Paroles, paroles….

Depuis 6 mois, Emmanuel Macron et Pap Ndiaye n’ont cessé de souffler le chaud et le froid sur le dossier des rémunérations. Dernier revirement en date, la promesse de 10% d’augmentation sans conditions en 2023 comprendrait en réalité les maigres primes du précédent quinquennat, faisant alors des +10% une moyenne entre les professeurs et les deux quinquennats ?!

Retour sur des déclarations qui ont entretenu le flou…et quand c’est flou…


Acte 1 : le prof bashing pour justifier l’absence de mesures générales sur les salaires

Lors de la présentation de son programme, le candidat Emmanuel Macron juge ainsi « difficile de dire qu’on va mieux payer tout le monde, y compris ceux qui ne sont pas prêts à s’engager et à faire plus d’efforts », répétant ici ou là ne pas croire en une “revalorisation homogène de tous les enseignants”.
Des propos insultants qui surfent sur le prof bashing et qui s’inscrivent dans une basse stratégie de racolage électoral.

Acte 2 : quand le président candidat se souvient que les personnels votent

En difficulté dans l’entre deux tours de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron rétropédale en annonçant une augmentation de 10% des salaires de tous les enseignants, sans conditions, pour janvier 2023.

Quelques heures plus tard, son entourage vient nuancer les propos, cette hausse est un « ordre de grandeur » et le niveau précis de cette hausse de salaire sera “affiné”, insistant surtout sur l’objectif de  pas un professeur en dessous de 2000 euros nets par mois. Les milieux et fin de carrière semblent déjà sortis du paysage. Un revirement de situation symbole des atermoiements présidentiels : le candidat président a-t-il vraiment eu l’intention d’augmenter les salaires de 10 % sans condition ou tout cela ne relevait-il que d’une piètre stratégie électorale d’un candidat en danger électoral à quelques jours du 2d tour ?

Acte 3 : le président fait sa rentrée à la Sorbonne

Grillant la priorité à son ministre de l’Éducation nationale, Emmanuel Macron ouvre la traditionnelle rentrée des recteurs. Dans un long discours où se mêlent réaffirmation des engagements présidentiels et sorties surréalistes (à l’image d’un président qui semble découvrir l’existence des projets d’établissements), l’objectif d’un professeur débutant à 2000 euros nets est réaffirmé et la président de la République ressort de son chapeau l’augmentation de rémunération de 10 %, sans conditions pour tous les enseignants : « un investissement massif de la nation que nous assumons, que le Ministre va continuer de poursuivre et qui permettra environ 10 % d’augmentation de la rémunération par rapport au statu quo ante pour nos enseignants et là, de manière totalement inconditionnelle ».

Mais rien n’est dit du calendrier (sur tout le quinquennat, en 2023 comme annoncé lors de la campagne?). Et surtout ce montant reste bien éloigné des pertes de ces dernières années et s’accompagne d’un autre volet sur les rémunérations, avec le retour du “travailler plus pour gagner plus” qui n’est en rien une revalorisation puisqu’il s’agit tout simplement de payer des activités supplémentaires.

Acte 4 : des cafouillages ministériels

Invité sur France Info, Pap Ndiaye est interrogé sur le sort des milieux de carrière. Depuis les premières déclarations sur l’augmentation promise pour arrivée à 2000 euros pour les professeurs débutants, le SNES-FSU a pointé l’injustice qu’il y aurait à ne traiter que les débuts de carrière, oubliant les milieux et fin de carrière qui ont pourtant subi de plein fouet l’austérité salariale de ces dernières années. A l’heure où le gouvernement prétend améliorer l’attractivité de nos métiers, il serait pour le moins paradoxal et inacceptable que tous les personnels ne soient pas concernés par une augmentation de salaires : cela reviendrait à aplatir la carrière, voire à remettre en cause le principe de même de carrière, tout en alimentant l’augmentation des démissions en cours dans l’Education nationale.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les réponses du ministre ne permettent pas d’éclaircir les choses. Interrogé sur le calendrier (10 % pour tout le monde en septembre 2023 ?) et les bénéficiaires, Pap Ndiaye évoque un « plat qui dure au moins une dizaine d’année auquel nous devons auquel nous devons toucher pour que les enseignants en milieu de carrière voient leur progression se matérialiser ». Un milieu de carrière à une dizaine d’années ? Bon nombre de collègues ont du sursauter, avant d’essayer de démêler la réponse ministérielle…

