Le groupe histoire-géographie du SNES a délivré une première appréciation sur les projets de programmes émanant du CSP. Nous y pointions des signes encourageants. Rappelons, en effet, que ces programmes, tout en maintenant un cadre chronologique lisible et des repères annuels forts, permettent, par leurs intitulés larges, au professeur de varier ses approches et pratiques pédagogiques pour traiter les thèmes retenus.

Alors que le seul consensus dans le métier porte sur la lourdeur des programmes qui conduisent les collègues à opérer des coupes sombres dans les contenus enseignés, l’optique choisie devrait être un bol d’air salutaire. En renonçant à l’exhaustivité, et en proposant des choix, la faisabilité des programmes devrait s’améliorer.
Dans cette même logique, nous avions signalé notre satisfaction de voir disparaître les études de cas imposées : cette philosophie nouvelle devrait permettre aux professeurs de sortir du rôle d’exécutants dans lesquels ils furent confinés ces dernières années, et de retrouver une liberté de conception de leurs cours.

Ce que montrent les premiers résultats de l’enquête :

Nous avons apprécié, et les premiers résultats de l’enquête SNES nous le confirme, l’arrivée de nouveaux thèmes (Le monde en 1500) et le supplément de place fait à l’histoire sociale ou culturelle (au moins sur certains niveaux). De même, notre enquête confirme à l’heure actuelle, le bon accueil réservé par les collègues aux compétences attendues (sous réserve toutefois que cela ne débouche pas sur une nouvelle évaluation type LPC!) qui sont assez réalistes mais plus ambitieuses, s’ouvrant sur l’apprentissage des méthodes et modes de raisonnements disciplinaires. Concernant la question du choix, la majorité des réponses montre pour l’instant que ceux-ci sont jugés soit suffisants, soit pas assez nombreux. Pour rappel, certains programmes comportent peu de choix : celui de 6ème en histoire, et en géographie, celui de 5ème en géographie.

Toutefois, ces projets de programmes suscitent aussi des inquiétudes.

– Le programme de 4ème en histoire apparaît particulièrement lourd. Si on établit une quotité horaire annuelle pour chaque question (sachant que chacune est susceptible d’intégrer de l’HDA et d’alimenter un EPI), on dispose d’environ 6h pour traiter chaque thème en gras, évaluation et correction comprises. Il faut donc être vigilants sur les équilibres et la limitation des questions au choix.

Certaines articulations semblent peu judicieuses. A titre d’exemple :
la 1ère question du thème 1 de géographie en 5ème qui insiste sur le rôle des acteurs et des enjeux du développement durable dans un territoire va se retrouver dans toutes les autres questions traitées.

– En 4ème, les questions d’histoire des thèmes 2 et 3 nous semblent mal articulées. En effet, le thème 2 sur le XIX siècle propose d’étudier successivement l’industrialisation et les conquêtes et sociétés coloniales, et le thème 3 intitulé d’un siècle à l’autre met à l’étude la construction du régime républicain puis la 1ère guerre mondiale.

– En 4ème, la première guerre mondiale en fin de programme implique une reformulation de l’intitulé puisqu’ étudiée alors comme venant « clôturer » le XIXème siècle.

Ces exemples précis nous conduisent à faire un certain nombre de propositions :
Sur le projet en général :

– Toute écriture d’un nouveau programme devrait s’adosser à un bilan transparent du précédent. Cette pratique que nous appelons de nos vœux depuis très longtemps n’a pas présidé au projet aujourd’hui examiné. De fait, cela aurait évité l’écueil de refaire à l’identique le programme de géographie 5ème. Nous réitérons notre demande de réécriture de ce programme de géographie pour ce niveau, car outre qu’il reprend quasiment l’existant – qui était déjà décrié par les collègues – cette notion très contestée mérite une approche plus critique et enfin, il est aussi un décalque complet du programme de Seconde.

– Si la finalité de nos disciplines est bien de faire de nos élèves des acteurs politiques, il nous semble primordial de soulever les controverses qui secouent le monde actuel (sur la mondialisation, sur le développement durable, sur la République en France en 4ème).

– Il faut préciser dans les textes, pour résoudre la question des articulations, que les enseignants sont libres de construire leur progression sur l’année et donc de modifier l’ordre des questions et des thèmes.

– Un programme doit pouvoir faire l’objet d’évaluations intermédiaires sur sa faisabilité et être réajusté en cas de dysfonctionnements manifestes.

Sur des points plus particuliers :

– Echanger les programmes de 3ème et de 4ème en géographie (sachant que l’inversion opérée a été uniquement motivée par une commande politique) nous semble souhaitable. Ceci correspond au souhait d’une très nette majorité de collègues.

– Si cette inversion n’a pas lieu, nous suggérerons de lier histoire et géographie sur certaines questions (ex en 3ème lier « Habiter la France » et « La France des années 60-70 »).

– Nous suggérons en histoire 3ème d’ouvrir quelque peu la question 1 du thème 1. En effet, le choix de l’Europe après guerre ne s’est jamais limité à « démocratie » vs « régimes totalitaires ». Il faut pluraliser le terme démocratie a minima, mais on peut aller jusqu’à proposer comme intitulé « L’Europe et les Européens face à de nouveaux choix politiques ».

– En 5ème il nous paraît souhaitable de ne pas imposer l’Inde et la Chine comme études particulières sur « croissance démographique et développement durable ». Là encore c’est un décalque du programme de lycée (terminale) alors que d’autres PED ne sont pas étudiés sous cet angle.

– En 6ème nous souhaiterions que les approches mythologiques ou par le fait religieux soient moins systématiques, avec une place plus grande pour des approches anthropologiques.


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