C’est un changement total de paradigme qui place les lycées pro sous la tutelle du ministère du travail et consacre ainsi le recul de la formation au profit de l’employabilité. Elle s’appuie sur la vieille recette de l’adéquation formation/emploi dont le caractère illusoire a pourtant déjà été dénoncé depuis longtemps par la recherche.
Un recul des ambitions en termes de formation.
Déjà la précédente réforme pilotée par Blanquer avait réduit les heures d’enseignement général mais cette réforme accentue la baisse des horaires disciplinaires. Elle s’appuie, pour ce faire, sur le Pacte, qui hors DHG, transfère un certain nombre de missions, comme l’accompagnement des élèves en difficulté, sur des missions relevant du Pacte.
De plus, la réforme de la terminale amènera à scinder les classes entre une possibilité de suivre des cours intensifs, censés préparer au supérieur, et la réalisation d’un stage de 6 à 8 semaines pour préparer l’insertion.
L’objectif n’est manifestement pas de prendre appui sur la voie pro pour amener les élèves à poursuivre des études. Mais peut-être est-ce justement ce que recherche ce gouvernement ?
Cette réforme va aggraver les inégalités sociales en pénalisant les élèves les plus fragiles et des classes populaires qui constituent la majorité des effectifs des LP, au risque de les réduire à un statut de jeunes travailleurs.
Si l’on veut que les élèves de LP aient les armes leur permettant d’acquérir un métier, d’accéder à des promotions, à des reconversions et d’obtenir des salaires correspondant à leur qualification, il faut un socle d’enseignement général et professionnel qui soit assez solide.
Des fermetures de filières attendues
La secrétaire d’État à la formation professionnelle a confirmé des fermetures de filières, principalement dans le tertiaire sur les 3 ans à venir. Les décisions de fermeture seraient prises avec l’avis du « Bureau des entreprises » dans les Lycées Pro, qui comprendra prioritairement des personnalités du monde économique même si la carte des formation reste sous le contrôle des rectorats et des Régions. Les filières de commerce et vente sont surtout visées. Ces fermetures pourraient concerner 15% des filières par an.
Pourquoi un tel choix ? Parce que ces filières correspondent aux métiers en tension et peuvent facilement être transférées dans les CFA devenant le modèle de référence.
Un impact sur la découverte des métiers.
Dans le cadre du Pacte les professeur·es de LP sont incité·es à prendre une brique de 24H à assurer dans les classes de collège pour présenter les métiers et une brique non quantifiée pour encadrer la mise en place de la découverte professionnelle en troisième.
Un risque d’augmentation du décrochage
Cette réforme désorganise tout le LP, et accroît les risques d’absentéisme et de décrochage scolaire. La création du dispositif « tous droits ouverts », qui permet de faire sortir du Lycée les potentiels décrocheurs pendant 4 mois et de les orienter vers les dispositifs d’insertion, ne risque pas d’améliorer la situation. L’ouverture des établissements vers l’extérieur et l’entrisme de tous types de partenaires sont une nouvelle fois favorisés.
Cette réforme consacre le basculement de la formation professionnelle au service quasi exclusif de l’employabilité locale et rapide. L’ensemble des syndicats de la FSU et une large intersyndicale y sont opposés.
Pour l’avenir des jeunes et principalement de ceux des milieux populaires, il faut s’opposer à la mise en œuvre de cette réforme qui réduit les jeunes à une main d’œuvre dont l’École devrait se contenter d’assurer une employabilité rapide et sans ambitions !