Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le 17 juin, Jordan Bardella s’est adressé aux femmes et aux filles de France, tentant de consolider ou de renforcer le vote des femmes pour le RN. Le président du Rassemblement national (RN) assure que ses député.es “se battent au quotidien pour obtenir des avancées” en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. Dans cette vidéo, le RN instrumentalise les violences faites aux femmes en désignant une seule coupable : l’immigration. Or toutes les statistiques montrent que dans une écrasante majorité des situations, les auteurs de ces violences sont des proches.
Les député.es RN ont voté contre la ratification par la France de la convention d’Istanbul consacrée à la lutte contre les violences faites aux femmes. Le RN considère par ailleurs que les violences intrafamiliales comme des “disputes conjugales” ou des “problèmes de voisinage” pour lesquelles il est inutile de faire intervenir la police !
Toujours dans cette vidéo, le président du RN promet que l’égalité femme-homme est pour son parti un « principe non négociable ». Dans les faits, au Parlement européen, les eurodéputé-es RN s’abstiennent ou votent contre toutes les mesures visant à faire reculer les inégalités salariales entre les femmes et les hommes.
Le modèle social du Rassemblement national repose sur 2 piliers : l’emploi et la démographie.
Dans son programme, il affirme que pour protéger la protection sociale et notamment le système de retraites, le seul choix viable est celui de la natalité. Il déroule ainsi tout un tas de mesures supposées inciter les couples à faire des enfants, comme par exemple, un système de prêt à taux zéro qui peut aller jusqu’à 100 000 euros, dont le capital restant dû serait annulé dès le troisième enfant. Ces mesures renforcent le RN comme un parti « patriarcal » où les femmes seraient poussées à faire des enfants pour « perpétuer notre civilisation » contre la submersion migratoire et le déclin civilisationnel. La place des femmes pour le RN est à la maison à s’occuper des enfants, comme l’a rappelé le député RN en septembre 2023, Jocelyn Dessigny (sanctionné à plusieurs reprises pour des propos sexistes tenus à l’Assemblée nationale) : “Nous partons du principe qu’une mère au foyer, elle est peut-être mieux à la maison à s’occuper des enfants”.
Sur l’IVG, la PMA ou les violences, le RN, à l’Assemblée nationale comme au Parlement européen, a été clair dans ses votes et sa vision du droit à disposer de son corps, de l’accès des femmes à la santé :
- abstention sur la prise en charge de l’endométriose
- vote contre le congé menstruel
- vote contre une meilleure prise en charge des soins liés au cancer du sein.
On peut aussi citer les nombreuses tergiversations du RN sur le débat concernant la constitutionnalisation du droit à l’IVG où le RN a été le parti le plus clivé à l’assemblée : 46 députés RN ont voté pour, 11 ont voté contre et 20 se sont abstenus. Le parti s’est aussi opposé à l’allongement du délai de 12 à 14 semaines de grossesse pour l’IVG. Comme en Italie avec Giorgia Meloni, partout où l’extrême-droite est arrivée au pouvoir, l’accès des femmes à l’IVG a été rendu plus difficile. En novembre 2020 et en 2021, le RN s’est opposé au parlement européen à une résolution condamnant la Pologne qui interdisait quasi totalement l’avortement. En avril 2024, ils se sont abstenus sur l’introduction du droit à l’avortement dans la Charte européenne des droits fondamentaux.
Par ailleurs, nous pouvons craindre une diminution des subventions des associations de défense des droits des femmes, comme le planning familial, ainsi que des retours en arrière sur l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école, entre autres solutions pour lutter contre le viol et éduquer au consentement. A n’en pas douter, l’invisibilisation des femmes sera rapidement imposée puisqu’en octobre 2023, au bénéfice d’une niche parlementaire, le RN a déposé une proposition de loi prévoyant d’étendre l’interdiction de l’écriture inclusive aux éditions, productions et publications scolaires et universitaires, aux actes civils, aux textes administratifs et aux écrits commerciaux.
Bien loin d’un discours lissé, banalisé et dédiabolisé sur les droits des femmes, le projet du RN reste un projet profondément xénophobe, conservateur, moralisateur et profondément sexiste.
Quelques mesures non exhaustives pour une société plus juste, protectrice et égalitaire
- réclamer pour les jeunes une véritable éducation à l’égalité ainsi qu’à la vie sexuelle et affective, encadrée par une équipe pluriprofessionnelle complète insistant sur la notion de consentement, avec des personnels formés à l’accueil de la parole ;
- Réduire les écarts de salaires entre les femmes et les hommes ce qui implique de réduire la part des primes et indemnités dans la rémunération, ainsi que de réduire le recours au temps partiel subi
- s’engager dans la lutte contre la contractualisation et contre la précarité dont les femmes sont majoritairement les victimes ; dans cette optique, créer un statut pour les AESH métier majoritairement féminisé
- Permettre l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle en développant notamment le service public de la petite enfance et en favorisant la coparentalité (allongement du congé maternité et paternité, amélioration des conditions du congé parental) ;
- défendre la prise en considération des pathologies féminines et de la douleur, le remboursement des médicaments et des protections hygiéniques et obtenir l’abrogation du jour de carence
- réclamer la réouverture des centres I.V.G. fermés, un soutien financier au planning familial et la fin de la clause de conscience des médecins ;
- exiger une loi-cadre sur les Violences Sexistes et Sexuelles ainsi qu’un budget d’un milliard ;
- former les personnels à la Santé et à la Sécurité au Travail, notamment aux V.S.S. ;· réclamer la prise en compte sociale et professionnelle par les employeurs des violences conjugales.
L’extrême droite ne doit pas arriver au pouvoir !
Le SNES-FSU appelle à battre l’extrême droite et à assurer dans les urnes la défaite des idées d’extrême droite et des candidat·es qui les soutiennent. Comme au premier tour, le SNES-FSU soutient le programme du Nouveau Front populaire et les candidat·es qui le portent. les partis politiques doivent faire le choix du retrait de toutes les candidatures qui seraient les moins bien placées pour battre l’extrême droite et ses alliés ou qui favoriseraient son accès au pouvoir. L’Histoire regarde et jugera celles et ceux qui auront été le marchepied de l’extrême droite vers le pouvoir. Dans cette période troublée qui est aussi celle de tous les dangers, notamment pour le monde du travail et les services publics, notre syndicalisme sera un lieu d’action, de résistance, toujours aux côtés des collègues face à ce que pourrait être une prise de pouvoir de l’extrême droite.