Ce déclassement est la traduction d’un manque d’ambition éducative que le SNES-FSU ne cesse de dénoncer et de combattre.
Salaires : le bilan d’un quinquennat
Le quinquennat qui vient de s’achever n’a pas pris en compte la dévalorisation conséquente que subissent les personnels depuis de nombreuses années. Les gouvernements successifs ont théorisé le gel de la valeur du point d’indice et introduit la confusion entre progression de carrière et compensation de l’inflation.
Pour les CPE, certifiés et Psy-En, le salaire de recrutement atteint un niveau historiquement bas à 1,14 fois le SMIC. Ils sont donc éligibles à la prime d’activité. Dans la 5ème économie mondiale, des cadres A de la Fonction publique recrutés à bac + 5 après un concours difficile relèvent d’une politique de lutte contre la pauvreté. Le salaire à l’entrée dans le métier, après cinq années d’études, constitue un repoussoir même pour les étudiants les plus motivés. Après 11 ans de carrière, un CPE en est à 1969 € nets mensuels et il faut attendre 14 ans de carrière pour dépasser les 2000 € nets.
La « revalorisation historique », promesse du ministre sortant, s’est résumée à des mesures bien en deçà des attentes. Elles n’ont fait que renvoyer à des indemnités et primes ne constituant en rien une augmentation pérenne de la rémunération. C’est une remise en cause du principe de carrière, primes et indemnités faisant office d’instruments de management. La prime d’attractivité, très médiatisée, n’a touché au final que 31 % des personnels titulaires en 2021. L’augmentation du taux de l’indemnité forfaitaire CPE (en lieu et place de la prime informatique) s’est limitée à 19,70 € mensuels. Le SNES-FSU revendique toujours un doublement de l’indemnité forfaitaire CPE.
Les conclusions du Grenelle rendues en mai 2021, dans un exercice d’autosatisfaction, ont constitué avant tout une manœuvre et un prétexte à redéfinir nos métiers.
Un mauvais coup de plus pour les CPE
Au printemps 2021, le SNES-FSU dénonçait la duplicité du ministre concernant l’indemnité forfaitaire des CPE. Alors que dans sa communication à la profession, il annonçait une revalorisation de celle-ci, dans le même temps, le décret 2021-275 du 12 mars 2021 venait en restreindre la portée. En effet, ce texte impose la désindexation de l’indemnité forfaitaire de la valeur du point d’indice de la Fonction publique rompant encore un peu plus le lien entre rémunération indiciaire et indemnités. Façon de récupérer d’une main une partie de la revalorisation accordée de l’autre. Un an après nous y voilà, la prime forfaitaire des CPE ne suivra pas la revalorisation de la valeur du point d’indice annoncée. Le SNES-FSU, plus que jamais, revendique l’indexation de l’indemnité forfaitaire des CPE sur la valeur du point d’indice de la Fonction publique.
Nouveau ministre, nouvelles orientations ?
Depuis son arrivée rue de Grenelle, le nouveau ministre de l’Éducation, Monsieur Pap Ndiaye, dans ses premières déclarations, trace une position d’équilibre, voire d’équilibriste, entre rupture et continuité. Il précise dans son courrier du 28 juin, adressé aux seuls enseignants, vouloir faire de « la revalorisation du métier d’enseignant un axe et le principal vecteur de l’ensemble » de ses politiques. Mauvaise pioche, le nouveau ministre vient de s’inscrire dans les pas de son prédécesseur ignorant l’existence des CPE. Une fois de plus, les CPE sont passés par pertes et profits de la communication ministérielle. Gageons qu’à l’occasion d’un éventuel futur mouvement lycéen, le ministère saura retrouver le listing d’adresses des CPE.
Le ministre annonce donc la poursuite des promesses de son prédécesseur et notamment des mesures de revalorisation de début de carrière (mais sous quelle forme?). Pour le SNES-FSU, c’est l’ensemble des carrières qui doit être revalorisé : ne traiter que les débuts de carrière ne peut qu’envoyer un signal désastreux à la fois à tous nos collègues déjà en poste, qui ont perdu 15 à 25 % de pouvoir d’achat en 20 ans, et à celles et ceux qui se destinent à nos métiers, voués alors à connaître une carrière désespérément plate.
Nouveau rendez-vous manqué
Toujours le 28 juin, le gouvernement a annoncé une augmentation du point d’indice de 3,5 %, soit une hausse très en deçà de l’inflation. Sur un an, celle-ci atteint 5,2 % en mai 2022 et est annoncée très prochainement à 7 %. Après des années de gel de la valeur du point d’indice, cette augmentation ne saurait compenser les pertes, ni réparer les conséquences lourdes pour les conditions de vie d’un grand nombre de personnels. Pour le SNES, ces 3,5 % ne peuvent qu’être une étape, encore trop insuffisante et qui en appelle une autre sans délai, tant cette hausse est en décalage avec la réalité de l’évolution du coût de la vie.
Pour une revalorisation ambitieuse et sans contreparties !
Ce n’est pas le « nouveau pacte » présidentiel, version 2022, du « travailler plus pour gagner plus » de 2007, qui revalorisera nos métiers. Alourdir toujours plus la charge de travail des personnels, alors même que ces derniers sont au bord de la rupture et dans l’impossibilité de se concentrer sur le cœur de leur métier, relève d’une continuité désastreuse avec le précédent quinquennat. Le SNES-FSU s’opposera à toute dégradation des conditions d’exercice alors que la charge de travail et la dispersion des missions accablent déjà les personnels qui doutent de plus en plus du sens de leur activité. Aux côtés de la FSU, le SNES revendique une hausse de la valeur du point d’indice de 10 %, un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat subies depuis 2010, une valeur du point d’indice réindexée sur les prix, la refonte des grilles indiciaires, afin de rétablir l’attractivité de nos professions et garantir une progressivité de carrière, une revalorisation sans contrepartie, sans allongement de carrière jusqu’à 65 ans et qui concerne également contractuels, AESH et AED.
Dans les mois à venir, c’est la mobilisation du plus grand nombre qui permettra d’engager l’incontournable rapport de force pour gagner.