Les classes et ateliers relais de collège accueillent des élèves qui sont entrés dans un processus évident de rejet de l’institution scolaire et font parfois l’objet d’une mesure judiciaire d’assistance éducative. Le décret du 30 août 2019 permet à l’autorité académique d’inscrire un élève exclu définitivement de son établissement dans une classe relais, sans le consentement de ses représentants légaux. La nouvelle circulaire prend en compte cette modification mais diffère peu de la précédente.
En revanche, les dotations horaires des classes relais fondent comme neige au soleil dans un contexte de suppressions de poste. Une fois encore, le ministère n’est pas à une contradiction près.
Classes et ateliers relais : Quesaquo ?
A la différence des classes relais, les ateliers sont systématiquement implantés « hors les murs » d’un collège ou lycée dans des locaux apportés par les associations signataires de la convention. Celles-ci doivent également mettre à disposition des moyens humains (en plus des personnels de l’Éducation Nationale). Depuis la rentrée 2013, des internats, désormais appelés « internat tremplin », ont été mis en place, pour adapter la réponse éducative à la diversité des profils des jeunes en voie de déscolarisation. L’accueil en internat tremplin peut résulter d’une décision judiciaire.
Les classes accueillent en moyenne de 8 à 12 élèves dont la durée de fréquentation peut varier de quelques semaines à plusieurs mois, sans toutefois excéder une année scolaire. Dans les ateliers, les élèves ne sont accueillis que pour une période de quatre semaines, renouvelable trois fois dans l’année.
Quelles démarches pour qu’un élève soit admis en classe relais ?
-C’est le DASEN qui les implante et qui définit leur encadrement. L’admission d’un élève est décidée par le DASEN, sur avis du groupe départemental de pilotage, dont le directeur de la PJJ, et sous réserve de l’accord de sa famille et de l’engagement du jeune dans la démarche, sauf pour les élèves poly-exclus affectés directement par le DASEN. La commission départementale s’appuie sur un dossier d’admission, préparé par la commission éducative de l’établissement et transmis par le chef d’établissement, ou dans le cas des élèves polyexclus par le référent violence du département.
-Les enseignants qui interviennent en dispositifs relais (DR) sont recrutés sur la base du volontariat. Les équipes sont en principe mixtes, composées d’enseignants, d’éducateurs, de personnels sociaux et de santé, de Psy-EN, etc. Les DR reposent sur un partenariat actif avec la PJJ, les collectivités locales ou les associations.
L’avis du SNES-FSU
De telles structures doivent permettre d’éviter que des jeunes fortement marginalisés, entrés dans un processus manifeste d’exclusion scolaire ne s’y installent définitivement.
Néanmoins, elles doivent s’inscrire dans une logique transitoire, et non permanente, de réparation. Des moyens supplémentaires permettant une concertation entre collège d’origine et structure relais faciliteraient le retour de l’élève dans sa classe.
L’Éducation nationale ne peut se contenter de « réparer », elle doit tout mettre en œuvre pour favoriser la prévention et lutter contre l’échec scolaire.
Il ne faudrait pas que l’existence en parallèle de deux dispositifs répondant aux mêmes objectifs aboutisse à leur mise en concurrence et à un désengagement total de l’État pour les ateliers relais.
Depuis le début, le SNES-FSU a toujours mis en garde sur les risques de transformations de ces structures en filière de relégation et de tri social.
Des moyens en berne
En 2018-2019, le ministère a recensé 434 dispositifs relais (chiffre en baisse : 490 en 2015-2016). Il est indispensable de conserver pour ces élèves un triple objectif ambitieux (resocialisation, rescolarisation et consolidation des apprentissages). Sans ce triptyque, le retour dans une classe ordinaire ne pourrait s’avérer positif et les missions des dispositifs relais seraient alors dénaturées.
Les personnels qui interviennent dans ces structures doivent pouvoir bénéficier d’une formation spécifique de haut niveau en matière de connaissance des adolescents, de gestion des conflits et de techniques de transmission des connaissances et de retour aux apprentissages pour un public en difficulté.
L’existence des classes et ateliers ne doit pas empêcher la mise en place, avec les moyens nécessaires, de dispositifs alternatifs sur demande des équipes.
Quelle équipe de suivi ? Ce que propose le SNES-FSU
Pour éviter que l’échec scolaire ne devienne trop lourd et pour privilégier une véritable prévention, nous demandons que se mettent en place des équipes pluriprofessionnelles de suivi de la grande difficulté. L’équipe, qui devrait comprendre un ou deux enseignants, un CPE, le Psy-En l’assistante sociale et l’infirmière, suivraient des élèves connaissant des difficultés au niveau des apprentissages, mais aussi d’ordre psychologique ou social.
Il s’agit pour nous d’échafauder un véritable tutorat d’équipe remplissant des missions d’évaluation et de proposition :
• en repérant les élèves vulnérables
• en amorçant le dialogue avec eux, leurs familles et l’ensemble des partenaires extérieurs
• en mobilisant des personnes ressources (orthophoniste, psychologue…) pour traiter les problèmes qui ne peuvent l’être au sein de l’institution
• en assurant un suivi pédagogique et d’orientation
En tirant profit de tout le potentiel d’enseignement (LP, SEGPA/EREA, classes du collège, dispositifs relais…) l’équipe jouerait tout son rôle en formulant des besoins éducatifs spécifiques à chaque élève concerné.
Nous demandons qu’une décharge forfaitaire de service soit accordée à chaque enseignant engagé volontairement dans le dispositif et que les autres personnels soient présents en nombre suffisant dans l’établissement afin de participer régulièrement à la concertation.
Nous invitons les équipes intéressées par l’expérimentation d’un tel dispositif à présenter leur projet au conseil d’administration afin que ce dernier demande officiellement à l’Inspection académique les moyens nécessaires pour le réaliser.
Textes de référence :
Décret n° 2019-909 du 30 août 2019, circulaire du 19-02-2021, circulaire n°2019-122 du 3 septembre 2019.