Comme d’autres disciplines, les SES n’échappent pas à diverses pressions. Les milieux patronaux multiplient les sorties pour dénoncer un enseignement pas assez tourné vers la promotion de l’entreprise (voir L’US Mag n° 768, p. 10).

Une commission mixte CNEE-CSP a été mis­sionnée par le ministère pour conduire un audit des contenus de la discipline. Le SNES-FSU a demandé à être entendu pour faire connaître son analyse sur ces programmes. Ces derniers, très lourds, avec une longue liste de notions, mettent en difficulté les enseignants et les élèves, sommés de boucler le programme au pas de charge, sans avoir ni le temps ni la possibilité d’une réflexion poussée. En effet, l’entrée par des notions et non par des objets d’étude minimise la réflexion cri­tique, en évitant les questions « vives ».

Les programmes de 2011 se caractérisent aussi par un cloisonnement disciplinaire interne, aux antipodes de l’identité des SES. La plupart des thèmes sont étudiés sous un angle unique, et non plus en croisant les regards disciplinaires : par exemple, la mondialisation ou le marché seront réduits à des enjeux économiques, en évacuant leurs dimensions sociales, politiques, anthropologiques, etc.

Refonder les programmes

Le SNES-FSU a rappelé quelques principes sur la construction des programmes : une combinaison équilibrée des disciplines associée à un réel pluralisme théorique, une entrée par objets, la possibilité de mettre en œuvre diverses méthodes pédagogiques. Il a mis en garde contre toute tentative de fétichisation de la modélisation, rappelant que les SES s’adressent à des élèves de 15/18 ans et non à des étudiants en troisième cycle de finance. Les programmes doivent être élaborés à l’abri de toute tentative d’instrumentalisation politique. C’est pour cette raison que le SNES-FSU a aussi dénoncé le partenariat passé entre le ministère et l’Institut de l’entreprise : ce dernier organise des formations à destination des professeurs, notamment de SES, sous le regard bienveillant du ministère !

Les programmes de SES doivent donc être construits pour les élèves et avec les enseignants, pour permettre la compréhension des enjeux économiques et sociaux du monde contemporain et non pour répondre aux lubies de certains chefs d’entreprise. Le rapport du CNEE-CSP sera rendu public après l’élection présidentielle, et le SNES-FSU y sera très attentif.

Sophie Venetitay, Romain Geny