Programmes problématiques à tous les niveaux

La pression est présente dès la classe de 2nde, avec la nécessité d’explorer l’ensemble des méthodes pour préparer les lycéen.ne.s à l’épreuve du bac de fin de 1ere. Cette lourdeur débouche sur des dilemmes professionnels pesants car il est impossible d’étudier le programme dans son intégralité.

En classe de 1ere, le nombre de textes à préparer pour l’examen (porté à 16 en voie générale et à 9 en voie technologique avec les aménagements COVID mais qui doit revenir respectivement à 20 et 12) est trop important au regard des autres dimensions du programme que sont la méthodologie de l’écrit, la grammaire et le travail de l’oral. Le programme de grammaire a d’ailleurs été alourdi par l’ajout des notions vues en classe de 2nde qui doivent être approfondies. Le rythme des apprentissages suscite bien souvent l’écœurement des professeur.e.s comme des élèves.

D’autre part, le programme d’œuvres imposées à ce niveau est jugé inadapté, en décalage avec la réalité des classes, bafouant la liberté pédagogique. Il contraint par ailleurs les professeur.e.s à refaire un quart du programme tous les ans. En BTS, le programme change par moitié tous les ans. Les Lettres sont la seule discipline à laquelle une telle contrainte est imposée. Il faut revoir les épreuves du baccalauréat pour qu’il y ait moins d’exercices différents, diminuer le nombre de textes pour l’oral et revenir à un libre choix des œuvres étudiées en classe de 1ere.

Des conditions d’examens inacceptables

Les fins d’année des professeur.e.s de Lettres sont cauchemardesques. Les préconisations soutenues par le SNES-FSU en CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et de Conditions de Travail) ministériel ont été négligées dans beaucoup trop d’académies alors même que la DEGESCO assurait qu’une « attention particulière » serait portée pour que la session d’examens 2022 ne ressemble pas à celle de 2021.

Voici les difficultés auxquelles de trop nombreux/ses collègues sont confronté.e.s en ce mois de juin et qui expliquent pourquoi la colère gronde :

  • jusqu’à 16 candidats par jour à l’oral, soit plus de 8h de travail sans compter les déplacements.
  • des délais de correction de copies bien trop courts.
  • une correction numérique imposée qui ulcère de nombreux personnels, notamment en raison des nombreux dysfonctionnements du logiciel (copies qui ne sont pas accessibles à la date prévue, copies mal scannées ou incomplètes, accès à des données ou des copies qui ne concernent pas les examinateur/trice.s…) et de son rôle de contrôle des corrections.
  • l’impossibilité matérielle de préparer correctement l’interrogation orale.
  • des convocations à des missions multiples (épreuve de spécialité HLP, BTS écrit, EAF écrit et oral, Grand Oral, rattrapage du BTS). Aucune autre discipline n’est à ce point sollicitée, surtout depuis la mise en place de la réforme du lycée.
  • des professeur.e.s convoqué.e.s, exerçant en collège ou en classe de seconde, sommé.e.s d’assurer les cours et de corriger concomitamment des copies d’examen.
  • des prises de parole entravées voire empêchées lors des réunions d’entente.

Le Ministère doit absolument prendre ses responsabilités et protéger la santé des professeur.e.s de Lettres exerçant en lycée.


Grâce aux interventions répétées, locales et nationales, du SNES-FSU, des améliorations ont été gagnées.

  • Ainsi, dans l’académie de Lille, grâce à la mobilisation syndicale, de gros efforts ont été opérés par la DEC et les IPR pour équilibrer les tâches, ce qui a fait tomber le nombre quotidien de candidats à l’oral à 11 par jour. C’est inédit.
  • Dans l’académie d’Aix-Marseille, les professeur.e.s convoqué.e.s pour l’oral et l’écrit de l’EAF ont un nombre moyen de 35 copies à corriger.
  • De plus en plus de DEC ont demandé aux chef.fe.s des établissements qui sont centres d’examen de mettre en place une salle d’attente et de préparation pour les candidat.e.s pris.e.s en charge, avant et après l’épreuve orale, par des personnels autres que les professeur.e.s convoqué.e.s.
  • Une pause qui va d’une demi-journée à un week-end, a été ménagée, au milieu de la semaine d’oraux, dans plusieurs académies, conformément à la préconisation que le SNES-FSU avait formulée en décembre dernier en CHSCTMEN.
  • En Île-de-France, le SIEC va, en urgence, convoquer d’autres professeur.e.s afin de diminuer le nombre de copies affectées aux examinateur/trice.s actuel.le.s et le délai de correction est allongé de deux jours (soit jusqu’au jeudi 30 juin au soir au lieu du 28 juin midi). C’est encore insuffisant car les oraux débutent le mercredi 29 juin mais le combat est loin d’être terminé pour le SNES-FSU, sur ce front, comme sur les autres.

Un collectif de correcteur/trice.s des académies de Créteil, Paris et Versailles a rédigé une lettre justement nommée “Jours de colère” adressée aux IA-IPR, afin de faire le bilan de cette session d’examens. “Jours de colère” exprime l’exaspération des examineur/trice.s soulevée par la gestion déplorable des convocations par le SIEC, par des délais de correction encore plus courts cette année et par l’inflation des injonctions, des consignes très discutables et des procédures de contrôle qui étouffent le savoir d’usage et l’expertise des professeur.e.s. La conclusion est claire : “De telles conditions de travail ne pourront plus être supportées très longtemps : l’épuisement des équipes est réel, avec un risque de débrayage massif si les prochaines sessions devaient se passer dans des conditions similaires.”

Même si l’on peut comprendre que chaque académie ait ses spécificités et qu’un alignement total soit difficilement réalisable, les disparités, dans l’organisation et la façon dont les professeur.e.s sont traité.e.s, sont flagrantes, d’un territoire à l’autre. De telles inégalités sont injustifiables !

Le SNES-FSU fera un bilan complet des conditions d’organisation et de correction des examens de la session 2022 (DNB, baccalauréat et BTS) afin d’obtenir des avancées générales pour la session de l’an prochain.

Des inégalités de rémunération

À plus de 80 % des femmes, les professeur.e.s de Lettres, devant la charge de travail, se voient souvent contraint.e.s à des temps partiels pour espérer concilier vie professionnelle et vie personnelle ou protéger leur santé.

Par ailleurs, bien que la classe de 2nde soit, en français, une année de préparation au baccalauréat (les élèves passent le français en fin de Première), le niveau de Seconde est exclu du calcul de l’heure de pondération, réservée aux heures effectuées en cycle terminal, ce qui est injuste.

La charge de travail excessive décourage également la prise de missions supplémentaires et rémunératrices telle que professeur.e principal.e.

Il y a bien là des questions d’égalité salariale.


Dans l’intérêt de toutes et tous, élèves comme professeur.e.s, les programmes de Lettres, le format des épreuves du baccalauréat et les conditions de travail lors de celles-ci, doivent être revus de toute urgence. La question de l’inégalité de la charge de travail et de la rémunération doit être également prise à bras le corps. Il s’agit de mesures d’urgence pour préserver la santé et l’équilibre de personnels gagnés par le découragement et la colère devant la perte de sens de leur métier, les ruptures d’égalités professionnelles et la surcharge de travail.

Le SNES-FSU continuera à lutter pour que la situation des professeur.e.s de Lettres s’améliore de manière significative et durable.


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