La stratégie vaccinale du gouvernement est difficile à suivre, le calendrier a été plusieurs fois revu et pour les personnels de l’Éducation nationale, la cacophonie gouvernementale révèle une impréparation qui rappelle les ratés des masques et des tests.
Pour le Snes-FSU, les personnels de l’Education nationale (et pas seulement les enseignants) volontaires doivent être prioritaires pour la vaccination, le processus doit être accéléré avec notamment un calendrier permettant une vaccination des personnels de l’éducation volontaires avant la reprise en présentiel le 3 mai.
Mise à jour 16 avril
Jean Castex a annoncé une priorité pour les personnels de plus de 55 ans. L’occasion de rappeler que depuis le 12 avril, tous les plus de 55 ans, sans conditions, peuvent se faire vacciner. De nombreuses questions restent sans réponse, à commencer par la principale : quelle est la stratégie vaccinale d’ensemble pour l’Education nationale ?
Mise à jour 12 avril
Emmanuel Macron tenté de justifier le calendrier vaccinal de l’Education nationale en opposant artificiellement différentes tranches d’âges, opposant “l’enseignant de 30 ans” à “ses parents de 70 ans”. Une preuve de plus de l’impréparation logistique mais aussi de l’absence de toute considération pour l’Education nationale. Si cette dernière est bien une priorité, alors il faut protéger les personnels, ce qui passe notamment par une vaccination prioritaire et accélérée.
Mise à jour 9 avril
Les déclarations contradictoires se sont multipliées ces dernières semaines et ces derniers mois.
- 3 janvier : à la question d’un journaliste sur BFM “y a t il, souhaitez vous qu’il y ait une priorité donnée aux personnels de l’Education nationale dans les semaines qui viennent par rapport à ce vaccin ?”, la réponse de Jean-Michel Blanquer est la suivante : “alors c’est prévu, c’est normal, puisque ça fait partie des personnels qu’on peut appeler de premier rang. Ça serait souhaitable au mois de mars au plus tard, si on arrive à le faire avant ça serait bien”
- 5 janvier : sur Europe 1, le calendrier ministériel devient plus flou “l’objectif” est “de pouvoir commencer au mois de mars si possible”.
- Le 10 janvier : le calendrier est cette fois plus large sur RTL : La dynamique est enclenchée (…) Cela aura lieu forcément dans le courant du premier semestre”, a expliqué Jean-Michel Blanquer. Tout en précisant “Il faut arrêter les déclarations dans tous les sens qui créent du désordre”
- Le 1er mars, Olivier Véran, invité du JT de France 2 balaye toute hypothèse de priorité pour l’Education nationale “Pas de priorisation pour qui que ce soit, en dehors des soignants, des pompiers, pour tous les autres, c’est si vous avez des comorbidités et que vous êtes dans la tranche d’âge“
- Le 23 mars, alors que le sujet est de plus en plus présent dans le débat public, Emmanuel Macron tente de mettre fin au débat en évoquant des perspectives rapides : “A partir de mi-fin avril, nous allons avoir de plus en plus de vaccins qui vont arriver et on sera à ce moment là dans une situation qui nous permettra en effet d’envisager d’avoir des campagnes ciblées sur des professions qui sont exposés, à qui on demande des efforts, les enseignants en feront légitimement partie”
Cela ne met pas pour autant fin à la cacophonie gouvernementale sur le sujet.
- Le 1er avril, à quelques heures d’intervalle, le ministre de l’Education nationale et le ministre de la santé se contredisent dans les médias.
Jean-Michel Blanquer sur RTL “comme le président de la république l’a dit, à partir du mois d’avril va s’amorcer le 1er mouvement de vaccination des professeurs”
Olivier Véran, sur France Inter, au sujet de la vaccination des enseignants “Vraisemblablement pas dans les toutes prochaines semaines”, pour un ministre qui ne “s’engage pas sur un calendrier”.
- 4 avril : Jean-Michel Blanquer précise sur France Inter “s’agissant des professeurs, notre objectif c’est que ce soit dans le courant du mois d’avril, selon des règles de priorité que nous travaillons actuellement, notamment ça commencera par ceux qui s’occupent des enfants en situation de handicap, c’est-à-dire non seulement les professeurs concernés, mais aussi des personnels qui ne sont pas des professeurs mais qui travaillent en milieu éducatif et qui sont avec les enfants handicapés”.
