Le rapport Mathiot publié mercredi 24 janvier est supposé poser les bases d’un “nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles “. En vérité, il donne à voir une imitation de l’enseignement supérieur déclinée pour le Second degré et conçue pour un lycéen qui n’existe pas, à savoir l’élève qui serait autonome avant d’apprendre à l’être, une sorte d'”auto-entrepreneur ” de sa vie… Dès 15 ans. A moins de nourrir un goût immodéré pour le désordre généralisé, pour ne pas dire le bizarre… A quoi peut donc alors servir le rapport Mathiot ?
On pourrait d’abord s’attarder sur l’accumulation des contre-vérités ou des analyses biaisées. L’introduction comme la première partie reprennent tous les poncifs que les derniers rapports de la Cour des comptes, ceux de Terra Nova, de l’institut Montaigne voire du MEDEF, se plaisent à asséner depuis des années : ” monstre organisationnel “, trop lourd, trop coûteux, le bac ne serait plus vraiment crédible (p.9-10), il faut donc le simplifier ! Contre tout cela, le SNES-FSU réfute les idées reçues qui ont la vie dure.
Jamais le rapport ne cite véritablement ses sources mais on voit implicitement émerger les références qui fondent le propos, notamment:
–Rapport pour évolution du baccalauréat publié en 2011
–Quatre semestres pour certifier et orienter, ou comment sauver le bac? selon Terra Nova
–Manifeste du MEDEF pour la formation initiale
–Le bac selon France Stratégie
Fort de ce diagnostic très orienté, le rapport énumère ensuite les principes généraux d’organisation du baccalauréat. S’il doit rester à la fois diplôme de fin d’études secondaires et premier grade universitaire, il faudrait en même temps lui adjoindre un supplément, “un portefeuille de compétence et d’expériences“, qui regrouperait les informations sur les niveaux de compétences auxquelles les élèves seraient parvenus et servirait au renseignement de la plateforme Parcoursup.
Pour alléger l’organisation de l’examen, il faudrait “s’inscrire dans une logique de dématérialisation du baccalauréat” grâce au développement de certifications en ligne, de la numérisation des copies…
Afin de renforcer la dimension internationale de l’examen, il est proposé de s’appuyer sur le réseau des lycées de l’AEFE (on signalera au passage que ce sont ces mêmes lycées français de l’étranger qui subissent des restrictions budgétaires telles que nombre de postes y sont supprimés à la rentrée prochaine…) ou de la mission laïque française.
Il subsiste cinq épreuves anticipées et terminales:
– Une épreuve anticipée de Français, orale et écrite en fin de classe de Première pour 10% de la moyenne finale de l’examen ;
– Deux épreuves d’approfondissement disciplinaire choisies par l’élève, organisée à la rentrée des vacances de Printemps en Terminale dans l’objectif d’une prise en compte par Parcoursup. Elles pèseraient respectivement pour 15 et 10% de la note ;
– Deux épreuves communes à tous à la fin du mois de juin, à savoir, une épreuve écrite de philosophie(10% de la moyenne finale) et un “Grand oral” (15% de la moyenne finale), adossé à l’une des deux disciplines d’approfondissement complété par une autre discipline suivie par l’élève durant son cursus.
-Toutes les autres disciplines seraient évaluées sous la forme d’un contrôle local. Le rapport propose trois possibilités d’évaluation, contrôle continu, CCF ou bien partiels sur le modèles des épreuves en cours d’année existant déjà pour les langues vivantes, avec constitution de banque de sujets.
Les arbitrages ministériels
Ce dimanche 28 janvier, le ministre de l’Education nationale a clairement tranché en actant le cadre des 4 épreuves et du contrôle continu, conformément au programme présidentiel. Les détails et les modalités de l’examen sont mises en discussion d’ici le 14 février, jour où la réforme du bac sera présentée en conseil des ministres. La réforme de l’organisation des enseignements et des programmes doit suivre dans la foulée.
Pour le SNES-FSU, il est nécessaire de faire évoluer le lycée et le bac. Mais la méthode choisie est brutale et inacceptable : un arbitrage présidentiel préalable ayant valeur de fait du prince et obligeant toute réforme à passer par le chas de l’aiguille, et une marche forcée qui ne permet pas de prendre du recul. Les décisions doivent être pesées, elle doivent viser une amélioration des conditions de travail des 1,6 millions de lycéens et des personnels qui les prennent en charge au quotidien. Elles doivent réduire les inégalités sociales d’accès au bac et à la réussite dans l’enseignement supérieur. Les propositions du rapport Mathiot ne prennent pas ce chemin, le SNES-FSU les conteste et appelle les personnels à se mobiliser .
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