Après deux ans, le nouveau gouvernement n’a pas fondamentalement modifié les choses et surtout pas remis en cause les dégâts provoqués par la réforme Chatel.
Après la victoire de François Hollande, Vincent Peillon savait qu’il allait prendre en charge un ministère en difficulté, que ce qui avait été fait par ses prédécesseurs avait pour principal objectif la réduction du nombre de fonctionnaires et une diminution des dépenses de la fonction publique. Les dégâts sont vastes et les chantiers à ouvrir énormes. Mesurant l’ampleur des problèmes, il a lancé un débat sur la « refondation de l’École » et préparé une loi sur l’éducation, affichant des priorités ; le recrutement des enseignants et leur formation, l’École primaire, les rythmes scolaires, l’éducation prioritaire… La méthode a pu paraître pertinente, mais elle comportait une faille de taille : remettre à plus tard les nécessaires modifications à apporter à la réforme Chatel des lycées.
DYSFONCTIONNEMENTS AMPLIFIÉS
Le gouvernement Sarkozy avait pourtant fortement déstabilisé le lycée : bac pro en trois ans, déstructuration des séries technologiques, autonomie des établissements dans l’utilisation des moyens d’enseignements, accompagnement dit personnalisé, contrôle en cours de formation ou contrôle local, langues vivantes sacrifiées, options raréfiées…
Au bout de deux ans de gouvernement Hollande rien n’a changé, et même pire, tous les dysfonctionnements qui étaient évoqués par Chatel pour justifier ses réformes se sont amplifiés : les déséquilibres entre les séries, les difficultés pour les bacs techno à réussir des études supérieures (à l’exception des BTS), les difficultés de poursuites d’études, et aujourd’hui d’insertion professionnelle, des bacs pro…
Alors bien sûr, les chantiers à mener sur les lycées sont gigantesques, mais pour le SNES et pour la FSU, dans le cadre d’une scolarité effective à 18 ans, le lycée et avec lui le baccalauréat doivent être des objectifs essentiels en termes de qualité de formation et de reconnaissance des parcours et de la certification. Il faut « remettre à plat » la réforme Chatel.
Renforcer toutes les dimensions de l’École, la maternelle, le primaire, le collège, impose aussi de renforcer les lycées afin de permettre à chaque jeune un réel parcours de réussite de la maternelle à l’enseignement supérieur, ce qui est antinomique avec la conception « bac – 3, bac +3 » portée par ceux qui se satisfont d’un lycée construit uniquement pour ceux des jeunes qui seraient sélectionnés pour des études supérieures. Ce devrait être un des défis du ministre que de reconstruire un lycée démocratique et exigeant. Ce sera une des priorités du SNES-FSU que d’imposer cette ambition pour les jeunes et pour les personnels.
T. Reygades, V. Sipahimalani, lycees@snes.edu