La formalisation de contenus en Information-Documentation est l’une des demandes du SNES-FSU depuis plusieurs années. C’est pour cette raison que l’initiative d’un projet de programme d’Education aux Médias et à l’Information (EMI) a été accueillie favorablement car celui-ci témoignait d’une prise de conscience de l’importance de l’acquisition d’une culture informationnelle par tous les élèves comme le socle commun de connaissances, de compétences et de culture en amont. Pourtant, force est de constater qu’après plusieurs mois d’attente, la version proposée aujourd’hui (et qui devrait être votée dans quelques jours) est en-deçà de nos attentes. En effet, le projet du 18 septembre s’est appauvri tant en termes de contenus que d’ambition pour nos élèves.

Un manque d’ambition…

Bien que les versions précédentes aient été imparfaites, la volonté de formaliser des contenus via un programme était encore présente. Peut-on encore parler de programme pour l’EMI aujourd’hui ? La version proposée ressemble fort à s’y méprendre à un catalogue de compétences procédurales, tant dans la forme que sur le fond, et par conséquent ce n’est pas sans rappeler le B2I qui en son temps a montré toutes ses limites…A ce sujet, notons que les règles énoncées pour la construction des programmes (dans le préambule du cycle 4) ne s’appliquent pas pour l’EMI…La volonté de vouloir formaliser des contenus a de toute évidence bien disparu.

Pourquoi ?

Après la déception, viennent les questions. La synthèse de la consultation ministérielle organisée sur les projets de programmes, à laquelle les professeurs documentalistes ont participé, n’a pourtant pas pointé de difficultés quant aux contenus puisque seul le caractère opérationnel, la lisibilité, la clarté et le manque de repères de progressivité ont fait l’objet de remarques. Notons à ce sujet, que bien que les professeurs documentalistes aient été invités à s’exprimer sur les projets de programmes (ce qu’ils ont fait), il n’existe dans la synthèse nulle mention de leurs remarques…

Faut-il en déduire que finalement les professeurs documentalistes n’étaient pas réellement légitimes pour donner leur avis sur l’EMI ? Pourtant, les personnels, formés et recruté dans le Second degré, pour prendre en charge cet enseignement, ce sont bien les professeurs documentalistes. Il n’est pas difficile de conclure que la transformation d’un programme en référentiel de compétences traduit une volonté de revoir à la baisse l’ambition et la place à accorder à l’EMI.

Des compétences uniquement ?

Comment atteindre l’objectif explicité dans le préambule : assurer à “chaque élève : une première connaissance critique de l’environnement informationnel et documentaire du XXIème siècle, une maîtrise progressive de sa démarche d’informations, de documentation et enfin un usage sûr, légal et éthique des possibilités de publication et de diffusion(…)” alors que seules sont attendues des élèves des compétences procédurales ? Qui plus est, beaucoup étant difficilement voire non évaluables ? Comment faire acquérir aux élèves des compétences en excluant les notions et savoirs indispensables ? La culture informationnelle ne peut se réduire à des compétences à “savoir utiliser des dictionnaires ” ou “à savoir classer des documents dans le nuage”.

D’autre part, des inquiétudes demeurent quant à la mise en oeuvre et à l’évaluation d’un tel “programme” ? En effet, si tous les enseignements et tous les professeurs sont bien concernés par l’EMI, nous pouvons d’ores et déjà parier que l’affaire de tous ne sera, in fine, l’affaire de personne. Quant aux modalités, le renvoi aux EPI est bel et bien un renvoi aux bricolages locaux ! Ce n’est pas acceptable ! Comme le B2I en son temps, faute de temps, de moyens, de choix locaux, l’EMI restera en marge des enseignements dispensés et au détriment de nos élèves.

Les propositions et amendements du SNES permettent de réinjecter des contenus, indispensables, pour permettre aux élèves d’acquérir des connaissances et compétences liées.

Encore une occasion manquée ?

La refonte du projet d’EMI dans sa forme (absences de connaissances et notions qui apparaissaient pourtant dans les versions précédents, bien que maladroitement) et sur le fond (les compétences conservées étant essentiellement les compétences procédurales et contextualisées “numérique”) traduisent bien un retour en arrière dans l’ambition de doter tous les élèves d’une culture informationnelle à l’issue de la scolarité obligatoire. Ce revirement, n’est pas acceptable, alors même que de nombreuses déclarations de la Ministre et les différents textes adoptés tendent au contraire à faire (enfin ?) une place à l’Information-Documentation.

Un programme pour L’Education aux Médias et à l’Information est une promesse qu’il faut tenir maintenant et qu’il faut traduire concrètement.


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