Moyens en berne, suppressions de postes, réduction des horaires disciplinaires : tout participe d’une régression en termes d’offre éducative. Une note de l’inspection générale récemment publiée insiste d’ailleurs sur les inégalités territoriales, sociales et genrées que pourrait creuser la mécanique du lycée à la carte, alors que, selon elle, ce dernier devrait constituer un levier pour l’ouverture de l’accès à des enseignements plus nombreux.
Options sacrifiées
La capacité à maintenir l’apparence d’un choix des enseignements à la carte dépendrait ainsi de la possibilité de maintenir les groupes à faibles effectifs. Or, les dotations horaires pour la rentrée prochaine ne le permettront pas.
Sans financement dédié, les options sont sacrifiées sur l’autel de la pénurie.
L’inspection générale pose la question des moyens pour ouvrir des options qualifiées de « premier rang » quand elle les juge essentielles pour la poursuite d’études, à savoir les maths, tant « complémentaires » que « expertes », et DGEMC (Droit et grands enjeux du monde contemporain). Dans ce schéma, elle reconnaît en creux que toutes les autres options – les arts, les langues vivantes et anciennes – sont vouées à disparaître.
Moins bien préparés au supérieur
Le principe d’une spécialisation par élimination d’un enseignement implique mécaniquement une réduction de la formation, tant du point de vue de la diversité que de la cohérence, chaque matière s’affichant comme indépendante les unes des autres.
L’inspection générale se veut rassurante et pense que la variété des combinaisons sera préservée. C’est ignorer les logiques d’un système où les choix sont pilotés par un enseignement supérieur qui dicte ses lois sans pour autant les édicter explicitement. Quand les règles du jeu éducatif sont pipées, la « liberté de choix » tant vantée engendre de l’angoisse et favorise le repli vers des stratégies éprouvées. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre comment l’abandon d’une spécialité en Terminale laisserait planer un risque de « reconstituer les stratégies anciennes repérées comme « gagnantes », du fait du niveau « d’incertitude ressentie »*.
Les séries sécurisaient les parcours de formation et rendaient explicites les possibilités de poursuite d’études. Le lycée à la carte brouille les pistes et perd les élèves dans les méandres d’une orientation post-bac dont les ressorts sont réservés aux initiés. Comment assurer aux lycéens la réussite dans l’enseignement supérieur ? La remédiation sera nécessaire pour combler les lacunes inhérentes au nouveau lycée, n’hésitent pas à avouer les promoteurs de la réforme. Avec quels moyens, répond alors en écho le dernier rapport de la Cour des comptes sur Parcoursup.
* Note de l’IGEN à consulter sur www.cafepedagogique.net