Après avoir mis en place ou revisité une multiplicité d’instances, et pris diverses mesures plus moins éparses, le ministère aborde actuellement le cœur de ses réformes : le collège, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et les programmes de la scolarité obligatoire, dans un contexte politique peu engageant. Quelle conception du système éducatif se dessine ?
La loi de Refondation, publiée en juillet 2013, a d’abord été l’opportunité pour le ministère de découper la scolarité à l’école et au collège en cycles de trois ans, dont le cycle CM1-CM2-Sixième, qui ont donné prétexte à l’instauration des conseils de cycle 3 et école-collège. Le conseil pédagogique a ensuite été revisité et ses champs de compétence élargis, par exemple « aux modalités de l’accompagnement pédagogique des élèves ». Dernièrement, le décret sur les indemnités pour missions particulières instaure un coordonnateur de niveau d’enseignement et un coordonnateur de cycle. Ces mesures renforcent le poids des hiérarchies et instaurent un mille feuille de fonctions intermédiaires dont il est à craindre des dérives : la multiplication de réunions inutiles et chronophages, ainsi que la tentative d’imposer des pratiques et des organisations pédagogiques au mépris des réglementations et de la liberté pédagogique.
Dans ce contexte, la proposition bien floue d’instaurer 20 % de marge d’autonomie n’est pas acceptable : autonomie de qui, pour quoi faire ?
REPRISE EN MAIN MINISTÉRIELLE
L’élaboration du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, donnant pour la première fois dans l’histoire du système éducatif un cadre cohérent aux programmes du CP à la Troisième, aurait dû être l’occasion d’un travail concerté, prenant le temps de bien faire. Or le ministère, reprenant la main sur le Conseil supérieur des programmes, a déconnecté la partie sur l’évaluation. Si ce socle reste clairement en rupture avec celui de 2005, en ce qu’il construit une culture scolaire commune en vue de la poursuite des études et non un ensemble de compétences utilitaristes visant une employabilité, les écritures ont été affaiblies. Par ailleurs, le rythme imposé de production de l’ensemble des programmes en quelques mois, dans une totale opacité, avec une consultation expresse prévue du 10 avril au 26 mai, en période de congés, inquiète quant à la qualité de ce qui sera à mettre en application dans les classes.
Le SNES-FSU estime que cette réforme, en l’état, n’est ni acceptable, ni à la hauteur des enjeux. Il continue à faire pression pour que la réforme du collège réponde aux attentes de la profession :
des programmes qui tiennent la route, du temps de concertation, des possibilités de travail en petits groupes et de la formation. Il appelle les collègues à s’organiser collectivement dans les collèges pour refuser l’inflation des réunions et pour dire leur opposition aux soi-disant bonnes pratiques qui n’ont le plus souvent de mérite que de soutenir des visées idéologiques.
Valérie Sipahimalani
Pour en savoir plus : www.snes.edu
Axes de la réforme présentés par Najat Vallaud-Belkacem
◗ 20 % d’autonomie.
◗ LV2 en Cinquième.
◗ Accompagnement sur tous les niveaux.
◗ Accent sur les « savoirs fondamentaux ».
◗ Distinction entre enseignements théoriques et enseignements pratiques interdisciplinaires.
◗ Implantation de 4 000 postes.
◗ La dotation globale par division ne diminuerait pas (mais les horaires disciplinaires, oui !).
En bref, reprise d’éléments de la réforme du lycée et du socle de 2005, dont on connaît l’inefficacité.