Le ton était donné en décembre dernier quand 820 suppressions étaient décidées, le ministère ne répartissant pas 350 emplois gardés en réserve, au-delà des 440 suppressions d’emplois budgétées. Ce n’est pas comme si 25 000 élèves supplémentaires arrivaient à la rentrée dans les collèges et lycées publics ! Ce ministre ignore volontairement la question des effectifs de classe, mène une réforme du lycée et du bac à marche forcée, supprime des postes et impose du travail supplémentaire.
Les rectorats et directions académiques ont bien compris le message ministériel : ne vous occupez ni des conditions réelles de rentrée pour les élèves, ni de l’expertise professionnelle des personnels. À l’étage du dessous, il se trouve évidemment des chefs d’établissement pour théoriser les bienfaits des groupes à 35 !
Partie de bonneteau
À Bordeaux, le rectorat refuse de présenter la ventilation des moyens globaux accordés à l’académie. Dans quelques départements, des DASEN zélés anticipent une hypothétique disparition de la carte de l’éducation prioritaire en dotant les établissements sur la base d’un seuil unique d’ouverture de classe y compris en REP et REP+. À Lille, le rectorat diffuse les DHG aux chefs d’établissement avant les instances mais prend prétexte du boycott de ces dernières pour leur ordonner de ne rien dévoiler aux équipes ! Depuis trois semaines, certaines attendent ainsi de savoir à quelle sauce elles vont être mangées. À Créteil, la ségrégation socio-spatiale induite par la réforme du lycée est assumée : l’option « mathématiques-expertes » n’est pas implantée dans tous les lycées les plus populaires.
Partout, dans la rue et dans les instances, le SNES-FSU combat les politiques qui induisent ces situations. Les conseils d’administration sont l’occasion d’alerter parents d’élèves et élus en faisant la transparence sur les effets délétères des mesures antisociales portées avec acharnement par ce gouvernement.
Grégory Frackowiak, USmag, février 2020
En collège : faire plus avec moins
Dans un contexte de suppressions de postes, les dotations horaires de la rentrée 2020 fondent comme neige au soleil mais il faudrait en faire toujours plus.
Dans le contexte des élections municipales, le rectorat d’Orléans-Tours est passé à l’allocation progressive de moyens en appliquant par avance le rapport Azéma-Mathiot. Un seuil unique de dotation fixé à trente élèves y compris pour les établissements REP et REP+, l’Indice de position sociale (IPS), le tout nouvel indice d’éloignement des collèges, et la proportion d’élèves en ULIS et UPE2A s’y combinent et permettent de dépouiller l’éducation prioritaire au bénéfice de petits collèges ruraux éloignés.
La charge de travail s’alourdit encore
Ailleurs, la loi « Pour une école de la confiance » n’est pas appliquée dans sa dimension inclusive : les élèves d’ULIS ne sont toujours pas comptabilisés deux fois, dans leur structure et dans les effectifs de classe. C’est par exemple le cas en Guadeloupe, en Corrèze, à Bordeaux… ce qui surcharge les classes alors que ces élèves ont besoin d’un enseignement différencié.
Les professeurs principaux ne sont pas encore toujours avertis qu’ils vont devoir accompagner les parents dans la dématérialisation des demandes d’orientation et d’affectation. Dans les établissements où la fracture numérique est importante, le surplus de travail sera loin d’être anodin.
Enfin, certains chefs d’établissement décrètent qu’il faut prendre sur la marge d’autonomie, donc renoncer à des dédoublements, pour mettre en œuvre l’accompagnement à l’orientation en Quatrième et en Troisième. Ils entendent bien faire passer l’idée que les professeurs doivent prendre en charge les missions d’orientation des Psy-ÉN.
Le SNES-FSU s’oppose à cette vision purement comptable de l’éducation. Il revendique une baisse des seuils à vingt-quatre élèves par classe (vingt en REP) pour améliorer les conditions d’enseignement et appelle les collègues à refuser tout alourdissement de leur charge de travail.
Anne-Sophie Legrand, USmag, février 2020