• Le programme de cycle 3 regroupe en 4 pages l’ensemble d’un “pôle” SPC-SVT-technologie indifférencié, autour principalement de “compétences à construire” et, visiblement très secondairement, de 3 “thématiques” reliant très artificiellement SVT et Technologie (le SNES et de nombreuses associations de spécialistes affirment depuis longtemps les différences fondamentales de démarche entre les approches scientifiques et technologiques, même si des interactions fortes existent), les sciences physiques y étant quasiment absentes.
En termes de démarches pédagogiques, l’introduction du programme cite en exemple l’EIST (Enseignement intégré des sciences et technologie), expérimenté dans un petit nombre de collèges depuis presque 10 ans : ce fonctionnement est rejeté par une très grande majorité des enseignants de sciences et de technologie (source : sondage SNES syndiqués/non syndiqués) et doit être retiré du programme – il doit être tout au plus une possibilité laissée au choix d’équipes volontaires sans possibilité d’être imposée. L’introduction de la tâche complexe à ce niveau peut sembler assez prématurée.
On peut noter, dans l’introduction, la distinction entre le « comment ? » et le « pourquoi ? » qui ne relève pas des Sciences et n’a pas sa place dans un programme scolaire.
• Le programme de cycle 4 comporte 5 pages pour décrire l’ensemble des connaissances, compétences et démarches abordées en SVT dans les classes de la 5ème à la 3ème. Il est structuré autour de 3 principaux thèmes fortement inspirés des programmes de lycée, qui sont loin d’avoir fait l’unanimité chez les collègues. Cette structuration sembler porter une vision toujours plus anthropocentrée, voire utilitariste, des SVT : deux des trois principaux thèmes y font directement référence, « l’Homme dans son environnement » et « le corps humain et la santé ».
La programmation au cours de ce cycle est basée sur une construction spiralaire : les mêmes thèmes sont régulièrement abordés au cours des années du cycle 4, risquant de déclencher un sentiment de « déjà vu » compliqué à gérer chez les élèves.
Plus problématique, l’approche spiralaire s’accompagne d’une importante latitude dans la construction de la progression « Chaque thème est abordé chaque année mais différentes programmations sur les trois années du cycle sont envisageables pour atteindre les objectifs visés. » : déjà expérimentée dans les programmes de 2005 et rapidement retirée, cette « souplesse » inutile engendre d’importants problèmes d’égalité de traitement des programmes aux élèves qui déménagent, et est aussi source de difficultés pour les collègues, engendrant en particulier un surcroît de travail important pour les équipes pédagogiques.
• Pour le cycle 3 comme pour le cycle 4, ces projets de programmes rédigés de façon extrêmement laconique, sans balisage annuel, sans précision de niveau de connaissances attendues, semblent même encore plus chargés que les précédents et sont totalement incomplets pour que la profession puisse s’en emparer.
Quelques points positifs :
– (re)affirmation de la place de l’histoire des sciences, de l’expérimentation ;
– lien avec l’actualité des sciences ;
– place du questionnement entre les faits et les idées…
… mais qui se télescopent avec de nombreux problèmes qui apparaissent incompatibles avec cette ambition :
– augmentation des domaines scientifiques abordés, en particulier avec l’ajout de notions de météo et océanographie, de biotechnologie… ;
– de placages de considérations comportementales dans des « éducations à… » sans réel lien conceptuel avec les notions étudiées à ce niveau (système nerveux et sommeil-mémorisation, digestion et comportement alimentaire, système cardiovasculaire et dopage…) ;
– bref, un programme qui veut tout aborder et qui risque de laisser un grand sentiment de superficialité – tout le contraire d’une réelle ambition de faire rentrer les élèves dans l’acquisition d’une vraie démarche scientifique. Faut-il rappeler que plus de 2 enseignants sur 3 ne terminent pas actuellement les programmes de 4ème et de 3ème alors même qu’il apparaît comme moins encyclopédique. Ce ne sera pas la souplesse de programmation annoncée qui permettra de résoudre cette difficulté, dans un contexte de classes toujours plus chargées et de possibilités d’enseignement en groupes à effectifs réduits de plus en plus rares.