Une lettre ouverte remet en cause les effets des évaluations de PISA sur les systèmes éducatifs

Dans une lettre ouverte adressée au directeur de l’éducation et des compétences de l’OCDE, Andreas Schleicher, près d’une centaine d’universitaires réclament une pause dans le cycle des évaluations PISA. Ils expriment leurs craintes de voir PISA dénaturer de nombreux systèmes d’éducation en provoquant un appauvrissement en termes d’apport culturel et de diversité des méthodes pédagogiques utilisées.

En effet, la forte médiatisation du palmarès pousserait, selon eux, de nombreux pays à favoriser la pratique de tests standardisés tout en concentrant les efforts sur les seules disciplines évaluées à PISA. Nous avions déjà, dans nos colonnes, dénoncé cette limitation de matières évaluées et le danger de voir des pays réduire leurs dépenses principalement dans les domaines artistiques et culturels, restreignant ainsi l’horizon et l’imagination collective des jeunes.

Les zones d’ombre de PISA

L’OCDE est dans sa logique de tester ce qui favorise le développement économique, mais le système éducatif d’un pays vise des objectifs d’une tout autre envergure dans le but de rendre les élèves autonomes et de les préparer au mieux à leur vie de citoyen avisé. Les signataires questionnent les partenariats publics-privé passés par l’OCDE pour le bon déroulement de l’évaluation PISA avec des entreprises multinationales offrant des services éducatifs et font une série de propositions : cesser de présenter les résultats sous forme de classement, travailler avec des organisations dont l’objectif est le développement humain, la santé, le bien-être… comme par exemple l’UNESCO ou l’UNICEF, publier le coût pour chaque pays de sa participation à PISA, préciser le rôle des entreprises privées dans la préparation de l’évaluation et enfin ne pas faire le prochain cycle PISA pour laisser le temps de repenser l’ensemble.

Nombre de ces conclusions rejoignent ce que le SNES-FSU porte depuis longtemps et
correspondent aux interrogations de plusieurs chercheurs français dont, curieusement,
aucun n’est signataire de l’appel. Il serait bon qu’enfin le débat sur ces évaluations soit réellement ouvert en France.

José Pozuelo


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