En plus d’une très désagréable impression de flou artistique (“Nous préciserons les pourcentages d’augmentation” en octobre” dit le ministre), il ressort de cette intervention l’idée que tous les personnels ne bénéficieront pas d’un rattrapage salarial en septembre 2023 …et souvenons-nous qu’E.Macron évoquait initialement + 10% janvier 2023 !

Acte 5 : l’aveu et l’arnaque ?

Dans un mail envoyé à la profession, le président (se substituant ainsi encore une fois à son ministre de l’Education nationale) écrit quelques lignes révélatrices « Le ministre entamera prochainement les concertations avec les organisations syndicales afin de poursuivre la revalorisation générale de la rémunération des enseignants initiée il y a deux ans. Il s’agit d’un investissement massif pour la Nation, que nous assumons. Le salaire des enseignants aura ainsi augmenté d’environ 10% et aucun professeur ne débutera sa carrière à moins de 2 000 euros nets à compter de la rentrée 2023 ».

Un passage qui sonne comme un aveu : l’augmentation de 10 % pour tous les enseignants comprendrait en réalité les augmentations via les primes Grenelle du précédent quinquennat ! Le +10 % serait alors une moyenne sur les deux quinquennats. Qu’il semble loin les temps des promesses d’une augmentation sans conditions pour janvier 2023 ! Rappelons que les primes Grenelle n’ont concerné que 52 % des personnels et avec des montants parfois dérisoires au regard des pertes accumulés ces 15/20 dernières années (28,50 euros mensuels pour les derniers échelons concernés).
L’aveu d’une supercherie et d’un reniement : le président-ministre vient-il publiquement de renier une promesse de campagne ? Le SNES-FSU exige qu’il clarifie rapidement ses propos.

Les exigences du SNES-FSU

  • Une augmentation des salaires sans contreparties pour toutes et tous. Les CPE et PsyEN sont systématiquement oubliés dans le discours présidentiel et ministériel, c’est inacceptable. Le SNES-FSU exige qu’ils soient concernés par l’augmentation des rémunérations sans contreparties.
  • Un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat et une revalorisation des carrières.
  • Un mécanisme pérenne d’indexation des salaires sur les prix.
  • Une augmentation des salaires des AED et des AESH, ainsi qu’un statut de fonctionnaire de catégorie B pour les AESH.

Dans l’action !

Le SNES, avec la FSU, ainsi que la CGT et Solidaires, appelle à la grève pour les salaires le 29 septembre.

Pourquoi une grève maintenant ? L’action sans relâche du SNES et de la FSU sur la question des salaires commence à faire bouger les lignes. Par exemple, le SNES-FSU a porté un message médiatique clair sur les conditions de rentrée en faisant le lien avec la nécessaire revalorisation de nos métiers et, aujourd’hui, plus personne ne conteste la nécessité d’augmenter les salaires de nos professions. Les débats budgétaires vont s’ouvrir début octobre, notre mobilisation s’inscrit donc dans le contexte où des arbitrages importants vont être rendus. C’est le moment de faire entendre notre voix et nos exigences.

La visibilité de la question éducation est étroitement liée à l’ampleur de la mobilisation : le 5/12 lors de la première journée de grève contre la réforme des retraites en 2019, c’est le taux de grévistes historique qui a mis la lumière sur l’Education nationale et contribué à faire émerger le sujet « retraites et Education nationale”. A nous de jouer pour gagner pour nos salaires !


Retrouvez toutes nos analyses (dégel du point d’indice, travailler plus pour gagner plus…) ainsi que les outils pour mobiliser (tracts et visuels) dans notre article “préparer et réussir la grève du 29 septembre”


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