Le gouvernement martèle dans la presse que l’Université ne serait pas faite pour tout le monde… Omettant de parler des capacités d’accueil et de l’offre de formation !
Une concertation est actuellement en cours (voir ci-dessous). En effet, pour le ministère de l’Enseignement supérieur, il y a urgence à trouver une issue pour les 40 000 bacheliers supplémentaires qui vont venir grossir chaque année les rangs des étudiants jusqu’en 2025. Les STAPS, avec 33 000 vœux n° 1 sur APB en juin 2017 et juste un peu plus de 17 000 places disponibles, sont un exemple emblématique d’une situation de pénurie de moyens que connaissent à peu près toutes les filières. La sélection, pudiquement déguisée sous le terme de « prérequis », n’est pas une solution acceptable pour résoudre un problème de capacité d’accueil et d’offre de formation. Or, ces deux sujets, pourtant cruciaux, ne sont jamais vraiment abordés. Il faut dire que certains décideurs, en matière de BTS par exemple, à savoir les Régions, sont absents de la concertation.
La réforme vise à repenser le premier cycle universitaire. Fort opportunément, le think tank Terra Nova publie ce mois-ci un rapport sur les rythmes universitaires. Il s’agit de concevoir une licence à rythme variable et personnalisé avec la validation de modules. En filigrane, c’est bien la question de la poursuite d’études des bacheliers professionnels et technologiques qui est posée avec une année de « remise à niveau », des modules de remédiation voire la création d’un nouveau cursus dédié. Ces jeunes, qui représentent plus de la moitié des bacheliers, sont les premières victimes de la crise des affectations post-bac. Ils se voient donc signifier plus ou moins explicitement qu’ils n’ont pas vraiment leur place dans le supérieur sauf en IUT ou en BTS. L’apprentissage est, une fois de plus, invoqué comme la voie miracle de la poursuite d’études. Il est loin le temps où l’inspection justifiait la réforme de la voie technologique industrielle de 2010 comme relevant de la nécessité de former des ingénieurs !
Bac : le premier grade universitaire
Dans les faits, l’enseignement supérieur a abandonné le baccalauréat à l’Éducation nationale et le risque est grand de voir reléguer le premier grade universitaire au niveau d’un certificat de fin d’études secondaires. Chaque université, chaque formation semble désormais tentée de fixer ses propres règles d’affectation, amplifiant du même coup la concurrence et les inégalités qui vont avec.
Pour le SNES-FSU, le baccalauréat constitue le premier grade universitaire et ouvre droit à l’affectation dans l’enseignement supérieur. Il faut, par ailleurs, une augmentation des moyens consacrés à l’orientation et notamment des postes de Psy-ÉN.
Énoncer les facteurs de réussite nécessaires aux formations supérieures doit permettre une information claire sur les exigences et les contenus des formations envisagées par le lycéen, mais ne doit pas le brider. Il faut augmenter les capacités d’accueil plutôt que sélectionner !
Bon à savoir
– le travail sur la réforme du baccalauréat annoncée par le candidat E. Macron devrait commencer fin octobre au ministère de l’Education nationale, pour une mise en place à la session de 2020 (épreuves anticipées de Première) et 2021 (épreuves terminales).
– Concertation post-bac
Dans le contexte d’une crise aiguë des affectations post-bac, le ministère de l’Enseignement supérieur a ouvert un cycle de consultations éclair pour une réforme applicable dès maintenant. Onze groupes de travail se réunissent jusqu’à mi-octobre pour poser les bases d’une réforme du premier cycle universitaire et interroger les principes de prérequis à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Les thèmes de l’offre de formation, du renouvellement des pédagogies et de la vie étudiante sont également abordés. Les filières de la santé, des STAPS et de la psychologie font l’objet d’une attention particulière.
À l’issue des groupes de travail, il y aura des annonces mais le nouveau dispositif d’affectation ne devrait être connu qu’en décembre, pour une mise en œuvre immédiate. Alors que les nouvelles règles sont inconnues, le travail d’information et d’orientation auprès des élèves doit pourtant commencer. Il est ainsi bien regrettable d’engager dans la précipitation une réforme lourde de conséquences pour la poursuite d’études des futurs bacheliers.