L’École, comme toute la société, doit affronter les vagues de l’épidémie de Covid-19, ce qui requiert une indispensable anticipation. C’est pourquoi, dès le mois de mai dernier, le SNES-FSU avait alerté le ministère sur la nécessité de prendre des mesures ambitieuses pour préparer la rentrée et permettre à l’École de faire face de la meilleure manière possible aux défis imposés par la pandémie, et éviter, à terme, une nouvelle fermeture des établissements scolaires préjudiciable aux élèves. Le ministre de l’Éducation Nationale s’est accroché à son idée de n’organiser qu’une rentrée “normale” et n’a pas donné suite aux demandes du SNES-FSU d’un protocole renforcé dès septembre qui aurait pourtant eu le mérite de protéger la communauté éducative mais aussi de prévenir la diffusion du virus. Dans le même temps, concernant les CPGE, les opérateurs de concours ont rejeté les propositions d’aménagement de programmes que les associations de spécialistes ont formulées dès le printemps dernier.
Pendant des mois, le ministre a balayé d’un revers de la main toutes les demandes de renforcement du protocole sanitaire, niant ainsi la gravité de la crise sanitaire. Et depuis quelques semaines, la deuxième vague est là, meurtrière, et l’inquiétude chez les élèves, étudiants, parents et personnels est grande. Le protocole sanitaire présenté début novembre n’a rien de renforcé alors même que le pays connaît un deuxième confinement, preuve de la violence de la deuxième vague. En effet, rien n’y est dit, par exemple, sur la diminution du nombre d’élèves par classe. Il a fallu la mobilisation des personnels et l’annonce d’une grève pour que le ministre réagisse et accepte de voir diminuer les effectifs dans les classes de lycée et de post-bac.
Cependant, le ministre a renvoyé les décisions éventuelles d’allègements d’effectifs aux recteurs qui ont renvoyé aux Dasen qui ont renvoyé aux chefs d’établissement. C’est donc dans l’urgence et sans cadrage ministériel strict que les directions des lycées ont demandé aux enseignants de proposer des aménagements. Les professeurs de CPGE se sont vus localement sommésde choisir entre les impératifs éducatifs et impératifs sanitaires, de pallier les carences de l’Institution, d’endosser, en somme, une responsabilité qui devrait incomber à l’État : organiser la lutte contre l’épidémie.
Ce renvoi au local est non seulement source de tension dans les établissements mais aussi très problématique pour les Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (CPGE) qui préparent des étudiants à des concours. En effet, on constate aujourd’hui une grande disparité dans la mise en œuvre du protocole : dans certains lycées, le choix a été fait de conserver les cours en classes entière, dans d’autres, le temps de présence des étudiants au sein de l’établissement a été divisé par deux, avec du travail en autonomie ou à distance à la maison. Cela pose clairement un problème d’équité et remet en cause le principe de l’égalité sur le territoire national des candidats devant les concours.
C’est pourquoi un cadrage national strict pour les CPGE est indispensable afin d’offrir des conditions d’enseignement permettant de respecter à la fois :
-les précautions sanitaires requises en période de pic épidémique en réduisant le nombre d’étudiants dans les classes quand elles sont chargées, et en limitant le nombre des élèves qui fréquentent les espaces où le port du masque ne peut être permanent (cantines, internats, etc) ;
-la nécessaire régularité des apprentissages, et la proximité de l’encadrement des élèves par les enseignants qui fait la spécificité et la force des CPGE ;
-l’égalité des étudiants dans la préparation de leurs concours.
Et au-delà de ce cadrage, il conviendra de fournir une certaine visibilité qui permette aux équipes pédagogiques et aux étudiants de préparer correctement des épreuves de concours bien identifiables.
Pour le SNES-FSU, il est indispensable de tout faire pour éviter une fermeture des établissements scolaires, synonyme d’enseignement 100 % à distance, inégalitaire et préjudiciable pour les candidats aux concours. Il y a urgence à ce que le ministère prenne la mesure de la situation sous peine de conduire une génération entière dans l’impasse.