Bilan de la mise en place des programmes

Unique et interlangues, adossé au Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL), le programme de même que les documents d’accompagnement ne résolvent en rien les difficultés d’objectifs et de lisibilité que rencontraient déjà les enseignant.e.s avec les anciens programmes.

En effet, l’absence de repères annuels contraint les enseignant.e.s à décider seul.e.s de la répartition du programme entre la Sixième ou la Troisième en LV1 ou entre la Cinquième et la Troisième en LV2. L’horaire de LV2, à 2h30 par semaine, et l’horaire variable concernant les sections euros rendent, par ailleurs, difficile la mise en place des programmes.

Des attendus discutables

En fin de Troisième, deux activités langagières de niveau B1 en LV1 et deux de niveau A2 en LV2 doivent être atteintes. L’absence de priorisation des activités langagières conduit à de grandes inégalités entre les élèves en fonction des choix des professeur.e.s.

Les niveaux visés sont discutables car les élèves ont des niveaux hétérogènes (sections bilangues, européennes, bilingues…) : il est par exemple absurde d’attendre un niveau A1 pour des élèves qui ont parfois commencé une langue en primaire.

Des entrées thématiques existent tant au cycle 3 (la personne et la vie quotidienne, repères géographiques, historiques et culturels, l’imaginaire) qu’au cycle 4 (langages, école et société, voyages et migrations, rencontres avec d’autres cultures). Ces thématiques – ressemblant à celles des anciens programmes – ne permettront pas à tou.te.s les élèves d’acquérir une culture commune nécessaire à la poursuite des études au lycée : sans indications annuelles, les thématiques pourront être traitées très différemment d’un.e enseignant.e à l’autre.

Le choix d’un programme unique inter-langues a une autre conséquence importante : les aspects linguistiques et culturels se trouvent minorés.

Quelles exigences ?

Les anciens programmes pouvaient être critiqués pour leur volume trop important et leur description trop détaillée (que l’on retrouve dans les repères de progressivité de certaines langues), l’excès inverse caractérise ces nouveaux programmes. Ainsi, pouvons-nous lire ce type de prescription sans autre indication : « Groupe verbal : expression du présent, du passé, de l’avenir. Modaux. Passif. Construction des verbes ». L’enseignant.e doit alors placer le curseur et les exigences.

Nos propositions

Pour le SNES-FSU la logique de non-prescription peut aller de pair avec des repères annuels (étude de temps verbaux précis, apprentissage du lexique d’un champ culturel donné…). Par exemple, dire que tel aspect linguistique ou culturel doit être absolument traité à tel niveau du collège n’empiète en rien sur la liberté pédagogique qui consiste à choisir la manière de traiter la question commune.

Les repères de progressivité censés aider l’enseignant.e dans sa progression linguistique se réduisent aux niveaux du CECRL, donc n’apportent rien de plus. L’enseignant.e se retrouve bien seul.e face à ses choix…

La cohérence pédagogique ne peut pas seulement être portée par les enseignant.e.s au sein de la classe : des pistes sont nécessaires.

Le SNES-FSU demande l’introduction de repères annuels, culturels et linguistiques, par langue (ex : tel temps en LV1 en Sixième, tel point historique en LV2 en Quatrième, etc.) et une clarification des objectifs à atteindre en fin de cycles, de façon à harmoniser les attendus, avant le passage des élèves en Seconde notamment (le niveau A2 dans les cinq activités langagières nous semblant être une piste à travailler pour les LV1 et LV2 « ordinaires »). La clarification devra aussi avoir lieu concernant les élèves bilingues, bilangues, en « euros » car on ne peut pas attendre la même chose des élèves qui bénéficient d’un « renforcement linguistique » auquel n’ont pas accès les autres. En langues régionales, des précisions s’imposent sur les contenus et les attendus car de nombreux élèves viennent de filières bilingues ou en immersion, alors que d’autres débutent. Des documents d’aide doivent être communiqués aux enseignant.e.s.

Contact : lver@snes.edu

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