- 5 avril : pour une fois, Jean-Michel Blanquer n’est pas complètement contredit par le ministre de la Santé qui, le lendemain, déclare “d’ici à la fin du mois d’avril”, seuls ceux “qui travaillent en lien avec des enfants atteints de handicap” (soit “plusieurs dizaines de milliers d’enseignants”).
- C’est finalement le président de la République qui rajoute de la confusion, en déclarant à des collégiens (!), le 6 avril lors d’une des seules classes virtuelles qui a pu fonctionner ce jour-là, que les professeurs seraient vaccinés à partir de la mi-juin !
Cette cacophonie est insupportable : si l’Education nationale est bien la priorité que vante le gouvernement dans toutes ses déclarations, alors il doit s’en donner les moyens et cela passe notamment par la vaccination rapide des personnels concernés .
Une priorité pour les personnels de l’Éducation nationale
Les personnels de l’Éducation nationale qui le souhaitent, comme d’autres fonctionnaires et d’autres salariés (caissières par exemple) au contact régulier du public, doivent pouvoir bénéficier d’un accès accéléré à la vaccination. Il y a là un enjeu crucial, collectif et individuel, de réduction des risques de contamination à l’heure où les autorités se targuent de tout faire pour sortir de la crise sanitaire.
Si l’Éducation nationale est bien la priorité que vante le gouvernement, tous les moyens et toutes les énergies doivent être mobilisés pour la faire vivre au quotidien et pour protéger les agents. La vaccination doit être un outil intégré à une stratégie cohérente et complète de de protection et de prévention. Pour l’instant, et depuis un an, l’Éducation nationale n’a ni l’un, ni l’autre.
La situation au 21 mars
En l’état actuel, les agents de plus de 50 ans atteints de comorbidités listées par la HAS peuvent être vaccinés dès maintenant. Cette opération n’est pas prévue pour se faire dans un cadre professionnel, elle se fait donc chez son médecin traitant, un pharmacien, un centre de vaccination ou un service de médecine de prévention.
Le SNES, avec la FSU, a demandé à la ministre de la Fonction publique que les agents puissent bénéficier d’une autorisation d’absence pour vaccination. La ministre a institué ce droit, mais uniquement pour les vaccinations qui se font dans les services de médecine de prévention. Dans ce cas l’agent qui souhaite être vacciné en passant par la médecine de prévention doit simplement informer son chef de service qu’il rencontre le médecin de prévention à sa demande, sans avoir à en préciser le motif (pour préserver le secret médical) et sans avoir à récupérer ce temps d’absence.
Mais tout le monde sait à quel point l’Education nationale manque de médecins du travail. La vaccination par la médecine de prévention à l’Education nationale va donc être quasiment inexistante et pour les personnels de ce ministère, que se passera-t-il si la vaccination a lieu pendant le temps de service ?
Le SNES, avec la FSU, demande que toute facilité soit accordée aux personnels de l’Education nationale pour qu’ils puissent s’absenter pour être vaccinés, sans pénalité financière, sans avoir à rattraper le temps de service, tout en préservant le secret médical.
Non au jour de carence !
La FSU est intervenue pour exiger que le jour de carence ne soit pas appliqué en cas d’arrêt lié à des effets secondaires de la vaccination. Si vous êtes dans cette situation, contactez-nous ou contactez votre section académique.
Situation des collègues vulnérables
Les collègues en travail à distance du fait de leur vulnérabilité ne doivent pas revenir en présentiel après la première injection.
Après la deuxième, il ne peut y avoir de pression en ce sens de la part de la hiérarchie, cela ne peut résulter que de la volonté et du choix de l’agent et en ayant de préférence consulté son médecin traitant. Dans l’hypothèse d’un retour en présentiel, les personnels vulnérables doivent conserver toutes les mesures de protection définies par le décret du 10 novembre.
Dans les autres pays ?
Le secteur international du Snes-FSU a interrogé les syndicats d’autres pays pour avoir un tour d’horizon complet de la situation.