AU MOMENT DE L’OUVERTURE D’AUDITIONS AU MINISTÈRE sur un bac « plus musclé », l’Académie des sciences publie une note (1), s’appuyant sur les enquêtes TIMSS et PISA ainsi que la résolution de l’Assemblée nationale de l’hiver dernier pour proposer une série scientifique rénovée au lycée.
L’Académie préconise de restructurer l’enseignement des mathématiques et de la physique-chimie. Ses constats sur les conséquences des réformes du lycée de 2000 et 2010 sont édifiants et font écho à ceux du SNES-FSU :
– inégalités accrues pour les élèves ne maîtrisant pas les codes implicites de l’institution scolaire du fait d’une contextualisation omniprésente qui brouille les enjeux scientifiques et de la juxtaposition d’activités ; le tout peut renforcer les « malentendus scolaires ». Ce sont alors les élèves appétents aux sciences qui s’ennuient le plus en classe d’après une étude de l’IREM ;
– réduction des horaires : perte de 2 h 30 en Première S avec la réforme Chatel et un programme de physique-chimie qui implique un travail de type « classe inversée » ;
– image erronée de l’activité scientifique qui engendre des erreurs d’orientation ;
– déficience des programmes : manque d’axes directeurs et étude superficielle des contenus (partie mécanique bâclée…) ;
– structuration insuffisante des connaissances :
- lacunes en matière de calcul (équations différentielles et intégrales, nombres complexes…),
- étiolement du lien entre mathématiques et physique-chimie (quasi-disparition de la géométrie utile pour les symétries moléculaires…) ;
– failles dans les raisonnements logiques : manque de précision du vocabulaire, de la syntaxe et de l’argumentation.
Quelles solutions ?
Comme le SNES-FSU, l’Académie des sciences souhaiterait de nouveaux programmes de lycée en série scientifique approfondissant les sujets étudiés et renouant le lien entre mathématiques et physique-chimie, avec des savoirs et des méthodes, notamment de calcul, ambitieux explicitement donnés à connaître.
Les SVT négligées
Le SNES-FSU regrette que les SVT n’aient pas été davantage citées dans cette réflexion. Certes les « zones de superposition » des SVT et des mathématiques sont moins larges qu’avec la physique-chimie, mais elles demeurent fondamentales dans la formation des scientifiques.
Anne-Sophie Legrand , Jean-François Clair
Et l’informatique dans tout ça ? L’Académie fait référence au rapport d’octobre 2016 présenté par quatre sociétés savantes de mathématiques et d’informatique(1) : Société mathématique de France (SMF), Société informatique de France (SIF), Société française de statistique (SfdS), Société de mathématiques appliquées et industrielles (SMAI). Constatant que l’informatique est surtout abordée dans les programmes de mathématiques, mis à part l’enseignement de spécialité Information et sciences du numérique (ISN) en Terminale S, de l’enseignement d’exploration Information et création numérique (ICN) de Seconde et de l’option Informatique et création numérique des séries générales (mais oubliant la technologie au collège), et rappelant que les sciences ne sont pas indépendantes, elles proposent d’intégrer quatre domaines aux programmes de mathématiques du lycée : logique, graphes, combinatoire, représentation et modélisation de l’information. Malheureusement, si les contenus de chaque domaine sont assez bien détaillés et souvent mis en relation avec des exemples concrets, il n’est fait aucune mention de ce qui devrait disparaître des programmes actuels. Cette initiative est cependant intéressante car elle fait apparaître pour la première fois un corpus détaillé de savoirs et savoir-faire destinés à l’ensemble des élèves du lycée. Toutefois, si ces propositions étaient reprises pour la réforme du lycée, il faudra que le ministère les accompagne de textes de programmes plus clairs que ceux de la réforme du collège, et d’un plan de formation fondé sur une approche didactique approfondie. (1) http://smf.emath.fr/sites/smf.emath.fr/files/gt-info-maths-5.pdf |