Ces discours sont purement idéologiques avec le seul objectif de toucher à l’âge légal de départ. Les projections du Conseil d’Orientation des retraites (COR) indique la probabilité un déficit modéré dans les années à venir. En 2021, le solde constaté est positif à hauteur de 900 millions d’euros contredisant ainsi le message d’Édouard Philippe de 2018-2019. Le COR n’a aucune difficulté à préciser que le poids des dépenses de retraites dans le PIB ne va pas dériver quand bien même on ne toucherait ni à l’âge de départ légal à la retraite, ni au mode de calcul des pensions. Les réformes des 25 dernières années ont déjà fait beaucoup de dégâts et l’indexation des pensions non plus sur les salaires mais sur l’inflation ou encore leur gel a contribué à creuser l’écart entre les retraités et les actifs.
Ce sont les dépenses de retraites qui restent stables (13,8 % du PIB) mais les recettes font l’objet de prévisions et de calculs artificiels. Un facteur qui influe fortement sur les ressources du système est la part des rémunérations des fonctionnaires dans l’ensemble des rémunérations. Leur taux de cotisations (celui de l’agent et celui de l’État) est très largement supérieur à celui des salariés du privé. Ainsi lorsque la part des rémunérations indiciaires des fonctionnaires dans l’ensemble des rémunérations diminue ce qui est bien prévu dans la feuille de route du quinquennat, les ressources pour les retraites diminuent…
L’injustice des 64 ans, des 43 ans de cotisation
Alors que l’espérance de vie ne progresse plus et que l’espérance de vie à la naissance sans incapacité est de 64,4 ans pour les hommes et de 65,9 ans pour les femmes, comment justifier un report à 64 ans de l’âge légal de départ ?
Pour l’essentiel des collègues, il ne serait donc plus possible de partir dès 62 ans, même avec une pension incomplète, et nous devrions rester en activité jusqu’à un âge tardif. La pénibilité de nos métiers, le travail en présence d’élèves, n’est pas reconnue.
L’accélération de la montée en charge du nombre d’annuités nécessaires pour percevoir une retraite à taux plein, passant à 43 ans (172 trimestres) dès la génération de 1965 impacte particulièrement les professions pour lesquelles une durée d’étude importante est nécessaire pour accéder à l’emploi, tel que le professorat, en l’absence de dispositif de prise en compte de ces années d’étude.
Un.e collègue né.e en 1965 recruté.e à 24 ans partant à 64 ans en 2029 après 40 ans d’activité avec toujours de la décote et un taux de pension de 59,3 % contre 63,0 % sans réforme et donc bien loin des 75% du dernier traitement indiciaire.
Salaire et pension sont liés
Le gouvernement est bien dans une démarche idéologique visant à réduire la rémunération du travail et à déséquilibrer plus encore le partage de la valeur ajoutée au détriment des salariés.
Améliorer les salaires de tous, et en particulier résorber les écarts de salaires entre les femmes et les hommes, c’est améliorer les retraites et les financer. La pension du fonctionnaire est un élément constitutif de son statut. Mercredi 18 janvier marquera le début des discussions sur le “Pacte” enseignant. Le gouvernement entend réserver les hypothétiques augmentations de rémunération à ceux parmi nous qui s’engageraient à augmenter leur temps de travail et à élargir leurs missions. Jeu de dupes qui n’est de nature ni à revaloriser nos métiers ni à attirer de nouvelles recrues. Peu de choses sont dites du nécessaire aménagement des fins de carrières, une « retraite progressive » (c’est-à-dire une liquidation partielle de sa retraite pour continuer à travailler à temps partiel) serait possible, ce qui serait une nouveauté dans la Fonction publique mais à partir de 62 ans !
Le débat de société occulté
En l’absence de financement supplémentaire alors que le nombre des plus de 60 ans va mécaniquement augmenter, le gouvernement s’inscrit dans la logique régressive des précédentes réformes. Dans un système économique qui réalise des gains de productivité, la réduction du temps de travail est une forme de partage de ces gains qui est nécessaire pour assurer un minimum de régulation. En deux siècles, le temps de travail individuel a été divisé par deux pendant que le nombre d’emplois augmentait de trois-quarts. En voulant faire travailler les salarié-es plus longtemps, cela revient à rompre le contrat entre les générations.
Renouveler le contrat entre les générations suppose de définir le niveau de vie à garantir pour les retraités avec un objectif de taux de remplacement mais cela ne fait toujours pas partie de l’état des lieux. La FSU pose une question centrale : Quel niveau de vie veut-on assurer aux retraités ?
La continuité du salaire avec un objectif clair de taux de remplacement n’est jamais évoquée. Cela ne rend guère crédible la volonté affichée du gouvernement de restaurer la confiance des français dans leur système de retraite. Le financement des retraites est tout à fait possible avec plus de justice et de solidarité. Nous sommes donc engagés dans un mouvement crucial sur les retraites, les salaires, les statuts, pour empêcher ces régressions.