En, AESH ou AED de cette spirale infernale de perte de pouvoir d’achat année après année, le gouvernement doit s’attaquer aux racines des inégalités. De véritables négociations doivent se mettre en place et aboutir à des mesures concrètes pour revaloriser les métiers les plus féminisés et pour engager des plans de recrutements statutaires et ainsi combattre la précarité.
Alors, du 1er au 8 décembre, votons toutes et tous pour dénoncer les inégalités au travail. Rappelons une exigence, notre exigence : une société plus égalitaire et plus juste passe nécessairement par la réalisation concrète, et dans les faits, de l’égalité femmes-hommes !