Les enseignants ont l’habitude de voir l’histoire instrumentalisée dans des batailles idéologiques où la mauvaise foi de certains politiques et éditorialistes le dispute à la méconnaissance de la réalité de l’enseignement dans les classes.
Contresens
Le week-end des 23 et 24 mars un article de L’Est Républicain a déclenché un buzz médiatique alimenté par les tenants, à droite et à l’extrême droite, d’une conception de l’histoire comme roman national, et non comme discipline critique. Intitulé «La deuxième bataille de Verdun est enclenchée », cet article, donnant la parole au maire de Verdun, affirme que « la bataille de Verdun sera balayée des nouveaux programmes officiels de lycée annoncés pour la rentrée de septembre 2019. Remplacée par la bataille de la Somme, plus internationale ! ».
Peu importait que cette indignation découle d’une lecture erronée des programmes. Peu importait que dans les textes actuels, la bataille de Verdun ne soit pas davantage mentionnée, ni dans le programme de Troisième depuis 2016, ce qui n’a jamais empêché les professeurs d’évoquer cette bataille dans le cadre d’un cours sur la Première Guerre mondiale. Peu importait, surtout, l’ensemble des critiques de fond que les organisations syndicales, et au premier chef le SNES-FSU, avaient pu porter sur ces nouveaux programmes, sur la nouvelle structure du lycée, et la nouvelle organisation du baccalauréat.
Diversion
Débordé sur sa droite, J.-M. Blanquer a saisi l’opportunité de la polémique pour détourner l’attention des nombreuses actions menées contre ses réformes, en prenant position via son compte Twitter. La rapide réponse politique apportée à une véritable offensive identitaire contraste avec le mépris dans lequel est tenue, elle, la parole des professionnels.
Amélie Hart-Hutasse
US MAGAZINE – Supplément au n° 786 du 9 mars 2019
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