Le sentiment d’avoir été « instrumentalisés »…
Ce Conseil Scientifique est censé mettre à la portée de tous les acteurs de l’éducation nationale, parents compris, ses recommandations ainsi que des outils pédagogiques fondés sur la recherche, l’expérimentation et la comparaison internationale. Il est présidé par Stanislas Dehaene, qui fut l’un des co-pilotes de la mission « Exigence des savoirs »i, sur laquelle s’est appuyé Gabriel Attal pour son « Choc des savoirs ». « On a le sentiment que le CSEN a été instrumentalisé comme caution scientifique pour des mesures qui vont à l’encontre des résultats de la recherche » a dénoncé l’économiste Julien Grenet.
Protester contre un tri scolaire et social
De plus, pour l’économiste Julien Grenet, ces mesures scellent une politique de tri, tant scolaire que social : « 60 % des enfants favorisés seraient dans les groupes forts et seuls 13 % dans les groupes de niveau faible, tandis que ces chiffres sont respectivement de 19 % et 44 % pour les élèves défavorisés » (article du Monde).
Dénoncer la politique de ressources humaines
Le manque d’attractivité du métier est devenu patent ; les démissions se multiplient. Les professeur.es de français et de mathématiques vont manquer pour prendre en charge les regroupements de niveau en Sixième et en Cinquième à la rentrée 2024, puis sur les quatre niveaux du collège à la rentrée 2025.
Pour pallier ce manque de ressources humaines, le ministère avait prévu notamment d’embaucher des non-titulaires. « Un non-sens », dénonce Julien Grenet, alors que les chercheurs insistent sur l’importance de placer des personnels bien formés devant les élèves.
A titre d’exemple, le recteur de Toulouse prévoit le recrutement de 50 contractuels en français et de 50 contractuels en mathématiques. Ces personnels non-titulaires seraient formé.es dans l’urgence. En outre, le recteur a cru bon de préciser qu’il diffuserait la consigne de ne pas confier de groupes d’élèves en difficulté à ces personnels ! Doit-on en déduire que moins on est formé.e, plus on est jugé.e apte à enseigner à des élèves maîtrisant les objets d’étude ?
Quant à la DPE (Division des Personnels Enseignants) de l’académie d’Amiens, elle a formalisé son mépris pour l’expertise des professeurs de mathématiques. En effet, elle diffuse un document à l’attention des professeurs de technologie, SVT, et physique-chimie, qui se retrouvent en complément de service, afin qu’ils sollicitent l’autorisation d’enseigner les mathématiques en Sixième et/ou en Cinquième au sein de leur établissement d’affectation l’année prochaine ! Ils sont aussi invités à préciser la quotité de service souhaitée ! Le SNES-FSU rappelle qu’on ne peut imposer l’enseignement d’une discipline autre que pour laquelle un.e professeur.e a obtenu le concours (obligations réglementaires de service de 2014).
Le SNES-FSU appelle à poursuivre le combat contre ce « choc des savoirs », qui va considérablement dégrader les conditions de travail et d’apprentissage dans le service public d’éducation. La démission de ces trois scientifiques est une énième pierre dans le jardin d’un ministère de plus en plus isolé, qui doit entendre la communauté éducative et abandonner son projet !