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Dans certaines écoles ou en conseil écoles-collège de juin 24, il a été demandé aux professeur·es de trier leurs élèves de CM2 pour les répartir selon leur niveau au collège. La réforme prévue déstructure le collectif classe en Sixième et Cinquième sur un tiers de l’horaire hebdomadaire.
Des attaques contre nos métiers
La réforme produit un non-sens pédagogique pour les élèves de l’École inclusive : pour ne pas être accusée de les refouler dans le groupe des plus faibles, l’institution invite les équipes à ne pas tenir compte de leur situation de handicap.
Injonction paradoxale : le ministère incite les professeur·es de mathématiques et de français à adopter des progressions communes tout en leur prescrivant de s’adapter au rythme d’apprentissage de leurs élèves. Actuellement des formations descendantes leur délivrent des préconisations rigides pour constituer les regroupements de niveau et y enseigner.
Certain·es chef·fes d’établissement ont proposé aux professeur·es de mathématiques et de français d’être professeur·e principal·e d’un groupe sans qu’ils ou elles soient en contact hebdomadaires avec leurs élèves. D’autres leur ont demandé de faire un vœu commun pour pouvoir construire les emplois du temps. En alignant plusieurs classes sur de nombreuses plages horaires, tous les emplois du temps sont éclatés, truffés d’heures de « trous » sans garantie de salles et d’ordinateurs disponibles pour travailler sur place. En cas d’absence d’un·e professeur·e sur l’horaire aligné, les collègues présent·es sont exposé·es aux pressions pour prendre en charge les élèves. Les personnels de vie scolaire voient leur travail se compliquer (listes d’appels des groupes erronées, élèves de Sixième perdu.es dans l’établissement, …). Et le manque de financement de la réforme conduit souvent à la disparition des dédoublements qui permettaient d’étayer les élèves ou bien d’expérimenter en sciences, par exemple.
L’ensemble des professeur·es est concerné par la rédaction d’un nouveau socle totalement revu (mise en œuvre prévue pour la rentrée 2025) et de nouveaux programmes limitant la liberté pédagogique – notamment en terme de méthodes – alors que c’est la diversification des approches qui permet de mieux faire réussir l’ensemble des élèves. Les projets de programmes de cycle 3 en français et mathématiques ainsi que ceux de LVER sur tous les niveaux le démontrent. Le SNES-FSU s’oppose à la labellisation des manuels appauvrira et uniformisera les supports tandis que les ministres successifs vantent l’intelligence artificielle comme moyen d’individualiser l’enseignement. Le SNES-FSU luttera aux côté des professeur.es pour continuer à concevoir leurs métiers et sans être borné·es au rôle d’exécutant·es.
Le collège du tri social
Outre les regroupements de niveau, la Découverte des métiers dès la Cinquième, si elle s’adresse théoriquement à l’ensemble des élèves, envoie un message plus particulier à celles et ceux dont les résultats sont fragiles. Au lieu de les laisser se concentrer sur leurs apprentissages, il s’agit bien de leur présenter l’opportunité d’une employabilité rapide. Enfin, alors que, selon la demande du SNES-FSU, le bilan de fin de cycle 4 ne compterait plus pour le DNB dès la session 2026 avec un retour aux moyennes disciplinaires, le ministère invente le DNB couperet (dès 2027), qui déstructurerait le second degré, interdisant aux recalé·es l’accès aux Secondes GT et professionnelles. C’est une régression historique ! La fin des barèmes et des correctifs académiques a participé en 2024 à la chute de 3,5% du nombre de reçu·es. Les pressions de la hiérarchie et des familles pèseront donc plus lourd sur l’évaluation. La mobilisation des personnels doit être massive pour mettre à bas ce projet de dénaturation de nos métiers et de déqualification de la population.