Un “récit” ministériel trompeur
Depuis des mois, l’Inspection générale et la Dgesip ont déroulé à l’envi un « récit » trompeur selon lequel la filière des classes préparatoires économiques et commerciales générales (ECG) serait en déclin permanent : après la chute des effectifs en 2021, la filière aurait connu une nouvelle baisse à la rentrée 2022 démontrant une soi-disant crise d’attractivité. Selon le ministère, le nœud du problème proviendrait d’un horaire de mathématiques beaucoup trop important qui détournerait de la filière nombre de bacheliers. Et c’est ce qui justifierait la mise en place en urgence d’une réforme qui, notamment, diminuerait drastiquement le nombre d’heures de mathématiques.
Une réalité bien différente
Or, la vérité des chiffres est tout autre : selon le propre service en charge des statistiques du ministère de l’enseignement supérieur, le SIES, contacté par le SNES-FSU, à la rentrée 2022 l’effectif de la filière ECG n’était pas en baisse mais en légère hausse et le taux de vacance, c’est-à-dire le nombre de places vacantes par rapport aux nombre de places offertes dans la filière, était en baisse de près de deux points. En outre, l’attractivité de la filière est aussi en hausse : le pourcentage de bacheliers qui intègrent une ECG par rapport au vivier possible en Terminale a gagné plus d’un point. On est loin d’une filière moribonde.
Ajuster sans bouleverser la filière
Les données accessibles sur l’open data Parcoursp montrent également que le ministère fait fausse route avec son projet de réforme et qu’il risque non pas de revivifier la filière mais de la mettre en danger. En effet, les mathématiques n’effrayent pas les étudiants des ECG : ils sont 80 % à avoir suivi 6 heures voire 9 heures de mathématiques en Terminale. Pour le SNES-FSU, il serait contre-productif de bouleverser une filière qui a besoin de stabilité et qui vient juste d’être rénovée. L’enjeu est de mieux accompagner les bacheliers avec l’option mathématiques complémentaires par une meilleure articulation avec le pré-bac au niveau des programmes, sans remettre en cause l’architecture ni les horaires de la filière ECG.
Réforme du lycée aux conséquences problématiques pour les filles
En revanche, s’il y a bien un chiffre qui devrait préoccuper le ministère c’est la chute du nombre de filles qui intègrent la filière ECG en raison de la réforme du lycée. En 2021, sur les mille étudiants qu’a perdu la filière ECG, près de 800 étaient des filles ! Cela avait été annoncé par toutes les organisations syndicales et associations : la réforme du lycée allait écarter de nombreuses filles d’études supérieures dans lesquelles les mathématiques comptent. Qu’envisage de mettre en place le ministère au lycée pour changer cette tendance ?
Les prépas ECG mobilisées pour le retrait de la réforme
Les chiffres et les choses sont clairs : le ministère devait retirer son projet de reforme et prendre le temps de consulter réellement les organisations syndicales et associations. Les professeurs de la filière se préparait le 16 mars à mettre les ECG à l’arrêt et à se rassembler ce jour-là devant le ministère de l’enseignement supérieur pendant que se tiendrait la dernière réunion consacrée au comité de pilotage de la filière ECG. Une nouvelle réforme des prépas ECG, pour le SNES-FSU c’était NON !
Le ministère finit par retirer le projet
La mobilisation, dans l’unité, des professeurs de la filière a porté ses fruits. En effet, le ministère vient d’annoncer le retrait de son projet de réforme. Néanmoins, la menace de fermeture de classes est loin d’être écartée pour les années qui viennent. Le SNES-FSU appelle à la vigilance et à défendre le maillage territorial existant sans lequel la démocratisation des classes préparatoires n’est pas envisageable.