La question se pose tant la communication ministérielle est axée sur la seule catégorie des enseignants. En août 2019, le ministre déclarait déjà que les rémunérations annuelles des enseignants seraient augmentées de 300 € en moyenne en 2020. Le SNES-FSU, à l’époque, avait interpelé le ministre à propos des autres catégories, CPE et Psy-En, car il n’était pas envisageable qu’elles soient « décrochées » des enseignants. Réponse de celui-ci : « ceux-là, on les embarque ».

L’agenda social 2020-2021 parle bien de la revalorisation des « enseignants et assimilés ». 400 millions d’euros sont mis en avant pour assurer une revalorisation en 2021 et un plan pour les années à venir est envisagé mais sans aucun chiffrage. Des perspectives bien insuffisantes, loin de contribuer à résorber le déclassement des personnels par rapport à nos collègues des pays de l’UE, mesuré depuis longtemps par l’OCDE. A part une revalorisation des seuls débuts de carrières, le ministre n’envisage que l’attribution de primes dont on sait qu’elles sont discriminatoires.

Un véritable déclassement social de nos métiers

Depuis la fin des années 90, le point d’indice a quasi systématiquement augmenté à un rythme inférieur à l’inflation. Il est gelé depuis 2010 alors que le coût de la vie, lui, ne cesse d’augmenter.

Des collègues CPE, de plus en plus nombreux, vivent mal le déclassement social lié au gel du point d’indice et au décrochage salarial vis-à-vis des enseignants avec l’exclusion des CPE de différents dispositifs et le non paiement des dépassements horaires imposés par les directions. Après la réussite d’un concours exigeant à bac + 5 et dix années d’exercice dans l’Éducation nationale, un-e CPE ne gagne que 2263,35 euros bruts (soit moins de 2000 € nets) auxquels s’ajoute une indemnité forfaitaire (1199,16 € par an). Nos plus jeunes collègues deviennent éligibles à la prime d’activité.

Une « revalorisation » prétexte à une offensive managériale

Le gouvernement entend poursuivre sa stratégie d’une rémunération au mérite, véritable mise en concurrence des agents. Une stratégie mortifère pour nos statuts qui garantissent l’égalité entre agents exerçant les mêmes missions et qui les protègent de pressions des pouvoirs économiques et politiques. Les pratiques managériales d’individualisation selon le mérite ou la performance rendent les rémunérations de moins en moins lisibles et de plus en plus inégalitaires. La réduction des compétences des CAP (Commissions Administratives Paritaires) permettra à l’administration de ne pas avoir à rendre de comptes. Il s’agit également pour le ministre de lier la revalorisation à une redéfinition des métiers.

La première réunion « revalorisation » à l’agenda social s’est tenue le 13 octobre. Le ministre Blanquer a précisé une répartition des 400 millions d’euros entre une prime d’activité (173 millions), une prime d’équipement informatique (178 millions), des mesures catégorielles (45 millions, essentiellement pour les directeurs d’école et personnels de direction) et 4 millions d’euros pour augmenter le taux de promus à la hors-classe. Pour la prime d’attractivité, quatre scénari sont proposés allant de 7 à 135 € nets mensuels en plus (arbitrage en novembre).

La prime d’équipement informatique serait de 150 € et pérenne (versée tous les ans en début d’année). Mais le ministre entend en écarter les CPE, Psy-En et AESH, précisant que « seuls les professeurs exerçant devant élèves » seraient concernés. Inacceptable. Les CPE, pour un travail en distanciel, doivent être équipés au même titre que les enseignants. C’est une nouvelle fois bien méconnaître la réalité de notre métier.

Le SNES-FSU revendique des mesures générales reconnaissant effectivement les qualifications et l’investissement de tous les personnels, des mesures qui s’appuient sur tous les leviers pour améliorer les carrières : dégel de la valeur du point d’indice, revalorisation des grilles de tous les métiers, amélioration des taux de promotion pour parvenir à des carrières fluides permettant à tous les personnels d’atteindre les échelons terminaux de leur corps.


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