Au 5 septembre, dans 56% des collèges et des lycées il manque au moins un·e professeur·e Rentrée 2024

Les résultats de l’enquête du SNES-FSU sur la rentrée révèlent l’ampleur de la crise de recrutement et les conséquences pour les élèves et le service public d’Education.

L’objectif présidentiel une nouvelle fois non atteint

Un professeur devant chaque classe à la rentrée ? La ministre démissionnaire assurait lors de sa conférence de presse de rentrée “Nous sommes tous proches de notre objectifs de couverture de 100% des besoins en enseignants”. Si elle ne reprend pas mot pour mot la promesse présidentielle, énoncée également avec force par certains de ses prédécesseurs, Nicole Belloubet s’inscrit sans surprise dans leurs pas. Or, cette année encore, le SNES-FSU est en mesure de montrer que la promesse n’est pas tenue, comme un symbole des échecs de la politique éducative d’Emmanuel Macron depuis 2017.

Ainsi, sur la base d’une enquête réalisée auprès de ses sections d’établissement, le SNES-FSU a pu établir qu’au 5 septembre, il manquait au moins 1 professeur dans 56 % des collèges et des lycées !

Des postes non pourvus, des remplacements de longue durée prévisibles et non remplacés (par exemple des congés maternité ou des congés longue maladie), tout confirme la crise structurelle que traverse l’Education nationale. A ce stade, il est évident que les remplacements en cours d’année ne seront pas assurés. Dans les disciplines, on note un grand nombre de postes de professeurs de français non pourvus, mais également en maths et dans une moindre mesure de langues vivantes, technologie, éco-gestion. La crise de recrutement est telle que toutes les académies, d’une manière ou d’une autre, sont concernées.


Ainsi, dans l’académie de Normandie, il manquait au moins un professeur dans 43 % des collèges et lycées. Parmi les académies les plus touchées, on peut trouver celles de Versailles avec 72 % des établissements dans lesquels il manque au moins un professeur, mais aussi Créteil avec 63 %. D’autres sont moins concernées comme Amiens ou Rennes mais il y manque aussi des professeurs à la rentrée. A Mayotte, sur un échantillon de 20 établissements sur 33, il manque en moyenne 6 professeurs par établissement.

Des enquêtes ont aussi été menées dans les départements :
-Dordogne : au 3 septembre, il manquait au moins un enseignant dans 70 % des établissements (réponse de 37 établissements sur 48
– Gers : au 4 septembre, il manque au moins un professeur dans 46 % des établissements (échantillon de 30 établissements)

D’autres catégories de personnels sont concernées : pour les AESH, notre enquête a ainsi recensé 17 % de collèges et lycées où il manque au moins une AESH. Pour les AED, c’est près de 15 % des établissements concernés.

Méthodologie – enquête réalisée par téléphone et mails auprès des responsables de sections SNES-FSU d’établissements du 30 septembre, 8h au 5 septembre 10h30. Cette enquête a donc vocation à faire une photographie à un instant T.
Échantillon de 893 établissements en prenant en compte le poids de chaque académie, ainsi que la répartition collèges/lycées.

Le bricolage institutionnalisé

3185 postes n’ont pas trouvé preneurs aux concours 2024 du 1er et du 2d degré, dont 1142 rien que sur les concours externes du 2d degré, soit 14% des postes. La ministre assure que les recrutements de contractuels doivent permettre de couvrir les besoins. Mais ces recrutements en catastrophe, avec une formation de parfois seulement quelques jours, ne sont pas acceptables (et peuvent mettre aussi nos collègues contractuels en difficulté) et surtout ils ne permettent en rien de combler les postes vacants et d’assurer les remplacements.

Ainsi, tout au long de l’été, les petites annonces se sont multipliées sur le site de France Travail, avec une nette accélération à la réouverture des rectorats mi-août. Le ministère de l’Education nationale a lancé son propre site de recrutement publiant lui-même des petites annonces. La veille de la rentrée des élèves, le dimanche 1er septembre au matin, on comptait 1301 annonces pour le 2d degré. Le 6 septembre au matin, on en comptait…1646, soit plus que la veille de la rentrée ! La pénurie s’aggraverait-elle à mesure que les jours passent….Des petites annonces sont aussi postées sur Facebook ou sur des listes de diffusion internes et institutionnelles. L’Education nationale est définitivement la plus grande enseigne de bricolage de ce pays !

Source : https://recrutement.education.gouv.fr/recrutement/offres

Les exigences du SNES-FSU

Un nouveau premier ministre vient d’être nommé. Michel Barnier, son/sa ministre de l’Education nationale et son gouvernement doivent prendre la mesure de la grave crise que traverse l’Education nationale. L’Ecole est à un point de bascule et nécessite de mesures d’urgence articulées à des mesures structurelles de long terme.

Il est impératif d’augmenter les salaires de tous les personnels (qu’ils soient en début, milieu ou fin de carrière). Pour le SNES-FSU, outre l’abandon du Pacte, l’évolution de la valeur du point d’indice doit de nouveau être indexée sur l’évolution des prix. Cela implique aussi d’intégrer un mécanisme de rattrapage du point d’indice calculé à partir de la perte de pouvoir d’achat que les personnels ont subi depuis 2010.
Face à décrochage correspondant au quasi-gel du point depuis 14 ans, il faut une augmentation de 15 % du point d’indice. Le SNES-FSU revendique aussi une refonte des grilles qui porterait donc une entrée dans le métier, ISOE comprise à 2500 € net pour les certifié·es, CPE ou Psy-ÉN et 2750 € pour les agrégé·es.

Il est aussi indispensable diminuer les effectifs dans les classes. Ainsi, en collège, le SNES-FSU revendique un maximum de 20 élèves par classe (16 en éducation prioritaire). En lycée, le SNES-FSU revendique 24 élèves par classe (20 élèves par classe dans les établissements qui relèveraient de l’éducation prioritaire).

Le SNES-FSU s’inquiète des hypothèses de Bercy pour profiter de la baisse démographique afin de faire de nouvelles économies. Ainsi, dans un article des Echos, il est fait mention de possibles milliers de fermetures de classes et suppressions de postes. En collège, les experts du ministère de l’Economie envisagent la fermeture de plus de 1000 classes. Au lycée, “l’optimisation des moyens aboutiraient à supprimer 1400 à 1500 postes de professeurs”. Cela ne conduirait qu’à affaiblir davantage le service public d’Education. Au contraire, pour le SNES-FSU, il faut se saisir de la baisse démographique pour revaloriser et ainsi recruter afin de rattraper le retard accumulé depuis plusieurs années. En 7 années de rentrées préparées sous la présidence d’E.Macron, 8865 emplois d’enseignants ont été supprimés dans le second degré public pour 7 441 élèves en plus dégradant toujours plus les conditions d’enseignement et de travail des personnels. Il faudrait 10 617 emplois pour retrouver le taux d’encadrement de 2017 dans le second degré !

Le SNES-FSU débattra et décidera dans ses instances de rentrée des campagnes et mobilisations à venir pour rassembler largement pour nos salaires, nos métiers et le service public d’Education.


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